LONDRES – L’ONG Pen International a dénoncé la confirmation des peines d’emprisonnement prononcées en première instance contre les journalistes marocains Soulaimane Raissouni et Omar Radi, et mis en garde contre le déclin des libertés au Royaume du Maroc.
Dans un communiqué publié sur son site, Pen International condamne fermement la décision de la Cour de cassation de Rabat, le 18 juillet, de confirmer les peines de prison infligées aux deux journalistes marocains Raissouni et Radi, respectivement de 5 et 6 ans.
En réaction à ce verdict, Burhan Sonmez, président de PEN International, a déclaré : « Nous regrettons la décision de la Cour de maintenir les peines injustes contre Raissouni et Radi malgré des violations flagrantes de leur droit à un procès équitable. Ce verdict envoie un message alarmant sur la liberté de la presse au Maroc ».
A cet égard, il appelle les autorités marocaines à « annuler ces condamnations injustes (…) et à respecter les obligations internationales du Maroc en matière de liberté d’expression ».
PEN International avait précédemment appelé à la libération de Raissouni et Radi, arrêtés respectivement en mai et juillet 2020, et au respect de leur droit à un procès équitable, soulignant les préoccupations concernant l’utilisation par le Maroc de fausses accusations à caractère sexuel comme prétexte pour intimider les journalistes.
La persécution des journalistes a été considérée, par l’ONG, comme « une indication claire du déclin de la liberté de la presse au Maroc ». L’organisation rappelle que cette situation a été largement critiquée par les institutions internationales.
En juillet 2022, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire avait conclu en effet que la détention de Raissouni était arbitraire, suscitant de graves inquiétudes quant à son bien-être physique et psychologique.
En janvier dernier, le Parlement européen a adopté une résolution exhortant les autorités marocaines à notamment respecter la liberté d’expression et la liberté des médias.
Depuis leur arrestation et leur détention, PEN International a documenté les témoignages des familles de Radi et Raissouni indiquant des « traitements inhumains et dégradants en prison, notamment le manque de soins et leur maintien en isolement prolongé ».
Dans le même communiqué, l’organisation d’écrivains internationale relève en outre l’intensification, ces dernières années, de la répression dont fait face la liberté d’expression au Maroc.
Le 23 mars 2022, la défenseuse des droits humains Saida El Alami avait ainsi été arrêtée pour des publications sur les réseaux sociaux critiquant les autorités. En avril, elle a été condamnée à deux ans de prison, une peine portée à trois ans en appel en septembre.
Son arrestation a été suivie de plusieurs interpellations et convocations de militants pour des publications critiques sur les réseaux sociaux ou des appels à manifester contre les prix élevés du carburant. Un autre militant, Rabie Al Ablaq, a été condamné en avril à quatre ans de prison pour avoir « offensé » un dirigeant sur les réseaux sociaux.
En novembre 2022, les forces de sécurité ont arrêté Mohammed Ziane, ancien ministre des droits de l’Homme, après qu’une Cour d’appel a confirmé sa peine initiale de trois ans de prison. Plus tôt en septembre, Ziane avait sévèrement critiqué l’appareil sécuritaire marocain.
Le défenseur des droits humains, Rida Benotmane, a également été arrêté en septembre puis condamné à trois ans de prison pour des publications sur les réseaux sociaux et des vidéos dans lesquelles il critiquait les autorités.
Depuis 2014, 296 personnes et 7 ONG de premier ordre frappées d’interdiction par le Maroc : Macron vivement interpellé par une association française