La moudjahida Salah Fatima Zohra : l’itinéraire d’une infirmière au service de la Révolution

La moudjahida Salah Fatima Zohra : l’itinéraire d’une infirmière au service de la Révolution

ORAN- La moudjahida Salah Fatima-Zohra, plus connue sous le nom de Malika, a revisité, dans un entretien à l’APS à la veille de la célébration du 65ème anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale, la contribution de ses sœurs moudjahidate ayant rejoint les rangs de la Révolution pour devenir des infirmières et assurer soins et secours aux moudjahidine et aux populations civiles.

Native en 1938 de Bab El Assa, dans la wilaya de Tlemcen, elle raconte avoir appris le métier d’infirmière en assurant les premiers soins en compagnie des moudjahidate Zelmat Hafida et Leila Meftah, sous la direction du Dr Mohamed Seghir Nekkache d’Oran avant de rejoindre le combat libérateur national.

Ayant vécu son enfance à Sidi Bel-Abbès, cette moudjahida a adhéré au parti nationaliste du MTLD avant d’être chargée de l’acheminement du courrier et de la distribution des tracts et autres publications du parti.

Cette combattante a rejoint les rangs de l’ALN en 1956. En plus de sa mission d’infirmière qu’elle accomplissait avec sérieux et bravoure, elle a été souvent chargée d’acheminer les armes aux fidaï pour faciliter l’accomplissement de leurs missions.

Salah Fatima Zohra garde toujours en mémoire des événements ayant marqué son itinéraire de combattante et auxquels elle a pris part comme la réunion secrète, tenue au lieu dit  » Club Sâadane » à Sidi Bel-Abbès, en présence des défunts Ferhat Abbès, Cheikh Azza Abdelkader et Si Tahar.

Lors de cet entretien, la moudjahida a également évoqué les poursuites engagées contre elle par la police coloniale. « Ce qui m’a obligé à quitter la ville pour prendre la direction de Maghnia. Arrivée sur place, en mai 1956, j’ai été rapidement arrêtée et emprisonnée dans la prison de ce poste de police durant trois mois », raconte-t-elle, ajoutant que ce même poste a été la cible d’une attaque des moudjahidine, la veille de la fête nationale française, le 14 juillet 1956.

« Les moudjahidine ont réussi à libérer 20 prisonniers dont 6 femmes et récupéré des armes avant de se rendre, à bord de deux camions, à une habitation d’un dénommé Abbès, dans le mont El Abbad, sur les hauteurs de Sabra, dans la wilaya de Tlemcen », se rappelle la moudjahida.

Déterminée à porter secours aux moudjahidine

A Tlemcen, Salah Fatima Zohra a rencontré certains chefs de la région dont le capitaine Si Idriss, les lieutenants Si Lakhdar, Si Châabane et Si Zoubir. Elle a également appris à se servir d’un pistolet automatique.

Ensuite, elle a été affectée à la zone II d’Aïn El Houtz (Tlemcen) et désignée, en compagnie de la moudjahida Dali Youcef Houria (Rabéa), comme infirmière pour soigner, dans des abris aménagés dans les maquis, les combattants blessés lors des combats.

Ces deux femmes, aidées par une troisième infirmière, Meriem Firoud, (Houria), en compagnie de leurs frères moudjahidine, ont sillonné les différents villages d’Aïn El Houtz pour prodiguer les soins aux populations locales, fournir des médicaments aux malades et aider à l’accouchement des femmes enceintes.

Au cours d’un accrochage, la moudjahida « Malika » a été blessée par balle au pied. Malgré sa blessure, elle a courageusement poursuivi sa mission d’infirmière. « En compagnie de Rabéa, j’ai continué à soigner les frères.

Je me suis ensuite refugiée dans les monts de Garn Zahra, à Béni S’nouss, zone réputée pour ses pistes à accès accidenté et difficile. Je suis restée dans cette région une quinzaine de jours », a-t-elle indiqué Lors de cette bataille, certains moudjahidine sont tombés au champ d’honneur, les armes à la main. Un grand nombre de soldats français ont été éliminés.

La moudjahida a poursuivi son activité jusqu’à la fin de l’année 1957.

Elle était opérationnelle dans la région « Touissent », à la frontière algéro-marocaine, où elle a rencontré sa camarade Leila Meftah et le docteur Ziza, originaire de la wilaya Constantine.

Parfaire sa formation paramédicale

Au début de l’année 1959, « Malika » a été affectée à l’hôpital « Avicenne » de Rabat pour parachever sa formation paramédicale et décrocher un diplôme dans cette spécialité. Elle a été orientée, ensuite, vers l’hôpital « Maréchal Lyautey », toujours à Rabat, pour se spécialiser en gynécologie obstétrique.

Au début de 1960, sur ordre du Commandement de l’ALN, elle est revenue au Djebel Asfour, à Béni S’nouss, où elle a rencontré le Colonel Othmane.

Affectée ensuite au camp des moudjahidine à Ahfir, à la frontière algéro-marocaine, elle fera la connaissance du capitaine Benlazreg Mohammed, dit Abdelaziz, secrétaire général du Colonel Othmane, qui deviendra son mari. Le mariage a été célébré en 1961 à Oujda.

La moudjahida « Malika » a également exercé comme infirmière aux camps des moudjahidine de la zone frontalière jusqu’au recouvrement de l’indépendance nationale avant de s’installer définitivement à Oran.

Jusqu’à son départ à la retraite en 1995, elle exercera son noble métier d’infirmière au Centre hospitalo-universitaire « Dr Benzerdjeb » d’Oran, où elle a laissé une bonne impression parmi ses responsables et ses collègues de travail.

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