Parlement européen: un ex-eurodéputé reconnaît avoir été corrompu par le Maroc

BRUXELLES – L’affaire du « Marocgate », retentissant scandale éclaboussant le Parlement européen (PE), a connu un nouveau rebondissement mercredi, l’un des principaux protagonistes, l’ex-eurodéputé Pier Antonio Panzeri ayant avoué avoir participé activement à des actes de corruption en lien avec le Maroc.

« Pier Antonio Panzeri a avoué mercredi avoir participé activement à des actes de corruption en lien avec le Maroc et donc avoir été corrompu et avoir corrompu d’autres personnes », a déclaré son avocat, Laurent Kennes, à Euronews.

Le Parquet fédéral belge avait annoncé mardi que l’ex-eurodéputé italien, qui a fait trois mandats au Parlement européen, a signé un « accord de repentance » et s’est engagé, en contrepartie d’une réduction de peine, à partager des informations « substantielles et révélatrices » sur le système d’échange d’argent contre des faveurs.

Dans le cadre de l’accord conclu avec les autorités belges, Panzeri a également reconnu être un « dirigeant de l’organisation criminelle », explique Me Kennes, relevant que « cela ne signifie pas qu’il est le seul dirigeant ».

« Cela signifie qu’il est au moins l’un des dirigeants d’une organisation dont l’un des objectifs était de corrompre les gens », a précisé l’avocat.

Des articles de presse ont révélé que la famille de Panzeri aurait bénéficié de cadeaux offerts par Rabat, par l’entremise de l’actuel ambassadeur marocain en Pologne, Abderrahim Atmoun, qui était à l’époque président de la Commission parlementaire mixte Maroc-UE, entre 2011 et 2019.

Les aveux de Panzeri interviennent au moment où la conférence des présidents de groupes parlementaires du PE a donné son accord, le 12 janvier, à ce que soit soumise à la séance plénière de ce jeudi, une résolution réprobatrice sur la liberté de la presse au Maroc et les journalistes qui y sont emprisonnés, comme Omar Radi, Souleiman Raissouni et Taoufik Bouachrine.

           

Le Makhzen tente de stopper une résolution sur la persécution des journalistes

 

Ce sera la première fois, depuis plus d’un quart de siècle, que sera voté dans l’hémicycle de l’institution continentale un texte critique sur le Maroc qui ne soit pas en lien avec sa politique migratoire.

Le journaliste marocain en exil Ali Lmrabet a révélé dans un tweet « qu’une délégation parlementaire marocaine composée de plusieurs députés a été expédiée en urgence à Strasbourg pour tenter de stopper la résolution du Parlement européen sur la persécution des journalistes et la situation des droits de l’Homme au Maroc ».

« Cela se passe au moment même où le journaliste Omar Radi est soumis à une forme nouvelle, cruelle et gratuite de torture par l’administration pénitentiaire marocaine », a-t-il dénoncé.

Omar Radi a été emprisonné et condamné en 2021 pour des accusations de « viol » et d' »espionnage ». II s’était auparavant montré très critique envers le pouvoir royal.

Selon un député de gauche, Miguel Urban, cité par le journal suisse Le Temps, « cette question ne serait jamais arrivée au Parlement de Strasbourg si le Marocgate n’avait commencé d’exploser ».

Le quotidien édité à Genève a rappelé qu’en 2021, une enquête menée sur des documents confidentiels avait déjà mis en lumière des dizaines de cas de téléphones piratés par les services d’intelligence marocains, y compris au sommet des Etats français et espagnol.

« Alors que le Premier ministre socialiste espagnol, Pedro Sanchez, a récemment tourné casaque à propos du Sahara occidental, mettant fin à une ligne politique nationale constante sur plusieurs décennies, les médias espagnols, eux aussi, partent à la chasse de toutes les personnalités politiques qui ont multiplié les voyages d’agrément au Maroc, y compris dans le très célèbre et luxueux Mamounia, à Marrakech, où les invités étrangers ressortaient souvent avec de bien généreux cadeaux », souligne le journal.

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