ALGER – Le directeur général de l’Institut national des sols, de l’irrigation et drainage (INSID), Negri Cherif, a appelé lundi les agriculteurs à se préparer à lutter contre une éventuelle « sècheresse agricole » dans le pays par le recours à l’irrigation complémentaire.
Invité du Forum du quotidien « El Mihwar El Yaoumi » à Alger, M. Negri a recommandé aux agriculteurs de « recourir, dès cette semaine, à l’irrigation complémentaire notamment dans les Hauts-plateaux et le Sud comme mesure proactive et préventive afin d’éviter l’impact négatif de la faible pluviométrie sur les cultures ».
« Le secteur a arrêté une panoplie de mesures pour répondre aux besoins des agriculteurs en matière d’irrigation complémentaire durant les mois à venir, où une situation de +sècheresse agricole+ (et non de sécheresse météorologique) est prévu en cas de retard des pluies au cours du mois de février courant », a affirmé le DG de l’INSID.
« Pour l’heure, l’Algérie n’est pas entrée en situation de sècheresse agricole en raison d’une pluviométrie suffisante le mois dernier ce qui a permis, jusque-là, aux plantes de poursuivre normalement leur cycle de croissance », a-t-il expliqué.
Affirmant que le niveau des réserves d’eau dans l’Est du pays était rassurant, M. Negri a indiqué que la pluviométrie enregistrée était suffisante pour les cultures céréalières dans cette région, contrairement à l’Ouest, les Hauts-plateaux et le Sud du pays où les agriculteurs ont commencé à demander l’irrigation complémentaire.
La hausse de température prévue février courant implique une forte demande sur les eaux, notamment pour la culture céréalière, a ajouté M. Negri, rappelant que les bulletins météorologiques ne prévoyaient pas de pluies.
Le secteur œuvre à assurer entre 20 et 25 millimètre d’eau/hectare dans le cadre de l’irrigation complémentaire afin de couvrir les cultures durant les trois semaines à venir et de se préparer à d’autres opérations d’irrigation complémentaire si les pluies tardent à venir.
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M. Negri a relevé la différence entre la « sécheresse météorologique » qu’on ne connaît pas encore en Algérie, la « sécheresse agricole » qui devrait débuter dans deux semaines et la « sécheresse hydrologique » dont la survenue est déterminée par les services du ministère des Ressources en eau.
Le secteur prépare ses services à faire face aux changements climatiques prévus en 2050 par le renforcement de l’exploitation des systèmes et réseaux d’irrigation économiseurs d’eau (le goutte-à-goutte, l’irrigation par aspersion ou encore l’irrigation gravitaire) et des modes d’irrigation modernes reposant sur les nouvelles technologies et applications.
De tels systèmes et applications, qui devraient se concrétiser en coordination avec les startups et les agriculteurs, permettront de réaliser de meilleurs rendements, d’éviter les maladies parasitaires qui affectent les récoltes et de réduire la facture énergétique et celles relatives aux engrais et à la main d’œuvre à travers la rationalisation de leur gestion.
A ce titre, l’INSID s’emploie, en collaboration avec différents partenaires, à trouver les moyens permettant d’aller vers une agriculture intelligente et innovante reposant sur des mécanismes numériques et automatiques de gestion de l’eau.
« Des mécanismes sont en cours d’élaboration sur les modalités d’orientation vers ce mode de culture et de valorisation des produits agricoles dans les régions montagneuses et sahariennes, devant être soumises au débat dans le cadre du plan d’action du gouvernement », a-t-il poursuivi.
Il sera procédé, en outre, à l’ouverture de nouvelles annexes des instituts relevant du secteur de l’agriculture dans le sud pour rapprocher le suivi technique des agriculteurs.
La surface irriguée est estimée à ce jour à 1 350 000 ha, grâce au programme élaboré pour atteindre 2 millions ha en 2022, a-t-il fait savoir.
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Ladite surface est composé de 65% de terres irriguées selon la technique d’économie d’eau, en attendant de parachever le transfert vers l’irrigation moderne pour 35% des terres, a indiqué le même responsable.
Evoquant l’impact de l’utilisation des ressources en eau dans l’irrigation de certaines récoltes à forte consommation d’eau dans les régions sahariennes, le chercheur et ingénieur agronome Akli Moussouni a appelé les autorités compétentes aux ministères de l’Agriculture et des Ressources en eau à étudier cet impact sur la ressource hydrique nationale et l’environnement.
Il a plaidé pour une révision globale et une réorganisation du secteur agricole en Algérie, fondées sur des études scientifiques minutieuses, à travers l’analyse du sol, de l’eau et de la nature des produits agricoles et des récoltes et leurs spécificités, citant l’exemple des sols inorganiques, des puits situés dans des régions connues pour la salinité de leur eau.
Il est également revenu sur la déperdition de l’eau dans le sud en raison de certaines cultures inadaptées à la nature du sol dans ces régions.
L’experte et directrice d’une société privée de gestion et de développement des entreprises, Benrabah Karima a pour sa part souligné l’importance de prendre en considération l’environnement comme base essentielle dans l’élaboration des programmes et systèmes dans divers secteurs, notamment agricole, et de tenir compte des expériences des universités et instituts en coordination avec tous les secteurs pour la protection des ressources naturelles nationales et de toutes les lignes de production.
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