RABAT – Le Makhzen, dont le pays est classé parmi les plus inégalitaires au monde, continue à faire sombrer une bonne partie de sa population, notamment les enfants et les filles, dans les ténèbres de la pauvreté et la vulnérabilité, pour servir une fine minorité de riches, selon l’ONG Oxfam.
Selon un récent rapport de la branche marocaine de cette ONG, intitulé « Travail domestique des petites filles: petites mains grandes corvées », « le Maroc a été désigné pays le plus inégalitaire du Nord de l’Afrique et dans la moitié la plus inégalitaire des pays de la planète ».
Citant le rapport « Global Inequality 2022 », Oxfam affirme qu’au Maroc, « seuls 10% de la population possèdent plus de 63% de la richesse totale, tandis que 50% en possèdent moins de 5% ».
« Les travailleurs et travailleuses pauvres effectuent des tâches dangereuses et mal rémunérées pour alimenter l’extrême richesse d’une minorité », selon les conclusions du rapport.
Cette dure réalité de la société marocaine, livrée à elle même et surexploitée par le régime du Makhzen et ses relais internes et externes, est encore plus grave, puisque « les premières victimes de la pauvreté et de la vulnérabilité sont bien les enfants ».
Ainsi, le rapport relève que « 35,6% de la population pauvre et 28% de la population vulnérable sont des enfants âgés de 0 à 14 ans », soulignant que « dans la mesure où les enfants représentent environ 27,2% de la population totale, ils sont manifestement surreprésentés au sein des populations pauvres et vulnérables ».
Pire encore pour cette catégorie importante mais fragile de la société marocaine, « les inégalités persistent également en matière d’accès à l’éducation », regrette l’ONG.
Selon le même document « les enfants dont les parents ont un faible niveau d’études partent généralement avec un handicap et ceux vivant en milieu rural sont désavantagés face à leurs homologues urbains: en zones rurales, 71,2 % des enfants d’âge préscolaire ne sont pas scolarisés, contre 21% en zones urbaines », et « 12 % des enfants vivant en milieu rural redoublent leur première année de primaire, contre 5% seulement en milieu urbain ».
Le Maroc compte un total de 220.000 enfants en âge d’être inscrits en maternelle, autour de 83.000 enfants en âge d’être inscrit à l’école primaire et 255.000 enfants âgés de 12 à 14 ans (c’est-à-dire en âge d’être inscrits au collège), qui ne sont pourtant pas scolarisés, selon le même rapport, qui cite l’Unicef.
D’un autre côté, a-t-on indiqué dans le même rapport, au titre de l’année 2020-2021, le taux national d’abandon scolaire au Maroc était de 5,3% en moyenne dans le secteur public, ce qui représente plus de 331.000 écoliers, un chiffre en hausse par rapport à 2019-2020 avec des disparités entre le milieu urbain et rural, où l’abandon scolaire est tout de même à 5,9 %.
== Les « petites bonnes », nouvelle forme d’esclavage ==
Concernant le sujet principal du rapport, qui est l’exploitation des petites filles dans le travail domestique, l’ONG a noté qu’au Maroc, des milliers d’enfants, principalement des filles et certains dès l’âge de 8 ans, travaillent chez des particuliers en tant que domestiques.
Connues sous le nom de « petites bonnes », elles proviennent généralement des zones rurales pauvres et sont envoyées par leurs tuteurs dans les villes espérant leur offrir une vie meilleure tout en les aidant financièrement, rapporte le rapport, soulignant qu’au lieu de cela, les pauvres filles « sont souvent confrontées à la violence physique et verbale, à l’isolement et à un travail sept jours sur sept qui commence à l’aube et se poursuit jusque tard dans la nuit ».
Ces filles travailleuses domestiques, mal payées et presque aucune ne va à l’école, « restent confrontées à des conditions de travail précaires, dangereuses ou proches de l’esclavage et sont exposées à la violence et au harcèlement, avec des risques et de graves conséquences sur leur santé physique et mentale et sur leur sécurité », a-t-on mis en garde dans le même document ».
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