TEBESSA – Les pressoirs à huile d’olive de la région de Berzkal (commune d’El Ma Labiodh, à 35 km au Sud-est de Tébessa), sites archéologiques de valeur et précieux témoins matériels d’un passé florissant, ont su résister en défiant les assauts du temps et les rigueurs d’un climat changeant.
Des études et des recherches ont établi que les huileries de Berzkal, édifiées durant l’époque Romaine entre l’an 98 et l’an 117, constituaient le principal fournisseur d’huile d’olive de l’Empire Romain. Celui-ci faisait également acheminer depuis cette région divers autres produits de la terre, ce qui atteste du développement de l’agriculture dans cette région de l’extrême Est algérien.
Dans une déclaration à l’APS, Azzedine Lotfi, directeur de l’antenne locale de l’Office national pour la gestion et l’exploitation des biens culturels protégés (OGEBC), a précisé que les pressoirs à olives de Berzkal font partie des sites archéologiques protégés et classés par l’Etat. Ils ont été construits sur une superficie de l’ordre de 800 m2. Ils se composent de 3 étages et 4 sections et comprennent plusieurs presses pour extraire les meilleures variétés d’huile d’olive. Les pressoirs, décorés d’arcs et de sculptures en pierre, sont entourées de vastes étendues, s’étalant à perte de vue et abritant des milliers d’oliviers.
Selon le même responsable, ce vestige archéologique illustre de manière claire la vie économique et agricole dans cette région durant l’époque romaine. Une période durant laquelle, a-t-il précisé, la production d’huile d’olive variait entre 15 et 20 mille litres par jour en raison de l’adéquation du climat et de la nature du sol pour cette filière agricole. Cela a permis aux pressoirs de Berzkal, a encore indiqué M. Lotfi, d’occuper la deuxième place au niveau national en termes de volume de production après l’huilerie de Nadhor, dans la wilaya de Tipasa.
Malheureusement, les pressoirs ont subi d’importantes dégradations dues au vol, aux actes de vandalisme et aux pillages qui les ont affectés à plusieurs reprises. Les dégradations subies s’expliquent également par les changements climatiques et les vents violents qui avaient affecté la zone en 2007. Des vents qui avaient entraîné la chute des colonnes des pressoirs, influant négativement leur aspect esthétique, a souligné le même responsable.
Cela a conduit les autorités locales à prendre, par le biais de la direction de la Culture et des Arts, et sous la supervision de l’OGEBC, plusieurs mesures destinées à protéger et à réhabiliter ce site archéologique. C’est ainsi, a souligné M. Lotfi, que trois entrées principales ont été aménagées, en même temps que la pose d’une clôture et l’emploi de gardiens pour la surveillance et la protection du site à l’effet d’attirer le plus grand nombre de visiteurs de l’intérieur et de l’extérieur de la wilaya et même des touristes étrangers.
Le responsable de l’antenne locale de l’OGEBC a également fait part d’une campagne de plantation de plus de 3.000 oliviers dans la zone, en application des instructions du ministère de tutelle, et de l’achèvement d’une étude technique en vue de la reconstruction des colonnes tombées en 2007.
« Tickets » et guides touristiques pour promouvoir le site
Les pressoirs à huile d’olive de Berzkal attirent chaque année de nombreux étudiants de l’université Larbi-Tébessi et de plusieurs autres universités du pays, ainsi que des chercheurs en histoire et des personnes intéressées par l’archéologie, selon la même source. M. Lotfi a également précisé que des guides ont été désignés par l’OGEBC afin de promouvoir le site archéologique et accompagner les visiteurs.
Les huileries de Berzkal reçoivent également de nombreux stagiaires des établissements de formation professionnelle qui reçoivent des explications détaillées sur l’architecture ancienne, comme l’a indiqué le même responsable.
Ces visites sont encadrées par des spécialistes de l’OGEBC tandis que des tickets d’entrée ont été créés pour un montant symbolique pour permettre le décompte du nombre réel de visiteurs. Le fruit de la vente de ces tickets constitue, en outre, un revenu supplémentaire à même de participer à la préservation et à la protection du site.
Le directeur de l’antenne locale de l’OGEBC a aussi fait part d’une « coordination complète » avec les différents services de sécurité pour protéger le site contre le vol, le vandalisme et le déversement anarchique de déchets. De plus, un plan d’intervention et de premiers secours a été élaboré qui clarifie les mesures nécessaires en cas d’urgence.
Pour rappel, Tébessa est considérée comme une wilaya archéologique par excellence, caractérisée par la présence d’un nombre important de monuments dans le tissu urbain. Elle compte plus de 2.000 sites archéologiques, dont 27 monuments classés, témoins de la succession de civilisations anciennes.
Un patrimoine de première importance qui représente un précieux atout pour attirer des touristes du monde entier. D’autant que la wilaya de Tébessa est connue pour l’industrie lithique préhistorique (Atérien), couvrant l’Afrique du Nord et le Sahara, et appartenant au Paléolithique moyen d’Afrique.
L’ancien ministre de l’Industrie, Hachemi Djaâboub, dénonce Boualem Sansal