SILA: regards croisés sur les rapports entre la littérature et le théâtre

SILA: regards croisés sur les rapports entre la littérature et le théâtre

ALGER – Des universitaires et metteurs en scène, réunis lundi à Alger, ont évoqué les rapports entre la littérature et le théâtre par l’adaptation comme acte créatif à part entière à travers leurs expériences dans l’écriture et la mise en scène.

S’exprimant lors d’une rencontre en marge du 24e SILA sur la littérature et le théâtre, le metteur en scène et dramaturge Ziani Cherif Ayad, soutient que le théâtre algérien souffre d’un « manque » d’auteurs de texte, soulignant que le texte dramatique, tiré d’une œuvre littéraire, relève d’une autre écriture, « totalement différente ».

Le metteur en scène de la pièce « Les martyrs reviendront cette semaine », une adaptation du roman éponyme de Tahar Ouettar, relève l’absence de « rapports » entre l’auteur et le metteur en scène qui se charge de transférer son œuvre sur les planches.

Plaidant pour un passage « intelligent » du récit au spectacle à travers une mise en lecture préalable, Ziani Cherif Ayad, appuie son propos par ses expériences avec, le roman « Sans voile et sans remord » de Leila Aslaoui, adapté au théâtre par le nouvelliste et dramaturge Arezki Mellal sous le titre de « Bahidja » et « Elf tahiya li Aarfiya », puisé de « Mille hourras pour une gueuse » de Mohamed Dib.

De son coté, l’académicien et chercheur Ahmed Cheniki, pense que « le texte constitue en soi un des éléments de la représentation », relevant à ce propos que le théâtre est « autonome de la littérature ».

Pour cet universitaire, enseignant de théâtre, la notion de l’adaptation est « vide de sens » dés lors que le metteur en scène  procède, selon lui, à une autre écriture, en s’appuyant sur les expériences de Kateb Yacine et Toufik El Hakim qui ont transformé des œuvres initialement destinées à la littérature à des textes dramaturgiques dans des « formes différentes ».


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Pour sa part, le dramaturge et metteur en scène Omar Fetmouche explique que l »adaptation de textes littéraires au théâtre n’était pas une « simple » transposition de l’oeuvre, devant être réécrite dans la langue « intermédiaire », rendue dans la « tonalité sociale et l’esthétique artistique ».

Tenant compte de la « nécessité faire abstraction de l’auteur de l’oeuvre littéraire, cet ancien directeur de théâtre, a exposé ses travaux d’adaptation des romans, « Les vigiles » de Tahar Djaout et « Le fleuve détourné » de Rachid Mimouni,s’appuyant,  à son tour, sur la citation du théoricien du théâtre et dramaturge français, Antonin Artaud, qui préconise de « chasser l’auteur du théâtre », pour donner une lecture différente à l’œuvre originale.

De son coté, le metteur en scène Haroun El Kilani, a partagé ses expériences « inabouties » avec l’adaptation de textes étrangers notamment « L’étranger » d’Albert Camus et « Crimes et châtiments » de Dostoïevski, plaidant à ce titre pour l’importance d’une « adaptation en adéquation avec l’environnement socioculturel » choisi par l’auteur.

Un avis partagé par Abdelhadi Dahdouh qui, selon lui, le « manque » de textes dramaturgiques a engendré le recours vers l’adaptation, notant à ce propos que, pour susciter l’intérêt, le choix de l’espace, un des « éléments fondamentaux » dans l’expression dramaturgique, doit tenir compte de l’aspect identitaire et culturel du public.

Des rencontres sur l’histoire, la littérature, la bande dessinée et l’édition, entre autres, sont programmées en marge du 24e Sila qui se poursuit jusqu’au 9 novembre au Palais des expositions des Pins-Maritimes.

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