Tipasa: premières chirurgies éveillées sur des patients atteints de Parkinson

Tipasa: premières chirurgies éveillées sur des patients atteints de Parkinson

TIPASA – Une équipe médicale de l’Etablissement hospitalier spécialisé en neurochirurgie (EHS) de Cherchell (Tipasa) a réalisé pour la première fois, durant cette semaine, des interventions en chirurgie éveillée du cerveau sur des personnes atteintes de la maladie de Parkinson, a-t-on appris mardi, auprès de médecins ayant participé à ces opérations.

Il s’agit, en l’occurrence, de la réalisation pour la première fois, à l’EHS de Cherchell, de six (6) interventions chirurgicales complexes éveillées du cerveau sur des personnes atteintes de la maladie de Parkinson, par trois équipes médicales hospitalo-universitaires spécialisées en neurologie, neurochirurgie, et anesthésie et réanimation.

« L’importance de ces interventions réside dans la collaboration effective de staffs médicaux spécialisés sur des cas atteints par la maladie de Parkinson », a déclaré à l’APS, le chef du service neurochirurgie de l’EHS de Cherchell, le Professeur Kamel Bouaita.

Il a ajouté que « la complexité » de ces interventions réside dans le fait qu’elles soient « réalisées sur des personnes éveillées, aux fins de pouvoir observer, en cours d’intervention, les réactions du patient et, partant, tester l’efficacité des appareils implantés dans son cerveau ».

La durée de cette chirurgie éveillée du cerveau est de près de quatre (4) heures. Elle se déroule en trois étapes, le patient étant d’abord partiellement endormi, deux (2) petites incisions sont faites de chaque côté du dessus de la tête, l’os du crâne est ensuite percé (trou de trépan) et une microélectrode est insérée dans ce trou et est glissée jusqu’au noyau identifié selon le trajet préétabli.

Le patient est ensuite réveillé, ce qui permet au staff de médecins de tester l’efficacité des électrodes destinées à corriger les tremblements ou les blocages des formes sévères de la maladie de Parkinson. Le taux de réussite de l’opération se mesure au taux de réduction des tremblements situé entre 90 à 100%, a expliqué le Pr. Bouaita.

Immédiatement après s’être assuré du succès de l’implantation des électrodes dans le noyau identifié à l’intérieur du cerveau, le patient est anesthésié (anesthésie générale) pour parachever la dernière étape de l’intervention chirurgicale consistant à connecter les électrodes au neurostimulateur qui est glissé dans une petite incision sous le thorax.

Le lendemain de la chirurgie (24 heures après), le patient sera soumis à un contrôle (résonance magnétique) au service réanimation pour confirmer la position finale des électrodes, selon les précisions fournies par le Pr. Bouaita.

Le même chirurgien a souligné que le problème avec ce type d’interventions délicates « ne réside pas tant dans leur complexité, car nous avons les compétences pour ce faire, mais dans les moyens énormes et onéreux qu’elles nécessitent ».

Il a, à l’occasion, particulièrement loué les efforts consentis par la direction de l’EHS de Cherchell, « en mobilisant tous les moyens nécessaires pour le succès de cette première chirurgie du genre ».

Les personnes atteintes de la maladie de parkinson ayant subi une chirurgie éveillée sont « préalablement soumis à un suivi psychologique particulier, car l’intervention est effectuée en état de conscience », a noté, pour sa part, la cheffe du service neurologie, au niveau du même établissement hospitalier, Pr. Sonia Bounouioua.

Elle a expliqué que la maladie de Parkinson est une maladie neurodégénérative progressive et lourde, tout comme l’Alzheimer. Elle est caractérisée par la perte progressive de neurones du cerveau, entrainant des difficultés motrices graduelles et des troubles cognitifs et de comportement, et est à l’origine de tremblements, notamment.

Pr. Bounouioua a relevé « la hausse dans le nombre de personnes atteintes de la maladie de Parkinson, ces 20 dernières années, à l’échelle mondiale », et que « cette maladie a commencé à atteindre des sujets plus jeunes ».

Elle a aussi souligné que les symptômes de cette maladie varient d’un cas à l’autre, tandis que les chances de rétablissement dépendent d’un certain nombre de facteurs, liés notamment à l’âge, dont les jeunes et les moins de 65 ans, les cas réceptifs au traitement médical à un stade précoce et les cas d’atteintes récentes.

Après l’intervention, le patient est soumis à un suivi médical « spécialisé et strict » au service neurologie, selon le Pr. Bounouioua, qui a relevé que le neurostimulateur connecté aux électrodes, nécessite un contrôle régulier, pouvant aller jusqu’à 15 ans, soit la durée de vie de l’électrode variant de 5 à 15 ans.

Pour sa part, la cheffe du service réanimation du même établissement, Pr. Salima Boudra, a affirmé « l’importance » des équipements techniques exploités en anesthésie et réanimation, parallèlement au facteur psychologique et à la bonne préparation du patient pour une chirurgie éveillée du cerveau, exigeant, « une grande concentration et coordination entre les équipes médicales spécialisées ».

Elle affirme que la « bonne coordination et la communication entre les trois services hospitalo-universitaires dont dispose l’EHS de Cherchell, facilite la prise en charge des malades ».

Il est à noter que les six interventions chirurgicales ont été programmées à l’occasion des « Journées chirurgicales de la maladie de Parkinson », organisées du 2 au 5 décembre courant à l’établissement hospitalier spécialisé en neurochirurgie de Cherchell.

Des équipes médicales spécialisées, englobant des professeurs hospitalo-universitaires, des maitres assistants et des neurochirurgiens, outre des spécialistes en anesthésie et réanimation, ont pris part à l’évènement.

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