Tunisie: le Mouvement Ennahdha en quête de coalition pour former un gouvernement

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Tunisie: le Mouvement Ennahdha en quête de coalition pour former un gouvernement

ALGER – Le parti tunisien, Mouvement Ennahda, qui détient le plus grand nombre de sièges au parlement mais sans obtenir la majorité aux dernières législatives, poursuit des tractations avec les partis politiques pour sceller une coalition en vue de former un gouvernement.

Alors que l’annonce des résultats définitifs des législatives du 13 octobre devrait avoir lieu mi-novembre, les négociations sont déjà entamées au sein des partis. La tâche n’est pas aisée, car il n’y a pas de majorité parlementaire.

Ennahdha, le premier parti au Parlement, doit atteindre la majorité de 109 députés sur 217, pour assurer un vote favorable à son gouvernement. Le parti n’a que 52 sièges, et doit donc trouver des alliés. Il gère pour le moment les refus de plusieurs partis de se joindre à lui.

L’autre problème repose sur le choix du chef du gouvernement. L’organe décisionnel du parti, le Conseil de la Choura a décidé de proposer comme candidat une personnalité issue d’Ennahda qui pourrait être le leader actuel du parti, Rached Ghannouchi. Mais il était question qu’il brigue plutôt la présidence de l’Assemblée.

Pour des partis de l’opposition comme le « Courant démocrate », un chef du gouvernement « nahdaoui » sera automatiquement refusé par la majorité des députés. Le torchon brûle d’ailleurs entre les deux partis qui avaient entamé des négociations, qui sont au point mort depuis que le « Courant démocrate » (centre-gauche) a revendiqué des ministères clefs tels que celui de la Justice et de l’Intérieur.


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Ennahda met aujourd’hui en avant l’importance de trouver un accord sur un programme au-delà des personnes. Mais avec ce paysage politique « très fragmenté » et plusieurs oppositions tenaces comme celle du parti Qalb Tounès (Au cœur de la Tunisie), qui dispose de 38 sièges, le mouvement Ennahdha risque de faire face à un Parlement « ingouvernable », selon des analystes.

Alors que les tractations et des informations sur de possibles alliances se multiplient, cette jeune formation politique, créée en juin dernier par l’homme d’affaires controversé Nabil Karoui, tente de se placer au-dessus de la mêlée, a-t-on estimé.

« On se positionne dans l’opposition », indique un collaborateur de Karoui, écartant l’idée de faire de la « politique politicienne ». « L’urgence pour nous, poursuit ce responsable, est de trouver une solution pour le pays, former un gouvernement d’union nationale, autour d’un programme qui donne la priorité à la lutte contre la pauvreté et à la crise sociale ».

Mais depuis sa défaite à la présidentielle, Nabil Karoui se fait discret. Au lendemain du scrutin, cet homme d’affaires avait annoncé sa disponibilité à travailler avec le nouveau président, sans donner plus de détails. Sur le plan judiciaire, l’enquête pour évasion fiscale et blanchiment n’est pas close: Nabil Karoui doit être en mesure de répondre à toute convocation de la justice.

 

Des tractations et des conditions

 

Dans le sillage des tractations, le dirigeant du Courant Démocratique (classé troisième aux législatives), Mohammed Arab Jelassia, a déclaré que son parti présentait cinq conditions pour l’alliance avec Ennahda. C’est que le prochain Premier ministre est indépendant et n’est affilié à aucun des partis au pouvoir, que le gouvernement s’engage à fournir au public un programme écrit et publié, fixé par des délais et des responsabilités bien déterminés à les mettre en œuvre, sans que les citoyens puissent les tenir pour responsables.

Et que le parti obtienne « les outils nécessaires pour résister à la corruption politique » en obtenant les ministères de la Justice et de l’Intérieur, et enfin, l’outil pour améliorer la gestion en dotant le parti du ministère de la Réforme administrative.

Par ailleurs, le dirigeant du Mouvement du peuple, Zouhair al-Maghazawi, le parti « n’est pas intéressé par un gouvernement formé ou dirigé par Ennahda ».

Toutefois, le Mouvement Ennahdha est déterminé à ramener le programme proposé à l’ordre du jour des négociations et à son droit constitutionnel de diriger le gouvernement alors que d’autres partis exigent l’indépendance du Premier ministre.


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D’ailleurs, Ennahda a présenté vendredi dernier un « document d’accord » qu’il devrait discuter lors de ses négociations avec les autres partis en vue de parvenir à un nouveau gouvernement avec des « ministres compétents ».

Un porte-parole du parti, Imad Khamiri, a déclaré lors d’une conférence de presse que ce document était un « contrat » à signer après les consultations de chaque partie participant au nouveau gouvernement, précisant que le document décrivait le programme de travail du nouveau gouvernement, qui inclurait « des personnalités honnêtes et compétentes ».

Le document inclut, en outre, la lutte contre la corruption et la pauvreté, le renforcement de la sécurité, le développement de l’éducation et des services publics, l’augmentation des investissements, la mise en place d’institutions constitutionnelles et la mise en place d’un gouvernement local.

M. Khamiri a fait savoir que son parti avait entamé ses consultations initiales avec trois partis: le parti du courant démocratique (22 sièges – centre gauche), la coalition Karama (21 sièges – islamiste populiste) et le Mouvement du peuple (16 sièges – nationalisme nassérien).

 

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