Le cheikh M’hamed Benaissa El-Berkani un chef militaire  » très redouté « 

MEDEA- Cheikh M’hamed Benaissa El-Berkani, calife de l’Emir Abdelkader dans le Beylik du Titteri, était un chef militaire « très redouté » par les généraux de l’armée coloniale française et avait apporté un appui « indéfectible » à la résistance de l’Emir Abdelkader, a affirmé mercredi à Médéa son arrière-petit-fils Lahcene Khelil El-Berkani.

« Durant quatorze années (1832-1846), Cheikh M’hamed Benaissa El-Barkani fera face aux tentatives de l’armée coloniale française d’étendre sa présence à l’intérieur du pays après la +chute+ de la Capitale, Alger et ce grâce à l’appui de la tribu des Beni Menacer, dont le fief s’étendait, jadis, de Beni Haoua et Chlef (à l’Ouest), à Miliana et le nord de Médéa (au Sud), Cherchell (au Nord), et l’ouest d’Alger (à l’Est) », a indiqué le descendant de Cheikh El-Barkani, lors d’une rencontre sur l’histoire de la résistance populaire à Médéa, organisée à la maison de la culture Hassan-El-Hassani, à l’initiative de l’Office local du tourisme et l’université Yahia Fares.

La résistance menée par Cheikh M’hamed Benaissa El Barkani permettra de « freiner l’expansion coloniale et apportera un grand soutien à l’armée de l’Emir Abdelakder grâce aux coups portés aux troupes d’occupation françaises qui pensaient avoir les mains libres pour conquérir le pays sans se heurter à la résistance de la population », a souligné Lahcène Khellil El-Berkani.

Fort de l’appui de la Zaouia « Sidi M’hamed Aberkane », fondée par son grand-père au milieu du 16e siècle qui jouissait d’un grand respect auprès de la population, M’hamed Benaissa El-Berkani parviendra à mettre sur pied une forte armée qui réussira à stopper les assauts répétés des forces d’occupation françaises pour la conquête de nouveaux territoires, a-t-il observé.

Les troupes de Cheikh El-Berkani infligèrent de lourdes pertes aux forces coloniales, d’abord lors de la bataille de Cherchell, en mai 1840, puis durant la bataille de Djebel Zaccar (Miliana), en juillet 1842, sans oublier celle de la Mitidja, trois années auparavant, où « l’armée d’occupation française avait perdu des centaines d’hommes et avait été contrainte d’évacuer les campements militaires érigés dans ces régions et de demander aux colons de quitter les villages qu’ils avaient occupé auparavant », a ajouté l’intervenant lors de la rencontre.

En représailles aux coups portés aux forces coloniales, les autorités militaires françaises signèrent, en 1843, un décret de « bannissement » à l’encontre des membres de la tribu de « Beni Menacer » qui était le fer de lance de l’armée de M’hamed Benaissa El-Berkani et de sa famille. Une centaine de personnes avait été déportée vers l’Ile Sainte-Marguerite, dans le sud de la France, où certaines resteront en captivité durant plus de quatorze années, a-t-il affirmé.

Cheikh El-Berkani, a révélé son arrière petit-fils, « n’était pas uniquement un chef militaire, mais s’était distingué aussi par son côté +bâtisseur+ en supervisant, à partir de 1839, la reconstruction de l’ancienne forteresse romaine de Boghar, au Sud-ouest de Médéa, qu’il avait transformé en fabrique d’armement pour le compte des troupes de l’Emir Abdelkader.

Après deux mois de siège et de combats acharnés, les bastions de la résistance populaire commencèrent à tomber entre les mains des militaires français, treize ans après le début de l’occupation, soit à partir de 1843, a-t-il signalé.

Ainsi, M’hamed Benaissa El-Berkani décida de quitter le Titteri, le temps de réorganiser les rangs de la résistance, son retour n’aura jamais lieu, puisqu’il décédera, en 1846, hors des frontières du pays, a indiqué son arrière-petit fils.

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