Prise en charge des victimes des mines : appel à intensifier l’aide internationale en direction des pays africains

ALGER- L’accompagnement et l’assistance des pays africains dans leurs efforts visant à l’application de la Convention d’Ottawa sur les mines, de la part des organisations et Etats parties riches, restent encore en deçà des attentes, ont relevé, mercredi, des intervenants au Colloque international sur l’expérience algérienne en termes de déminage qui se poursuit pour le deuxième et dernier jour à Alger.

« En dépit de l’engagement de plusieurs Etats parties de la Convention d’Ottawa de revoir en hausse leur contribution, cette dernière reste encore en deçà des attentes des pays aux faibles ressources », a indiqué dans son intervention le directeur de l’Unité d’appui au traité d’interdiction des mines antipersonnel, Juan Carlos Ruan.

« L’assistance apportée aux pays africains en vue de mettre en œuvre les recommandations de la Convention d’Ottawa a besoin d’être renforcée et intensifiée », a plaidé le conférencier.

Il a fait remarquer, à ce sujet, que certains Etats en Afrique n’ont pas seulement besoin d’aide en termes d’expertise, mais surtout d’aide financière et en matière de prise en charge psychologique des victimes.

« La prise en charge des victimes des mines a besoin certes d’aide financière, mais aussi d’aide en matière de prise en charge psychologique », a-t-il noté, faisant savoir que son organisation est en train de plaider pour la qualification des séquelles psychologiques dues à l’explosion de mines en tant que handicap à part entière.

Selon le conférencier, l’assistance des Etats parties en faveur des pays démunis est l’une des priorités de la Convention d’Ottawa qui figurent dans ses articles enrichis et réexaminés lors de la conférence de Maputo.

Abondant dans le même sens, le chef de la Mission permanente de la Suède à Genève, Niklas Nilsson, a indiqué, au nom de l’Union européenne, que les efforts des Vingt-Sept, et « bien qu’ils soient importants à l’endroit des pays africains démunis, restent insuffisants ».

« Il est pratiquement difficile de cerner tous les dégâts qu’impliquent désormais les mines », a-t-il noté, appelant lui aussi les Etats parties de la convention à intensifier leur contribution.

M.Nilsson a indiqué, à ce sujet, que l’assistance de l’Algérie en direction des pays africains est « louable et mérite d’être suivie ».

Pour sa part, l’attachée des Affaires de déminage de l’Italie à Genève, Clena Zoi, a relevé que l’assistance des pays africains est désormais « complexe », particulièrement au regard de la prise en charge des victimes.

« L’intégration socio-économique des victimes des mines est ce qui pose le plus problème en termes d’assistance », a-t-elle souligné, notant toutefois que « l’Italie fournit beaucoup d’efforts ».

« L’assistance des pays démunies parties de la convention d’Ottawa est une priorité pour le gouvernement italien. Un budget annuel est consacré à cet effet », a-t-elle déclaré, rappelant qu’en 2021, l’Italie a dégagé une enveloppe de 8 millions d’euros à cet effet.

Pour elle, le Colloque international de déminage organisé par l’Algérie est tombé à point nommé en ce sens qu’il va attirer l’attention de la communauté internationale quant à la nécessité de prendre en charge collectivement ce fléau.

Pour sa part, le coordinateur du Programme anti-mines en Mauritanie, le colonel Muhammedo Muhammed Ladhref, a plaidé pour l’assistance directe au profit des pays africains démunis.

« Certains pays africains ont besoin encore de centres de recherches dédiés au déminage et de centres dédiés à la prise en charge psychologique », a-t-il noté.

De leur côté, les représentants de la Zambie, du Botswana et de la Guinée-Bissau ont appelé les Etats riches parties de la Convention d’Ottawa à intensifier leur aide à l’endroit des pays africains.

« La prise en charge des victimes des mines doit être un souci universel », ont-ils plaidé, remerciant l’Algérie pour ses efforts et son aide conséquente à l’intention des pays africains.

A signaler que cette rencontre sera sanctionnée par une série de recommandations à même de relancer le débat sur le fléau des mines et la nécessite de définir une stratégie claire en mesure de le cerner.

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