Voulant rendre visite à son mari Naâma Asfari, la militante Claude Mangin expulsée du Maroc

PARIS – La militante française des droits de l’homme, Claude Mangin, a été expulsé lundi pour la énième fois du Maroc alors qu’elle voulait rendre visite à son époux Naâma Asfari, détenu sahraoui dans les geôles marocaines, a-t-on appris de la concernée.

Claude Mangin s’est déplacée ce lundi pour une deuxième visite de son mari emprisonné à Kenitra (50 km au nord de Rabat), mais elle a été retenue à l’aéroport de Casablanca pour qu’elle soit refoulée dans le même avion qui atterrira à Orly vers 19h00 (heure française).

Ce n’est pas la première fois que la militante a été empêchée de rendre visite à son mari et expulsée du Maroc par les autorités marocaines. En janvier dernier, grâce à l’intervention du Quai d’Orsay, elle a été autorisée à rendre visite à Naâma Asfari, détenu depuis novembre 2010, après sa condamnation à 20 ans d’emprisonnement sur la base d’aveux signés sous la torture pour sa participation au camp de protestation du camp sahraoui de Gdeim Izik.

Selon elle, avant de partir, elle avait sollicité le ministère français des Affaires étrangères pour le soutien à sa visite, mais ce dernier l’avait informée qu’elle serait expulsée du Maroc, selon l’ambassade du Maroc en France.

En décembre 2016, le Comité onusien contre la torture (CAT) avait condamné le Maroc pour de multiples violations de la Convention contre la torture : torture pendant l’arrestation, l’interrogatoire et la détention de Naâma Asfari, absence d’enquête sur les allégations de torture répétées, violation de l’obligation de garantir le droit de porter plainte à travers des représailles contre la victime et l’un de ses avocats, violation de l’obligation d’indemnisation et réparation, prise en compte d’aveux signés sous la torture et mauvais traitements en détention.

Deux ONG française et suisse activant dans la promotion et la défense des droits de l’homme avaient déposé, en juillet 2018, une plainte devant l’ONU pour les violations des droits de l’homme à l’égard des prisonniers politiques sahraouis, dont Naâma Asfari.

« Parce qu’il persiste à dénoncer les violations dont ses codétenus sahraouis et lui font l’objet, Naâma Asfari est sans cesse victime de représailles du gouvernement marocain. En réaction, l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) et le Service international des droits de l’homme (ISHR) saisissent une nouvelle fois les instances des Nations Unies afin qu’elles interpellent le Maroc ».

Claude Mangin, rappelle-t-on, avait engagé en mai 2018 une grève de la faim de 30 jours pour protester contre son empêchement par les autorités marocaines de rendre visite à son mari.

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