Stations de gravures rupestres de Nâama: un patrimoine archéologique en quête de valorisation

Stations de gravures rupestres de Nâama: un patrimoine archéologique en quête de valorisation

NAAMA- Les stations de gravures rupestres répertoriées sur plusieurs sites de la wilaya de Nâama constituent un véritable trésor archéologique d’attrait touristique d’une grande valeur historique, qui nécessite une valorisation et une protection de certains comportements qui altèrent certains sites, ont souligné des acteurs du mouvement associatif et des spécialistes en histoire et en archéologie.

Ces stations de gravures rupestres de la wilaya font l’objet d’attitudes « irréfléchies » de certains visiteurs, qui ignorent leur valeur, car des gribouillis, de la peinture et des expressions y ont été observés, brouillant leur état d’origine et déformant l’ancien héritage de l’homme préhistorique datant de plusieurs siècles.

Les stations d’inscriptions rupestres de Nâama ont besoin d’efforts pour leur promotion, leur valorisation, leur entretien et une attention « urgente » pour réduire les effets négatifs des facteurs naturels, climatiques et humaines sur elles, en particulier les gribouillis et les graffitis apposés sur les dessins, a indiqué le chef du bureau de wilaya de l’Association nationale du tourisme « Kounouz Djazaïr » (Trésors de l’Algérie), Rahmani Abderrahmane.

Les effets de ces comportements sont visibles au niveau de la station de « Kaous Lahmar » au village « Redjimat », dans la commune d’Asla, ainsi que dans d’autres sites dans les régions de « Mehisrat », « Nekkar » , « Hadja Maktouba », dans la commune de Tiout, et d’autres fresques découvertes près de Ksar de « Meghrar Tahtani », en raison du manque de sensibilité et de conscience de l’importance de ce patrimoine touristique et archéologique, tel qu’il a été enregistré lors des inspections sur le terrain, comme l’a confirmé Ali Azrar du bureau de wilaya de l’Organisation nationale pour la promotion du tourisme des jeunes et du patrimoine algérien.

L’écrivain et chercheur en histoire et patrimoine de la région, Dardour Ahmed, souligne l’importance de ces sites, indiquant que le nombre de sites découverts dans la wilaya de Nâama est d’environ 540 stations, des trésors inestimables qui constituent la mémoire de la région, exprimant le mode de vie de l’homme préhistorique et ses relations avec la nature, les formes de chasse et autres matériaux que les universitaires utilisent pour enrichir les recherches historiques sur la région, sans oublier leurs rôles et composantes dans la dynamisation de l’activité touristique.

Le guide touristique Hanine Mohamed, qui s’intéresse au patrimoine de l’Oasis et du Ksar de Tiout propose l’implication de divers acteurs de terrain issus de la société civile, notables, cheikhs et chercheurs, en plus de s’appuyer sur des références historiques pour promouvoir ce patrimoine au niveau local et mondial, avec la création de sites Web spécialisés et des pages électroniques pour faire connaitre cet héritage historique et consolider sa valeur.

Les composants de nombreux sites archéologiques de la wilaya ont été dévoilés par des chercheurs et étudiants des instituts spécialisés de diverses universités du pays, afin de scruter et diagnostiquer ces indices indiquant la présence de la viehumaine dans la région depuis des milliers d’années, en attendant un intérêt tangible pour l’implantation d’un tourisme culturel et scientifique, a souligné Dr Benmiloud Wassila, archéologue et responsable à l’Institut des Sciences Humaines et Sociales du Centre Universitaire de Nâama.

« Ce patrimoine touristique et culturel préhistorique intéresse les chercheurs et doctorants au niveau du laboratoire de recherche dans le patrimoine historique du sud-ouest du même pôle universitaire, qui a lancé des projets de recherche adoptant des techniques de numérisation pour valoriser les différents monuments archéologiques de la wilaya », a indiqué le responsable du laboratoire, le professeur Mabkhout Boudaouiya .

La Direction du Tourisme et de l’Artisanat de la wilaya de Nâama déploie de grands efforts pour stimuler l’activité touristique et attirer les touristes vers les zones où se trouvent les gravures rocheuses, a souligné le directeur du secteur, Benmaazouz Abdelhalim.

Dans ce contexte, un circuit touristique historique et culturel a été créé, qui s’étend des stations des gravures rupestres de la commune de Tiout, passant par les zones de « Fartassa », « Oulgag », « Tachtoufat », « El Bridj », « Mekalis » et « Aïn Aissa  » jusqu’à la zone de « Moghrar », à l’extrême sud de la wilaya, dans laquelle on compte environ 100 stations, en plus des grandes fresques murales d’inscriptions et de dessins rupestres au niveau des sites de « Sidi Brahim », « Rouaissat », « Hassi El-Bachir », « Oum Braim », « Chaabat Bouguern « , « Beni Omran » et Autres.

Ce circuit attire les touristes et offre l’occasion aux visiteurs, à travers des visites organisées par des agences de tourisme et de voyages, de découvrir des sites archéologiques, historiques, culturels et naturels divers, en plus de valoriser les produits touristiques au niveau de ces communes, l’animation des zones touristiques, permettant de créer des opportunités d’emploi dans divers domaines liés au tourisme, l’artisanat artistique, les plats traditionnels, entre autres a ajouté le même responsable.

Les mêmes services ont pris les mesures nécessaires pour inclure un certain nombre de nouveaux circuits touristiques, en coordination avec les historiens locaux, afin d’améliorer et de diversifier les destinations pour attirer les touristes et les inciter à découvrir de nouvelles zones et des points de repère de gravures rupestres, à l’instar des stations de gravures rupestres situées dans la zone de « Rouis El Djir  » dans la commune de

« Sfisifa  » et « Founassa », dans la commune de « Djeniene Bourezk « , classées comme deux nouvelles zones d’expansion touristique par le décret exécutif 22/221 du 14 juin 2022.

Les services concernés visent à réhabiliter certains sites archéologiques qui ont fait l’objet de vandalisme et d’altération, que ce soit par des facteurs naturels ou humains, en inscrivant des opérations de réaménagement et de restauration, tout en préservant leur caractère historique et leur spécificité, a ajouté le directeur du tourisme de la wilaya.

L’Office National du Parc Culturel « Atlas Saharien » a récemment désigné et mis en place des centres de surveillance et de contrôle couvrant la plupart des stations de gravures rupestres limitrophes aux zones d’habitat et au réseau routier de la wilaya, en plus de l’aménagement de pistes qui mènent aux sites ouverts à la visite, tout en mettant en relief leurs caractéristiques, selon le chef de département de cette autorité de la wilaya de Nâama, l’ingénieur Hichem Hammadi.

Des activités périodiques et des portes ouvertes visant à sensibiliser sur l’importance de protéger les sites d’inscriptions rupestres et faire connaître ce patrimoine ancien et de le préserver, sont organisées avec l’implication de plusieurs secteurs et activités de la société civile au niveau des écoles, des centres de la formation professionnelle, le centre universitaire et autres, a ajouté le chef du service du parc de Nâama.

Dans le même cadre, des sessions de formations sont organisées, en coordination avec les agents des douanes et les dispositifs de sécurité, sur les cadres juridiques, réglementaires et législatifs liés à la protection de ces biens culturels, pour renforcer la coopération sur le terrain et faire face aux différentes formes d’infractions sur le patrimoine, selon la même source.

Ces inscriptions archéologiques d’une grande valeur historique, scientifique et touristique témoignent de la présence humaine dans la région qui, selon les chercheurs et les historiens, remonte au moins à l’époque néolithique.

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