Déradicalisation: Premier Guide religieux, pas décisif pour promouvoir les vrais préceptes de l’Islam

Déradicalisation: Premier Guide religieux, pas décisif pour promouvoir les vrais préceptes de l'Islam

NOUAKCHOTT – Les participants au 10e atelier de la Ligue des Oulémas, prêcheurs et imams du Sahel (LOPIS), dont les travaux  ont débuté mercredi à Nouakchott (Mauritanie), ont été unanimes à affirmer que la publication de premier Guide religieux contre l’extrémisme constituait une étape opérationnelle « décisive », pour la Ligue depuis sa création en Algérie en 2003.

Lors de cette rencontre organisée par la LOPIS, durant deux jours en collaboration avec l’Unité de fusion et de liaison (UFL), les conférenciers ont mis l’accent sur l’impératif de poursuivre des efforts dans ce sens, tout en accordant un intérêt particulier au plan opérationnel.

Indiquant, en marge de cette manifestation, que le Guide, étant au cœur de la rencontre, était « le premier du genre dans le région et dans le monde musulman, le président de la Ligue a fait savoir que ce manuel avait inclut une correction de plusieurs notions, fatwas et faux termes susceptibles de faire des jeunes une proie facile.

« La pensée extrémiste découle de la déformation et de la mauvaise interprétation de certains versets coraniques et hadiths en les déformant et en les sortant de leur contexte », a-t-il ajouté rappelant que l’Islam « est une religion de paix et de tolérance, expliquant que c’est pourquoi « les Oulémas, prêcheurs et imams du Sahel se sont accordés à mettre en avant la nécessité d’accorder un plus grand intérêt à la terminologie.

Mortadha a indiqué que « le Guide, rédigé en arabe, sera traduit ultérieurement en abnglais et en français et distribué aux établissements spécialisés en éducation religieuses, à l’instar des écoles coraniques, des zaouias et des mosquées ».

Mohamed Dhif, secrétaire générale par intérim de la LOPIS, a estimé, quant à lui, que les activités de la Ligue ont été marquées par une série de rencontres consacrées exclusivement à la sensibilisation à la lutte contre « le radicalisme et la déformation de l’image de l’Islam dans le monde ». L’action de la Ligue en est à la phase pratique, laquelle sera cristallisée par la relance des projets

Le Guide des bonnes pratiques pour l’éducation religieuse de lutte contre le radicalisme est une initiative « préventive et précoce » empêchant « les jeunes de sombrer dans l’extrémisme », a-t-il ajouté, affirmant qu' »il est destiné essentiellement aux adeptes des écoles coraniques et des instituts religieux ».

C’est un premier produit « intellectuel, scientifique et opérationnel, c’est également un outil pédagogique efficace en faveur des jeunes », a-t-il souligné.

Pour sa part, Dr. Kamet Chekat, représentant de l’Algérie, également membre fondateur à la Ligue, a démontré l’intérêt particulier qu’accorde l’Algérie au sujet du radicalisme et aux dangers de l’extrémisme en adoptant de nouvelles méthodes de travail au diapason des derniers développements, et en incitant, à titre d’exemple, les Imams à jouer un rôle social de sensibilisation au profit des jeunes à titre d’encouragement pour les orienter vers un monde plutôt entrepreneurial.

Cheikh Chekkat a indiqué que l’élaboration par la LOPIS d’un guide pour diffuser les pratiques religieuses saines et lutter contre l’extrémisme, « se veut une étape cruciale et décisive dan son histoire ».

De son côté, le représentant de l’Etat du Burkina Faso a mis l’accent lors de son intervention sur la terminologie qu’il « convient de rectifier », selon les oulémas du Sahel, estimant qu’une « compréhension erronée des concepts est un facteur principal dans l’incitation à l’extrémisme ».


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Il a, dans ce contexte, salué l’introduction de certains termes et concepts, tels que « patrie et citoyenneté, amour du bien » et « tolérance », au vu de leur impact positif et de leur grande contribution au développement des pays et de l’instauration de la paix de par le monde.

Le représentant du Centre africain d’études et de recherches sur le terrorisme (CAERT), Ameur Dahmani a, quant à lui, mis en exergue les paris et les défis auxquels fait face aujourd’hui le monde, notamment la mondialisation et Internet, mettant en garde contre les dangers de la prolifération de la pensée extrémiste, du radicalisme, à travers les réseaux sociaux.

Le défit et le pari résident en la façon de protéger les jeunes et les prémunir contre la cybercriminalité et des dangers sur leur esprits et pensées, a-t-il ajouté.

Le représentant de l’Unité de fusion et de liaison (UFL), a mis en avant, dans son allocution, l’impératif de redoubler d’efforts par tout un chacun et la coopération internationale, pour faire face à l’extrémisme, appelant à associer tous les acteurs de la société civile, notamment le mouvement associatif et les médias dans la lutte contre le phénomène en adoptant plutôt des plans de sensibilisation, plutôt que des sanctions.

Le 10e Atelier de la Ligue des Oulémas, prêcheurs et imams du Sahel (LOPIS) vise, après l’élaboration définitive du Guide, à le mettre à la disposition des Oulémas, prêcheurs et imams, en vue de « lutter contre l’extrémisme, rétorquer aux ambiguïtés et renforcer les principes de la paix et de la réconciliation », à travers les propositions des membres pour « renforcer et améliorer le contenu de l’enseignement de l’éducation religieuse au sein des écoles », selon  le Secrétaire général par intérim de la Ligue, Mohamed Daif.

Le projet de « Guide des bonnes pratiques pour l’enseignement de l’éducation religieuse dans la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent » comprend trois axes: « la terminologie », « la morale » et « les ambiguïtés » et tient compte des spécificités de chaque état membre de la Ligue.

Le 10e atelier qui se tiendra avec la participation des membres du Bureau exécutif de la Ligue, intervient après une série de rencontres tenues ces deux dernières années, en application de l’accord ayant sanctionné, les 6 et 7 juillet 2017, le 6e atelier abrité à Nouakchott, où il a été convenu de la nécessité de renforcer les programmes scolaires d’enseignement de l’éducation religieuse et de les adapter pour faire face aux défis actuels.

Organisé par la Ligue en coordination avec l’UFL des Etats du Sahel, l’atelier verra la participation du « Centre africain des études et recherches sur le terrorisme (CAERT) relevant de l’UA » et de « la mission de l’UA au Mali et au Sahel ».

Créée en 2010, l’Unité de fusion et de liaison (ULF) est un mécanisme régional de coordination sécuritaire et d’échange d’information entre les pays du Sahel dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.

Prennent part à l’atelier des Imams, prédicateurs, Oulémas et Mourchidine représentant les pays membres à la Ligue (Algérie, Mauritanie, Libye, Mali, Nigeria, Niger, Burkina Faso et Tchad), outre trois autres pays observateurs dans le cadre du processus de Nouakchott (Cote d’Ivoire, Guinée), ainsi que des représentants d’organisations régionales et continentales et des universitaires.

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