ADRAR – L’éminent retentissement du déclenchement de la guerre de libération nationale, le 1er Novembre 1954, a eu un grand impact sur la population du Sud que ni les reliefs découverts ni la dispersion des hameaux éloignés n’ont fait fléchir cette population d’adhérer à la lutte armée et de répondre à l’appel de la patrie.
Les militants de la région de Touat (Adrar) se sont dès lors attelés à étendre son réseau de contacts avec différentes régions voisines, dont celle de Ghardaïa et Labiod Sid Cheikh, grâce aux efforts du Moudjahid Eddine Slimane, commerçant qui se déplaçait entre les régions de Touat et Labiod Sidi-Cheikh, pour joindre en 1956 les éléments du front de libération national (FLN), dont Ahmed Affoune, établis dans la région de Boussemghoune, a souligné le Dr Abdelfettah Belâaroussi, chercheur en histoire de la wilaya d’Adrar.
« Cette région du Sud du pays a retrouvé, après la seconde Guerre mondiale, sa position stratégique en tant que base arrière de la lutte armée », a indiqué M. Belâaroussi, ajoutant que « la région ne tarda pas s’impliquer, avec l’éveil de la conscience et l’ampleur croissante de la résistance politique incarnée par le mouvement national avec la mobilisation de ses premiers chefs de zones, en l’occurrence le commandant Taghouzi, ceux des Meharza, des Khenafsa, d’Ougrout et de Sebâa, en sus de l’exploitation secrète des échoppes et lieux de commerce de la région en bureaux et boites à courrier du mouvement national ».
Découvertes par les forces coloniales, ces activités patriotiques, relate le chercheur, ont été réprimées et les chefs locaux du mouvement ont été emprisonnés, dont entre autres Allelul Benbitour, Cheikh Mohamed, Hafid Kelloum Cheikh, soumis aux différentes formes de pression et de peines financières injustes.
Et de poursuivre que ces activités ont précédé les préparatifs de la réunion secrète de l’été 1956 au domicile du Moudjahid Zaoui Cheikh, Mokadem (chef spirituel) de la zaouïa Sidi-Cheikh, de la localité Tinerkouk au Nord de la région de Gourara, en sus de la création du comité des cinq du FLN, composé de son président Abdelaziz, son adjoint Abdelkader Bouhada, Derbali Chisna (secrétaire), Bachir Lamri (trésorier), Selka Boumediene (membre), Hamou Hamdaoui (chargé des renseignements) et Boudouaya Boudouaya, chargé de l’approvisionnement et du courrier.
Ces préparatifs se sont poursuivis, relate le chercheur Lâaroussi, par la désignation, dès en 1957, de 21 points de coordination et d’approvisionnement chargés de la collecte des fonds, l’installation des zones, des centres et de la signature des documents et courriers, ajoutant que le Moudjahid Mohamed Hachemi, s’est vu confié, lors de sa rencontre en 1957 dans la région de Béchar, avec Abdelghani Okbi, commandant de la zone huit, wilaya V historique, une arme et l’emblème national maculé du sang de chouhada de la bataille Kharradj Abderrahmane menée par le Chahid commandant Lotfi dans la région de Béchar, avant d’être désigné, à ce titre, comme responsable politique et militaire chargé de la coordination avec le commandement de la révolution dans la région de la Saoura.
Les grandes épopées triomphantes menés dans la région du Grand erg occidental ont eu écho même dans la presse coloniale et mondiale qui ne pouvait occulter cette aura des hauts faits de la révolution dans de pareils lieux découverts et désertiques, a indiqué le chercheur, ajoutant que ces activités ont mis à nu les desseins de la France coloniale de mettre la main sur les richesses pétrolières dans la région et ont enhardi les combattants dans le Sahara et le territoire d’Adrar.
Cette région du Touat est devenue par le courage et la bravoure des Moudjahidine une base arrière pour la révolution nationale au tréfonds du Sud algérien notamment après la construction des lignes coloniales Challe et Morice.
Le front Sud a réalisé ses objectifs stratégiques
M. Belâaroussi a relevé qu’à la suite des actions armées triomphantes réalisées par la Guerre de libération à l’échelle nationale et internationale au début des années 1960, le commandement de la révolution s’est attelé à étendre la lutte armée par la création du front révolutionnaire sur les frontières algéro-maliennes et algéro-nigériennes à l’effet de structurer et encadrer la lutte de la population du Sud et déjouer, par conséquent, les visées de la France coloniale tendant à séparer le Sahara algérien du reste du pays.
La direction combattante du front Sud a pris, une fois installée, ses contacts avec le commandement de la révolution, puis avec le poste de commandement à Gao (Mali), Béchar et Oran et Tamanrasset, pour la mobilisation à la guerre de libération nationale, à l’instar de la communauté algérienne établie au Mali et Niger, a fait savoir le chercheur.
L’installation du front du Sud, a conclu le chercheur Belâaroussi, a participé énormément à la réalisation des objectifs stratégiques de la révolution, dont la mise en échec des stratagèmes sournois du colonialisme visant à séparer le Sahara du reste du pays et la confirmation du prolongement de la dimension africaine de la révolution algérienne.
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