Manifestations contre le 5e mandat

Manifestations contre le 5e mandat - الجزائر

Pour la dignité

Les marches prévues aujourd’hui dans toutes les wilayas du pays font peur au pouvoir. L’appel, lancé de façon anonyme sur les réseaux sociaux, a été énormément partagé par les internautes algériens qui promettent d’envahir le terrain dans toutes les régions du pays. Qu’elles se tiennent ou pas, ce qui est sûr, c’est que la vague d’indignation et de contestation populaire, notamment depuis la confirmation de la candidature de Bouteflika, n’arrange pas les affaires des tenants du pouvoir. Les actions lancées par Mouwatana, le mouvement qui s’oppose au 5e mandat du président, a été suivi aussi. Le mouvement présidé par Djilali Soufiane a rendu public hier la liste des lieux où devront se tenir les rassemblements prévus pour dimanche 24 février, dont celui d’Alger-Centre au niveau de la place Audin. Le seul match prévu aujourd’hui dans la capitale, qui devait opposer les voisins l’USM Harrach avec le RC Kouba au stade du 1er Novembre d’El Harrach, a été reporté à mardi prochain par la Ligue de football professionnel. Cette dernière n’a donné une explication, mais les raisons sont claires. Les Algériens ne cessent d’occuper l’espace public pour signifier leur refus catégorique du 5e mandat de Bouteflika. Les protestations organisées à Chlef, Oran, Bordj Bou Arréridj, Jijel et la méga-marche à Kherrata (dans la wilaya de Béjaïa) puis celle de Tichy hier matin, confirment la donne. Abdelmalek Sellal s’est juste contenté, hier, de dire que «Bouteflika a pu rassembler plus de signatures qu’en 2014 et qu’il est plus populaire qu’il était», évitant ainsi de commenter le sujet des contestations populaires contre son candidat. Ajouter à cela, le phénomène Nekkaz accueilli, contrairement à toute attente, par des bains de foule où qu’il aille. Son agression par des pro-Bouteflika dans la wilaya de Tlemcen a généré une grande vague de solidarité autour de sa personne. Sa persévérance a donné ses fruits. Le jour même de cette agression, Rachid Nekkaz a été accueilli comme un héros à Maghnia, puis à Oran et à Aïn Témouchent. Depuis, le phénomène ne cesse de s’amplifier. Pour ne citer que quelques-unes des villes qu’il a visitées, des raz-de-marée humains l’ont attendu à Khenchela, à Annaba, à Batna, à Guelma comme à Skikda et Constantine, hier. Excès de zèle Le président de l’APC de Khenchela, qui a promis d’empêcher Nekkaz de tenir son rassemblement et de collecter ses signatures devant sa mairie, a fini par être limogé par le wali. Ce dernier a estimé que ce sont les déclarations provocatrices de ce dernier qui ont incité les gens à venir par centaines pour soutenir Nekkaz. Un immense portrait banderole de Bouteflika a été même été arraché du bâtiment et a été piétiné par la foule. La même chose est survenue à Annaba. Le nombre des sympathisants de Nekkaz ne cesse d’augmenter. Ils sont des milliers aujourd’hui à braver la peur et à sortir dans les rues. «Bouteflika, le marocain, pas de cinquième mandat», scandent-ils à chaque reprise. Ce déferlement humain peut se joindre à l’appel lancé sur les réseaux sociaux pour manifester aujourd’hui dans toutes les wilayas du pays. Certains n’ont pas attendu le 22 février pour le faire ; ils ont réussi à organiser des manifestations pacifiques qui ont même fini par des campagnes de nettoyage à la fin de leur action, comme cela a été le cas à Kherrata. Un exemple qui peut être suivi, comme l’ont fait hier les citoyens qui ont manifesté à Tichy. Plusieurs institutions de l’Etat, dont le ministère de la Défense nationale, ont appelé au calme et à la préservation de la stabilité du pays. Le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs a même instruit ses imams de recentrer la prêche d’aujourd’hui sur la nécessité de préserver la stabilité du pays. Dans cette instruction, dont une copie a été partagée hier sur les réseau sociaux, la direction des waqfs a exigé des imams «de parler de l’avantage de la stabilité d’un pays en s’appuyant sur des versets coraniques, de rappeler aux gens ce qu’a enduré l’Algérie pendant la décennie noire, de mettre en doute l’origine des appels aux manifestations lancées sur les réseaux sociaux et la religion de leurs initiateurs et enfin de rappeler que seule une élection peut déterminer deux adversaires, en parlant de la prochaine élection présidentielle». Beaucoup se disent vigilants sur l’origine de ces appels à marcher aujourd’hui, à la fin de la prière du vendredi ; ils craignent que les initiateurs soient islamistes. Pour contrecarrer cette hypothèse, certains appellent à manifester dans la matinée, d’autres conseillent de sortir sans habits religieux, tandis que d’autres encore partagent carrément un autre avis : «Si vous voulez qu’il n’ai pas de récupération, impliquez-vous au lieu de rester inactifs», conseillent-ils.

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