ALGER – Des linguistes, écrivains et organismes linguistiques algériens et arabes ont exprimé leur profond chagrin suite au décès de l’académicien et critique littéraire, Abdelmalek Mortadh, décédé vendredi à l’âge de 88 ans, qualifiant sa mort de « grande perte » dans le domaine de la littérature et de la langue arabe dans le monde arabe.
La culture arabe vient de perdre « un symbole de la créativité et de la recherche académique, au service de la langue arabe », ont-ils estimé.
A ce propos, le Haut Conseil de la langue arabe (HCLA) a souligné, dans un message de condoléances, que « Mortadh a été le premier président du HCLA et un éminent linguiste du monde arabe. Il avait à son actif plus de 60 livres, encyclopédies et dictionnaires, ainsi que de nombreuses études scientifiques publiées dans des revues de recherche internationales en différentes langues, notamment l’arabe, le français et l’anglais ».
« Le défunt, qui a appris le Coran par cœur dès son plus jeune âge, maitrisait brillamment les langues étrangères. Il a, également, poursuivi des études supérieures aux universités algériennes jusqu’à l’obtention du doctorat … Il a été honoré dans de nombreux pays du monde, en reconnaissance de sa précieuse contribution dans le domaine de la linguistique générale et appliquée, saluée par des chercheurs et des scientifiques arabes et occidentaux », ajoute le HCLA.
De son côté, le linguiste algérien Mohamed Safi El Mostaghanemi, Secrétaire général de l’Académie de la langue arabe à Sharjah (Emirats arabes unis), a exprimé sa profonde affliction suite au décès de Abdelmalek Mortadh, le qualifiant « d’expérience unique dans la littérature arabe moderne et contemporaine. Pendant plus de 60 ans, il s’est frayé une place de choix dans le monde de la littérature, de l’art, de l’écriture et de la critique ».
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« L’académicien était un écrivain talentueux, un orateur éloquent, et un romancier doué qui a su manier l’art de la parole », a-t-il affirmé, ajoutant que le défunt « a écrit plus de 80 livres en arabe, enrichissant la bibliothèque de la littérature arabo-musulmane (…), tout en étant un critique pertinent de poésie, portant l’étendard de la langue arabe pendant plus de 60 ans ».
De son côté, la romancière et poétesse Hanine Omar a estimé que l’Algérie « vient de perdre une sommité académique qui a eu un grand impact sur le mouvement critique et universitaire, non seulement au niveau local, mais aussi au niveau arabe », ajoutant qu’elle a eu l’occasion de le rencontrer lors de sa participation en tant que candidate au concours « Prince des poètes » (Amir Echo’ara) dans sa première édition en 2007, en tant que un des membres du jury.
Aussi, de nombreuses organisations et associations dont le Conseil supérieur de la Jeunesse (CSJ), l’Association algérienne d’études philosophiques, ainsi que l’Association des oulémas musulmans algériens, ont regretté la disparition de Mortadh, le qualifiant de « grand linguiste, critique, écrivain ».
Au plan arabe, le président du Centre de la langue arabe d’Abu Dhabi aux Emirats arabes unis, Ali bin Tamim, a affirmé qu' »avec la mort de l’éminent professeur Abdelmalek Mortadh, la communauté académique et la scène culturelle arabes ont perdu un des symboles qui ont consenti des efforts sincères en matière d’enseignement universitaire, en formant notamment des chercheurs dans les domaines des études critiques, des techniques narratives et de la théorie du roman, ainsi que dans des activités culturelles visant à améliorer le goût artistique de la société et à renforcer ses connaissances ».
« J’ai eu l’honneur de travailler avec lui au sein du jury du concours Prince des poètes pendant des années », a-t-il rappelé, soulignant qu’il était « humain et humble doté d’un immense savoir et d’une grande expertise ». « Il était un ami fidèle et un savant modeste qui excellait dans la langue arabe et ses sciences », soutient M. Ali Bin Tamim.
Pour sa part, le président de l’Union des écrivains des Emirats, Sultan Al-Ameemi, a rendu hommage au défunt, le considérant comme un des plus grands critiques littéraires du monde arabe depuis plus de 6 décennies, ayant enrichi la bibliothèque arabe de travaux critiques, d’études linguistiques et d’œuvres créatives d’une grande importance. Il a également été membre du jury du concours Prince des poètes depuis ses débuts jusqu’à sa 9e saison, et a reçu de nombreuses distinctions au cours de sa vie, dont la dernière a été le prix Sultan Al-Owais.
Né en 1935 à Tlemcen, feu Morthad est considéré comme un des chercheurs algériens et arabes les plus connus dans les domaines d’étude de la langue arabe, de la critique littéraire et intellectuelle, avec des dizaines d’ouvrages à son actif ayant enrichi la bibliothèque algérienne et arabe depuis les années 60.
Une pétition de soutien à Nedjib Sidi Moussa