Ramadhan: les entrainements de l’athlète d’élite soumis à certaines conditions

Ramadhan: les entrainements de l'athlète d'élite soumis à certaines conditions

ALGER – L’impact du jeûne sur la pratique sportive, et spécialement sur l’athlète d’élite, a toujours suscité des avis mitigés, voire contradictoires entre les acteurs du monde sportif, notamment, sur l’idée de poursuivre normalement l’activité sportive ou d’en modifier le programme, durant le mois de Ramadhan, selon certaines conditions.

Ce sont surtout les techniciens qui trouvent difficile de maintenir la même cadence de travail aux athlètes durant la période de jeûne, en raison du risque qu’encourt le jeûneur sur le plan de sa santé et de la piètre prestation qu’il peut fournir.

Mais, les études médicales dans ce domaine n’ont pas tranché sur la question. Le Dr. Abderrahmane Ghlaimi, spécialiste en médecine du sport et cardiologue, souligne que « l’athlète d’élite peut poursuivre sa préparation le plus normalement du monde durant le mois de Ramadhan, à condition de bien respecter le programme établi pour son entrainement, sa nutrition et son sommeil ».

Pour le Dr Ghlaimi, le premier inconvénient pouvant être fatal aux athlètes, est le manque de sommeil, ce qui peut entrainer beaucoup de dommage et freiner leur progression.

« Le sommeil, surtout durant le mois sacré, est pourvoyeur de blessures s’il n’est pas respecté. L’athlète d’élite, qui a forcément une charge élevée, s’il ne respecte pas la durée habituelle du sommeil, surtout dans la première partie de la nuit où l’on récupère bien, se retrouve sous la menace des blessures, un fait indésirable chez l’athlète », a expliqué Docteur Ghlaimi.

Cette remarque est, en effet, partagée par nombre d’institutions sportives qui s’intéressent à cette question et financent des études de recherche en ce sens.

Le Dr Ghlaimi fait remarquer cependant que pendant le mois de jeûne, se produit un « changement biologique dans les habitudes alimentaires et dans les attitudes ». Le sportif étant en effet habitué à prendre quotidiennement trois repas majeurs, contrairement au mois de Ramadhan où diminuent également les heures de sommeil et le volume d’eau dans le corps.

« Toutes ces variantes doivent être prises en considération », selon le Dr. Ghlaimi, qui estime qu’il faut éviter dans ce cas, d’exiger de gros efforts de l’athlète car ceci nécessite une énergie que le corps ne peut fournir, en raison du jeûne.

« La fatigue se fait sentir surtout au cours des premiers jours du Ramadhan, là où se produit le changement de régime, ajouté au facteur psychologique qui affecte quelque peu la motivation du sportif pendant les entraînements », note le médecin.

Ces effets néfastes peuvent cependant être surmontés grâce au phénomène de « l’adaptation » à laquelle l’entraineur doit contribuer, en établissant un programme durant la journée et un autre après le jeûne, tout en diminuant l’intensité dans la journée, laissant le travail de charge pour la soirée.

« A cela, il faut ajouter l’évitement de sauter les repas. L’athlète doit prendre deux repas, celui de la rupture du jeûne qui doit être basé sur tout ce qui est glucose et hydrique, un autre après l’entrainement, beaucoup d’eau dans la nuit, en plus du repas du Shor qu’il ne faut en aucun cas rater, avec évidemment des aliments nutritifs pour la journée du lendemain », souligne le spécialiste en médecine du sport, ajoutant qu’avec une hygiène de vie et une bonne alimentation tout ira pour le mieux.

Il explique que si l’athlète d’élite adopte ces mesures, il n’aura aucun problème de récupération ni de perturbation dans sa préparation et surtout de déficit à rattraper après le Ramadhan, surtout qu’il est à l’approche d’une échéance comme les Jeux olympiques.

 

Evaluer les performances après le ramadhan est une nécessité

 

Le Dr Ghlaimi a noté aussi, la nécessité de suivre l’athlète d’élite, après la fin du ramadhan, relevant l’importance d’évaluer ses performances après le mois sacré : « Il est important et même conseillé d’évaluer la forme de l’athlète, juste une semaine après le Ramadhan, dans un laboratoire sur tapis ou vélo, surtout les sprinteurs et les coureurs de fond. Ceci lui donnera des indices afin d’améliorer son déficit en peu de temps ».

Interrogé sur la pratique des activités sportives chez le simple adepte, le médecin affirme qu’elle peut être compatible avec l’observation du jeune, notamment durant la période hivernale où les journées sont relativement courtes, à condition que le sportif évite certaines mauvaises habitudes.

« Le jeûne n’est pas incompatible avec la pratique sportive chez les adultes, pour peu que l’entrainement et la compétition soient planifiés en fonction des spécificités de ce mois (Ramadhan) et des modifications du mode de vie qui en résultent », a expliqué le médecin, avertissant qu’il y a néanmoins certaines règles à respecter.

Suite à des tests et études effectués, il en résulte que les séances d’entrainement de l’adepte du sport doivent se faire avec moins d’intensité que d’habitude (un jour sur deux), ce qui lui permettra de laisser reposer ses articulations (hanche, genoux et chevilles) qui sont les plus solliciter durant les trottinements, selon l’interlocuteur.

Et d’ajouter: « S’entrainer chaque jour peut provoquer chez le sportif une hypoglycémie, avec l’épuisement des réserves énergétiques. Aussi, il doit travailler sur une certaine fréquence cardiaque, adaptée à lui, à son âge, à son état de santé, et à un seuil et également à une intensité aérobic qui se calcule en fonction justement de l’âge ».

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