Yennayer 2970/ Ikhef Nou sougass Ajdid : un évènement célébré dans la pure tradition à Ghardaïa

GHARDAIA – Symbole d’attachement des habitants de la région du M’Zab (Ghardaïa) aux traditions ancestrales puisées dans notre histoire pluriséculaire, « Ikhef Nou sougass Ajdid » (jour du nouvel An Amazigh) continue de jalonner le temps dans la région par des rituelles jalousement préservés qui résistent encore aux mutations des temps modernes.

La Célébration du nouvel an Amazigh dans le M’Zab obéit à une tradition liée aux activités agricoles et aux ressources essentielles à la vie paysanne. Il marque le début de la saison hivernal et l’année agraire dans la région au climat aride.

Pour les habitants des oasis du M’Zab, cet événement (Ikhef Nou sougass Ajdid) qui coïncide avec la fin de la cueillette de la production phœnicicole, constitue une étape cruciale pour passer en revue la situation environnementale des palmeraies et annoncer le début de l’opération de soins et de toilettage des palmiers dattiers productifs, a indiqué à l’APS Hadj Bakir, propriétaire d’une palmeraie à Melika (Ghardaia).

Cette opération de toilettage des palmeraies consiste à débiter à la scie tranchante ou à la hache les palmes sèches, les rémanents et autres arbustes morts, la pousse des rejets, le lif et les restes des hampes florales afin de permettre au sol de conserver l’humidité et les éléments nutritifs afin de réduire le danger d’incendie, a-t-il expliqué.

Un connaisseur des travaux saisonniers agricoles, ammi Hadj Abdellah, propriétaire d’une palmeraie près du Ksar de Bounoura, considère cet évènement comme une aubaine pour la répartition des taches dans la famille en absence d’une main d’œuvre et sa rareté pour l’entretien et le suivi des travaux agricoles dans la palmeraie notamment la pollinisation ainsi que les réseaux de partage des eaux d’irrigation des palmeraies.

« Cette journée du nouvel an Amazigh qui présage d’une nouvelle année féconde constitue une occasion aux familles élargies de se réunir pour rendre hommage aux ancêtres et de remercier Allah devant une table sur laquelle trônent des plats succulents notamment ARFIS », a relevé de son côté, Ahmed Nouh, notable de Ben Izgen.

Traditionnellement, chaque famille offre un plat de « Arfis » à la nouvelle mariée de la maison et les femmes s’échangent dans un climat de solidarité, ce met traditionnel sucré, a précisé le même orateur, ajoutant que les membres de la famille (femmes et hommes) se réunissent et disent des prières pour implorer Allah de renforcer leur lien familial, de répandre des pluies bienfaitrices sur terre et sa paix et miséricorde.

Chaque année, Yennayer est célébré à la manière de nos ancêtres avec la même ferveur, le même recueillement et tout le cérémonial habituel autour des plats spéciaux minutieusement préparés pour la soirée du nouvel an Amazigh et qui doivent contenir des ingrédients de couleur blanche (sucre, semoule, lait) afin dit-on, que la nouvelle année soit une année de paix et de bonheur.

« Arfis » est un plat du terroir incontournable lors de la célébration du nouvel an Amazigh. Il se prépare essentiellement à base de semoule, sucre, lait et œufs, que la ménagère fait cuire sous forme de galette, effrite est et le passe à la vapeur.

Imbibé de smen (graisse naturelle) et décoré avec du raisin sec et des œufs durs, « Arfis » réunie toute la famille qui prend par la suite, l’évitable verre de thé accompagné de fruits secs (cacahuètes, amande, pistache) avant qu’une prière suivie de Fatiha ne soit prononcée pour implorer Dieu de faire de cette nouvelle année considérée comme le début de la saison agricole, une année faste pour l’agriculture et l’hydraulique.

La soirée de Yennayer dans la vallée du M’Zab s’achève en famille dans une atmosphère rituelle par des jeux appelés Alaoune, type de Bouqala algéroise.

Au nord de la vallée du M’Zab, un autre plat culinaire traditionnel dénommé « Charchem » est prépare à l’occasion de Yennayer. Il est composé essentiellement de blé fumé avec des ingrédients et des épices lui donnant une saveur spécifique.

 

Des cérémonies festives dans les Ksour du M’zab

 

Plusieurs cérémonies festives marquant l’événement ont été concoctées durant trois jours par de nombreux acteurs de la société civile dans les différentes Ksour de la pentapole (El Ateuf Bounoura, Melika, Ghardaïa et Ben Izguen), notamment des activités culturelles, artistiques et gastronomiques.

Des séances de lecture de poésie amazighe mettant en relief l’historicité et la mystique de cette tradition millénaire, ainsi que ses rites, ont été effectuées vendredi dans le Ksar de Bounoura devant un parterre d’enfants vêtus en tenues et habits traditionnels de la région de Ghardaïa et des environs, a-t-on constaté.

Comme interlude, des sketchs amazighs préparés par des membres d’associations culturelles ont été joués devant des adultes.

Pour de nombreux citoyens de Bounoura, cette initiative est louable. Elle est doublement appréciée puisqu’elle permet aux enfants et au public en général de connaître l’histoire de notre pays, ses traditions, ses coutumes et sa civilisation dans ses multiples aspects.

Des conférences autour de la thématique de la civilisation amazighe et celui de Yennayer qui atteint cette année 2970 ans, ont été également animées par des universitaires.

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