Sahel: recrudescence des attaques terroristes, la présence des forces étrangères contestée

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Sahel: recrudescence des attaques terroristes, la présence des forces étrangères contestée

ALGER – La région du Sahel a connu récemment une recrudescence des attaques terroristes faisant des dizaines de victimes autant militaires que civiles, au moment où la présence des forces étrangères dans cette région est contestée.

Au Mali à titre d’exemple, les attaques armées et leurs répétitions atteignent des niveaux rappelant les débuts de la crise en 2012. On en registre notamment des violences de groupes radicaux contre les forces maliennes et internationales. Violences, encore plus graves, opposant des communautés ethniques (chasseurs traditionnels contre éleveurs).

Parallèlement, l’extension du terrorisme au Burkina Faso, depuis longtemps annoncée, est là. Parce que plus récente, elle est plus sanguinaire. Les régions du Soum se dépeuplent, selon des médias.

Dans le Sahel, l’appui international ne semble pas pouvoir mettre fin à la brutalité du groupe extrémiste nigérian « Boko Haram ». L’une des inquiétudes dans la région, que ce soit au Mali, au Niger et au Burkina Faso, c’est l’intensification de la violence ainsi que son expansion. Il

y a quelques années, il y avait une obsession pour l’épicentre qu’était le Mali. Mais aujourd’hui les trois pays frontaliers sont sévèrement touchés, avec des niveaux de fragilité différents.

A titre d’exemple, le Niger fait face à une triple menace. A l’est, avec Boko Haram, à l’ouest avec la présence du groupe terroriste autoproclamé « Etat islamique » au grand Sahara (EIGS), ainsi qu’au nord avec tous les risques liés à l’instabilité en Libye.

Selon Ibrahim Maïga, chercheur à l’Institut d’études de sécurité à Bamako, « la stratégie des groupes terroristes a été de se disperser un peu partout sur le territoire malien mais aussi dans les poches qui n’étaient pas sous contrôle des différents Etats frontaliers. Ce qui a entraîné que les groupes se sont fondus dans les populations locales et ils ont essayé de gagner la confiance des populations en faisant un travail de fond ».

Il a affirmé que des actions sont lancées par le gouvernement malien. « Les autorités maliennes considèrent qu’il y a deux fronts aujourd’hui. Le centre et le nord/nord-est. Pour le règlement de la situation au Nord, on continue de penser que l’Accord pour la paix et la réconciliation signé à Alger en 2015 est le cadre idéal de résolution de la crise dans cette partie du Mali. La stratégie gouvernementale repose en partie sur la reconstitution de son armée », a-t-il soutenu.

 « Au centre, on a une diversité d’initiative. En plus du processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) qui est en place, on a un programme de sécurisation intégré qui comprend un volet sécurité, développement et gouvernance », a conclu M. Maïga.

 

Réunion du Comité de pilotage du programme Interpol consacré au G5 Sahel

 

Dans ce contexte, les travaux de la première réunion du Comité de pilotage du programme Interpol consacré au G5 Sahel, organisée en coopération entre la direction générale de la sûreté nationale, le secrétariat permanent du G5 Sahel, l’Organisation internationale de police criminelle – Interpol, et la République Fédérale d’Allemagne (RFA) ont débuté mardi à Nouakchott.

La rencontre, de deux jours, vise à permettre aux services de sécurité des pays membres du G5 Sahel d’obtenir une « base de données riche et sécurisée » dans le cadre de l’appui technique pour l’aider à opérer de manière commune contre le terrorisme et le crime organisé dans le contexte des pays en question.

La réunion de Nouakchott s’inscrit dans l’optique de la mise en œuvre du projet spécial d’Interpol financé par la RFA dans sa première phase pour 3 millions d’euros couvrant les trois prochaines années et destiné particulièrement à soutenir les pays du Sahel dans leurs efforts de lutte contre le terrorisme dans la région.

Prennent part à cette rencontre des experts sécuritaires du G5 Sahel, d’Interpol et de ses bureaux régionaux dans les pays en question.

 

Les forces étrangères au Sahel de plus en plus contestées

 

Alors que les attaques terroristes continuent de faire des dizaines de victimes autant militaires que civiles, la présence des forces étrangères dans cette région, dont la force Berkhane, est de plus en plus contestée.

Au Niger, plusieurs manifestations contre la présence étrangère ont eu lieu depuis le début de l’année.


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Des « forces d’occupation » qui « pilleraient les ressources africaines comme au temps des colonies ». Les troupes étrangères au Sahel font face à un rejet apparemment grandissant chez les habitants du Burkina Faso, du Mali et du Niger, selon les médias locaux.

Au Mali, ils sont de plus en plus nombreux à demander le départ des 4.500 soldats de l’opération Barkhane déployés au Sahel, émettant même le doute sur l’utiulité des 13.000 Casques bleus de la Minusma (force de l’ONU) et d’autres partenaires présents, tous déployés au nom de la lutte antiterroriste et de la protection des civils.

« Comment 20.000 soldats étrangers ne parviennent-ils pas à venir à bout de 3.000 terroristes ? », renchérit Ibrahima Kébé, animateur de l’émission radio Bamako.

Dans la foulée, la ministre française des Armées, Florence Parly, qui est en tournée depuis lundi dans la région du Sahel, lors de laquelle elle a annoncé le lancement « très prochain » d’une opération conjointe dans la zone des trois frontières (Burkina-Mali-Niger).

L’on pourrait affirmer, selon des analystes, que c’est à la fois « contrainte par le pic de l’insécurité dans le Sahel où se jouent de nombreux intérêts français géostratégiques et économiques et par l’ambition de donner un nouveau lustre à l’image écornée de la France ».

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