Trois secrétaires généraux se sont succédé à la tête du Front Polisario en 50 ans

ALGER – Trois secrétaires généraux se sont succédé à la tête du Mouvement de libération de Saguia El-Hamra et Oued Ed-Dahab (Front Polisario) depuis sa création le 10 mai 1973, en assumant la responsabilité de guider la locomotive du Front, l’essence même de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et un modèle qui se démarque parmi les mouvements de libération dans le monde.

La présidence du Front Polisario, représentant unique et légitime du peuple sahraoui, s’est caractérisée par un double militantisme sous-tendant, d’une part, le combat armé, et, d’autre part, la gestion des institutions de l’Etat, aussi bien administratives, que législatives et judiciaires.


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Chacun de ces dirigeants a laissé sa propre empreinte dans la mise en place d’un processus de libération et politique que la République sahraouie a adopté cinquante ans durant. La mémoire de ceux qui nous ont quitté demeure tel un phare qui éclaire le chemin du peuple sahraoui, et inspire les responsables vers les objectifs auxquels aspirent les Sahraouis, à savoir le droit à l’autodétermination et à l’indépendance.

 

El-Ouali Moustapha Sayed, philosophe du Front et son premier dirigeant

 

Depuis la création du Front Polisario, El-Ouali Moustapha Sayed en a assumé la direction. Il en a été également l’architecte des tournants décisifs de l’histoire du peuple sahraoui, comme en témoignent des dirigeants sahraouis, grâce à son intelligence, sa perspicacité, son enthousiasme, sa persévérance, sa détermination et sa volonté inébranlable.

Cela s’explique aussi par sa contribution à la création du Front, pionnier de la lutte armée sahraouie, puis à la Proclamation de l’unité nationale sahraouie, qui demeurera un édifice solide et fédérateur de tous les Sahraouis, ensuite à l’instauration de la République sahraouie, une réalité qui traduit sur le terrain la volonté populaire de liberté et d’indépendance.

En dépit des moyens quasi-inexistants durant les années soixante-dix du siècle dernier, après la libération du peuple sahraoui du joug colonial espagnol, dans un contexte de conditions intérieures et internationales complexes, El-Ouali Moustapha Sayed, pour qui l’impossible n’existe pas, poursuivra la lutte, animé d’une foi inébranlable et une volonté de fer.

El-Ouali, un martyr du devoir qui s’est sacrifié pour faire prévaloir la vérité, n’aura dirigé le Front que durant trois ans (mai 1973 – juin 1976). Son sacrifice a renforcé le ralliement du peuple sahraoui autour du Front, et aiguisé la détermination des militants et militantes.

La mémoire d’El-Ouali Moustapha Sayed, le leader sahraoui, demeure gravée dans le cœur de chaque Sahraoui évoquant à chaque occasion, sa célèbre citation: « La révolution dans la Saguia el-Hamra et le Rio de Oro a été déclarée en se fondant sur des éléments inéluctables et non sur des éléments déjà existants ».

 

Mohamed Abdelaziz…un homme de paix et un militant fervent qui a su apprivoiser l’ennemi

 

Suite à la mort en martyr d’El-Ouali Moustapha Sayed, Mohamed Abdelaziz a été élu Secrétaire général du Front Polisario et président du Conseil de commandement de la révolution jusqu’au 31 mai 2016, la date de son décès.

Mohammed Abdelaziz fut l’un des fondateurs du Front et resta son chef militaire, Secrétaire général (SG) et président du Conseil de la Révolution après avoir été élu lors du troisième congrès du mouvement de libération en août 1976. En octobre de la même année, il devint président de la République sahraouie.

Pendant son règne, le défunt président sahraoui, surnommé « le fils des déserts », a réussi à faire connaître la justesse de la cause sahraouie dans les fora internationaux, où le Front Polisario a réussi à obtenir plusieurs reconnaissances importantes de sa légitimité en tant que seul représentant du peuple sahraoui dans sa lutte contre l’occupation marocaine.

Mohammed Abdelaziz est considéré comme un symbole de paix et l’un des militants qui a fait de la parole une arme au service de la liberté et de la démocratie, vouant toute sa vie pour recouvrer les droits légitimes de sa patrie et de son peuple.

Tout observateur du parcours du défunt président sait sa propension à emprunter toutes les voies pacifiques. En effet, il a frappé à toutes les portes et saisi toutes les tribunes dans les fora internationaux pour négocier et exhorter la justice internationale à rétablir ses compatriotes dans leur droit et à restaurer leur dignité. Qui plus est, il n’a eu de cesse d’appeler le Maroc à œuvrer de concert pour accélérer l’organisation d’un référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui.

Face au langage des armes, de l’intimidation et des menaces dont usait l’occupation marocaine contre le peuple sahraoui, le militant a résisté pour réaliser son objectif en mobilisant le soutien à sa cause et en élargissant, à pas sûrs, la reconnaissance de celle-ci. Cette avancée a laissé une trace notable dans tous les continents et les fora internationaux, en particulier l’Union Africaine (UA), dans la conviction que la République sahraouie indépendante et pleinement souveraine sur son territoire constitue un facteur d’équilibre et de stabilité dans la région.

Mohamed Abdelaziz s’est éteint parti après une longue lutte contre la maladie, laissant derrière lui un parcours riche que ni le peuple sahraoui ni la communauté internationale ni tous les opprimés de la terre ne pourront oublier, lui qui avait auparavant acquis la sympathie des peuples du monde, de la société civile et des défenseurs des droits de l’Homme pour soutenir la légitime cause de son peuple.

 

Brahim Ghali, une sommité historique

 

Brahim Ghali, qui a été réélu secrétaire général du Front Polisario lors de son 16e congrès, en janvier dernier, est l’un des principaux leaders politiques et militaires jouissant d’une grande popularité au sein du Front et auprès de ses militants.

Né le 19 août 1946 à Smara au Sahara occidental occupé, Brahim Ghali a occupé plusieurs hauts postes au sein du Front Polisario, notamment responsable des affaires de sécurité et de défense, membre de son comité exécutif et membre de son secrétariat national. Il a également été ambassadeur de la République sahraouie en Espagne et en Algérie.

A partir de 1989, il fait partie de la délégation sahraouie participant aux négociations avec l’occupant marocain.

Ayant rejoint très tôt le Mouvement sahraoui contre l’occupation espagnole, dirigé par Mohammed Bassiri, Brahim Ghali devient l’un des membres fondateurs du Mouvement de libération de Saguia el-Hamra et Oued ed-Dahab, précurseur du Front Polisario.

Après avoir participé à la création du Front Polisario, Il prend part à la première opération militaire, le 20 mai 1973. C’était la première étincelle de la proclamation de la lutte armée contre l’occupation espagnole.

Il a depuis participé activement à toutes les batailles militaires contre les forces d’occupation jusqu’à sa décision historique, le 13 novembre 2020, relative à la reprise de la lutte armée suite à la violation par le Maroc de l’accord de cessez-le-feu signé en 1991 entre les deux parties (Maroc et Front Polisario).

 

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