Médéa: un ambitieux plan d’action pour préserver et valoriser le patrimoine local

Médéa: un ambitieux plan d’action pour préserver et valoriser le patrimoine local

MEDEA – Un plan d’action a été mis en œuvre par la direction de la culture et des arts de Médéa pour préserver et valoriser le patrimoine culturel local incluant des opérations d’inventaire, de classement et de sauvegarde de sites historiques et biens culturels qui témoignent de la richesse et de la diversité de ce legs patrimonial.

Les multiples actions menées dans le cadre du plan d’action ont pour but de protéger le patrimoine des mains prédatrices de l’homme et des aléas naturels, d’assurer sa pérennité et de le valoriser sur le plan économique, touristique, social et éducatif, a précisé la directrice locale de la culture et des arts, Salima Gaoua.

Dans le cadre de ce plan d’action, un programme permanent de sauvegarde et de mise en valeur de l’ancienne ville de Médéa a été élaboré et présenté pour enrichissement dans la perspective de sa validation future par les autorités locales.

Il va offrir une « meilleure visibilité » sur les actions à entreprendre en priorité pour préserver le riche patrimoine de Médéa et servira d’outil de travail devant « faciliter » les différents types d’intervention à mener à l’avenir sur les constructions ou les édifices historiques et préserver leur cachet architectural, a expliqué la directrice.

Le programme de sauvegarde fournira les conditions idoines pour mettre en valeur le riche patrimoine de la ville de Médéa et mieux protéger des vestiges séculaires, tels que l’aqueduc romain, la mosquée « Hannafite », les mausolées de « Sidi-Sahraoui » et « Sidi El-Berkani », « Dar-el-Amir », ancienne demeure de l’Emir Abdelkader transformée en musée régional des arts et des traditions populaires.

Plusieurs monuments historiques et anciens lieux de culte musulman et zaouias ont été intégrés sur la liste des biens culturels matériels locaux, à la faveur d’une opération portant protection provisoire des biens culturels de la région initiée début 2023.

La nouvelle liste englobe des monuments historiques datant de l’époque romaine et ottomane, ainsi que des lieux de culte musulman et zaouias érigés au cours des siècles derniers, a révélé le chef de service du patrimoine, Ahmed Merbouche.

Il explique qu’une dizaine de monuments et de lieux de culte étaient concernés par cette nouvelle inscription, parmi lesquels les « bains romains » de « Madala », un site situé à El-Omaria, à l’est de Médéa, découvert en 2013 et datant entre le 2e et 5e siècle de notre ère, et les « anciennes arcades » à Médéa qui remontent également à l’époque romaine.

Y figurent aussi l’ancienne résidence de l’émir Khaled, petit-fils de l’émir Abdelkader, située dans l’ancienne ville de Médéa, « Djamaâ El-Atik » de Berrouaghia et de Ksar-el-Boukhari, le premier, de style maghrébin, construit fin du 19e siècle, le second, d’architecture ottomane, édifié pendant la période ottomane.

Parmi les autres biens culturels inclus dans cet inventaire, la zaouia de Sidi Ali Ben M’hamed, située dans la commune de El-Aissaouia, nord-est de Médéa, bâtie au 16e siècle et servi de refuge durant plus de six ans à l’héroïne de la résistance populaire, Lalla Fadhma Nsoumer, et qui abrite aujourd’hui un musée dédié à cette grande figure nationale.

A cela s’ajoute, les zaouias de « Cheikh M’hamed Benaissa, localisée dans la commune de Ouzera, à l’est de Médéa, considérée comme la maison mère de la « Tarika El-Aissaouia », celle de « Cheikh El-Moussoum », située dans l’ancienne ville de Ksar-El-Boukhari, qui a servi de lieu de rencontre et de savoir pour les adeptes de la confrérie des « Chadouliya ».

 

Empêcher d’éventuelles extensions urbaines sur les sites archéologiques

 

La commission de la wilaya des biens culturels avait procédé en 2023 à l’actualisation de la liste des biens culturels matériels du patrimoine local, dont certains avaient déjà  fait l’objet de travaux de protection, a fait savoir M.Merbouche.

Il s’agit des minarets des mosquées « Lahmar » et « Hannafite », situées dans l’ancien noyau urbain de la ville de Médéa, l’aqueduc romain, localisé à la sortie de la même ville, et le « fortin » du quartier de « Msallah », à la périphérie de Médéa, qui a servi de poste d’observation durant l’occupation romaine, puis transformé pendant l’occupation française en lieu de détention et de torture.

Il s’agit en outre du mausolée de « Sidi-Sahraoui », l’un des saints patrons de la ville de Médéa, et « Haouch El-Bey », ancienne résidence du Bey Boumezrag, puis celle de l’Emir Abdelakader, sise non loin du quartier de « Msallah ».

Dans le souci de préserver les sites archéologiques, des missions d’expertise ont été confiées aux chercheurs du Centre national de recherche en archéologie sur les sites de Achir, à Kef-Lakhdar, et Usinaza, à Saneg.

Mme Gaoua a expliqué que cette expertise permettra de proposer des solutions susceptibles d’aider à empêcher d’éventuelles extensions urbaines et interventions de particuliers à l’intérieur ou à la périphérie des deux sites en question.

Le site d’Usinaza, au sud-est de Médéa, abritait un siège épiscopal et une garnison militaire datant de l’époque de l’empire de la Maurétanie césarienne. Des fragments de poterie, des éléments d’un sarcophage romain et divers autres objets de cette époque ont été découverts depuis plusieurs décades, par des citoyens et sont actuellement entreposés dans un local affecté par la commune.

Achir est connue pour être la première capitale de l’ère Fatimide en Algérie, fondée par le roi Ziri Benmenad Es-Senhadji vers l’an 936, en signe d’allégeance au calife fatimide Abou El-Kassem El Kaim.

La ville a connu, peu de temps après son édification, un grand essor économique et attira par la suite de nombreux chroniqueurs, historiens, poètes et autres scientifiques, et a vu également l’arrivée massive de marchands et de négociants qui ont contribué à l’apogée du règne des Senhadja.

 

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