Soixantenaire de l’Indépendance: la formation médicale en Algérie, en constante adaptation aux mutations démographiques

Soixantenaire de l'Indépendance: la formation médicale en Algérie, en constante adaptation aux mutations démographiques

ALGER- La formation médicale, pilier de tout système de santé, a suivi en Algérie durant six décennies d’indépendance, les différentes mutations démographiques et épidémiologiques du pays, s’adaptant à chaque fois aux objectifs fixés par les pouvoirs publics pour développer le système sanitaire national.

Les pouvoirs publics se sont attelés au lendemain de l’indépendance au lancement d’une stratégie de formation visant à se défaire progressivement de la dépendance à une coopération médicale qui était alors indispensable avec certains pays.

L’Algérie ne comptait en 1962, que 345 médecins sur 1.279 médecins en exercice, majoritairement des étrangers, à raison d’un (01) médecin/8.000 habitants, contre 70 pharmaciens sur un total de 204 y compris les étrangers, soit une moyenne d’un (01) pharmacien/57.000 habitants.

Ce nombre de médecins et de pharmaciens était insuffisant pour prendre en charge 10 millions de citoyens dans un pays qui faisait face à l’époque à une situation épidémiologique marquée par la propagation de maladies infectieuses mortelles.

« Entre autres objectifs fixés au milieu des années 60, figure la formation de 1.000 médecins par an à la Faculté de médecine d’Alger, la seule au niveau national » pour satisfaire la demande croissante, assurer une large couverture sanitaire à travers le pays et réduire la dépendance de l’étranger, a déclaré Pr Abdelhamid Aberkane, ministre de l’Enseignement supérieur entre 1988 et 1989 et celui de la Santé entre 2001 et 2004.

Le défunt président Houari Boumediene avait, dans cette optique, décidé de créer le ministère de l’Enseignement supérieur et de le confier à Mohamed Seddik Benyahia, a-t-il rappelé.

A cette époque où la décentralisation s’imposait, le ministère a mobilisé les moyens nécessaires pour la création d’une école de formation médicale à l’ouest du pays (Oran) et à l’est (Constantine), a ajouté Pr Aberkane.

Le secteur de l’Enseignement supérieur verra dans les années 70 l’introduction de plusieurs réformes ciblant notamment les spécialités médicales, l’objectif étant de favoriser la sédentarisation des médecins en les encourageant à développer les prestations sanitaires dans leurs régions respectives.

Les efforts de l’Etat se sont également concentrés sur la promotion des écoles de formation médicale en facultés de médecine dont le nombre a été porté ces dernières années à 14 facultés, outre la Faculté de pharmacie créée en 2021.

Ces infrastructures de formation, observe Pr Aberkane, ont permis au pays de résoudre « une importante équation »: développer le secteur de la recherche et optimiser la gestion hospitalo-universitaire. 

 

Une formation de plus en plus consolidée au diapason des évolutions socioéconomiques

 

L’équation Enseignement supérieur-Santé a abouti, durant les années 80 du siècle dernier, à la mise en place, entre autres, de la Commission nationale hospitalo-universitaire, chargée d’améliorer la qualité des soins, en orientant les moyennes les plus élevées au Baccalauréat en médecine et en pharmacie.

La situation sanitaire s’est nettement améliorée depuis, en ce sens que le nombre de praticiens a atteint 6000 médecins, et le nombre de professionnels étrangers a commencé à reculer progressivement. Le nombre de médecins par habitant est passé d’un (1) médecin pour 8000 habitants au lendemain de l’indépendance à un (1) médecin pour 1300 habitants en 2022.

Par ailleurs, le nombre de pharmaciens est passé d’un (1) pharmacien pour 57.000 habitants dans les années 60 à un (1) pharmacien pour 3000 habitants ces dernières années, des chiffres répondant aux recommandations de l’OMS.

Afin de cadrer avec l’évolution démographique (10 millions après l’indépendance à plus de 45 millions en 2022), la formation en médecine a dû s’adapter aux mutations survenues sur le plan épidémiologique, en luttant contre les maladies transmissibles, au moyen d’un système de vaccination élargi.

A la lumière des changements socioéconomiques et en vue de satisfaire la demande, les CHU avaient été élargis et plusieurs facultés de médecine créées dans le Sud pour assurer une couverture plus ample.

Les recommandations relatives à la formation ayant sanctionné les assises nationales de modernisation du système sanitaire, tenues janvier dernier, avaient porté sur la création d’une école supérieure du management de la santé, l’évaluation et le renforcement des programmes de formation, l’élaboration de critères pour l’ouverture de places pédagogiques et la coordination entre les départements Santé, Enseignement supérieur et Formation.

Les experts avaient plaidé, à cette occasion, pour l’adoption de l’anglais comme langue scientifique dans la formation et la promotion de la formation continue au profit de l’ensemble des corps pour être au diapason des évolutions opérées aussi bien dans la Santé que dans l’Enseignement supérieur.

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