« Tajmaât », une organisation sociale qui a prouvé son efficacité à travers le temps

TIZI-OUZOU – L’organisation sociale appelée Tajmaât (assemblée de village) qui encadre la vie au sein des villages de la région de Kabylie est un modèle social de gestion locale qui a prouvé son efficacité à travers le temps et sa capacité d’adaptation aux conjonctures et de s’actualiser, ont souligné mardi à Tizi-Ouzou, des universitaires.

Intervenant lors d’une journée d’étude sur « Les structures sociales dans l’œuvre de Mammeri : le cas de Tajmaât », organisée par la direction de la culture et des arts, des enseignants de l’université de Tizi-Ouzou ont observé que cette structure sociale traditionnelle et séculaire a géré « efficacement » la vie communautaire au sein des villages de la Kabylie aux plans social et économique et « continue de le faire de nos jours, prouvant l’efficacité de ce mode de gestion ».

Citant quelques exemples où Tajmaât, une assemblée au sein de laquelle les décisions sont adoptées « par consensus et non pas par vote à la majorité », a eu à jouer « un rôle important », Pr Mohamed Dahmani a rappelé la résistance populaire contre le colonisateur français, dont l’insurrection de Cheikh El Mokrani en 1871, décidée par cette structure social.

De son côté, Mohamed Achir a cité la « réactivité » de cette organisation sociale, spécifique à l’Algérie, à la crise sanitaire de la Covid-19, quand elle a montré sa « capacité d’adaptation » à la situation en adoptant des règlements intérieurs d’urgence pour gérer la crise.

« Tajemaât a la capacité de réagir rapidement, de s’adapter et d’être résiliente », a-t-il dit.

Ce même intervenant a aussi souligné le rôle de l’organisation villageoise de Tajmaât dans la préservation de l’environnement, relevant que les lauréats du concours Rabah Aissat du village le plus propre, organisé par l’Assemblée populaire de wilaya (APW), sont « ceux qui ont une organisation sociale forte ».

De son côté, Azzedine Kinzi s’est intéressée au rôle de l’écrivain et anthropologue Mouloud Mammeri dans la transmission de ce patrimoine à travers son travail de chercheur et ses œuvres anthropologiques, notamment dans sa réflexion sur « La société berbère ».

Il a considéré Mammeri comme « précurseur de l’anthropologie amazighe de l’intérieur (dite aussi anthropologie de soi ou de proximité) car il a apporté un regard interne sur sa société et son organisation, dont Tajmaât ».

« Avant lui, on a forgé un regard anthropologique exogène sur notre société par les auteurs étrangers », a-t-il noté.

Cette journée d’étude abritée par la Maison de la culture Mouloud Mammeri est organisée à l’occasion de la commémoration du 35e anniversaire du décès de l’écrivain, anthropologue, linguiste et traducteur, Mouloud Mammeri (1917/1989).

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