Palmier dattier, témoin d’une tradition agraire qui forge l’identité algérienne

Palmier dattier, témoin d'une tradition agraire qui forge l'identité algérienne

ALGER – Les savoir-faire liés au palmier et à la cueillette des dattes, ressource alimentaire de valeur culturelle et économique, demeurent ancrés en Algérie à travers les âges et perpétuée à travers une culture populaire orale et écrite qui forge l’identité algérienne.

Fruit très apprécié et témoin séculaire de l’identité des populations, la datte a constitué à travers les temps, une source intarissable d’inspiration pour de nombreux artistes, poètes et écrivains.

Les savoir-faire et autres pratiques ancestrales associés à la culture des palmiers dattiers, s’incrustent dans la vie communautaire et nourrissent un patrimoine populaire oral et écrit, transmis à travers la poésie, la littérature, les chants, les dictons ou encore des légendes tissées par l’imaginaire collectif.

La culture populaire a fait la part belle au palmier et à son fruit, en puisant des significations et des images dans l’espace oasien gravées dans certains proverbes populaires.

L’écrivain Abdellah Kerroum, a convoqué dans son roman  » Ettarhane »- Prix Assia-Djebbar 2022-, la mémoire du lieu à travers le palmier, ce compagnon des habitants de la région du Touat (Adrar), réputée pour ses vastes palmeraies, ses oasis et ses ksour.

L’auteur évoque dans son œuvre le statut du palmier dans la région et ses nombreuses utilisations et vertus dans l’alimentation, la construction, l’artisanat, et les produits dérivés.

 La saison des récoltes, qui débute généralement en automne à travers les différentes oasis du pays, est également un moment de solidarité, de communion et d’entraide.

Les chercheurs en patrimoine et en anthropologie désignent l’entraide entre les propriétaires de vastes palmeraies par « lemma » ou « Twiza » (Travail d’entraide collectif exigeant une grande mobilisation de main d’oeuvre) pour prendre en charge la récolte des dattes.

Le tri des dattes obéit, lui aussi, à un rituel traditionnel qui exige de la solidarité et de l’entraide et le partage équitable des tâches.

Dans le ksar de Beriane, dans la wilaya de Ghardaia, la saison de la récolte d »el menqar », une variété de dattes murissant un peu plus tôt que les autres, est vécue comme une « fête populaire » qui incarne des valeurs traditionnelles encore reproduites de nos jours.

Bachir Kadiri, chercheur en patrimoine de la région de Timimoun, explique que la saison de la pollinisation artificielle des dattiers, appelée localement  « Eddekkar » est souvent accompagnée de chants et de poésie.

A Touggourt, enchaine ce chercheur, le palmier et la datte sont omniprésents dans la culture populaire à travers des proverbes, adages locutions et expressions populaires courantes ancrés dans l’imaginaire collectif et qui cernent le rapport profond avec le palmier dattier.

A El Meghair, le métier de grimpeur de palmiers est considéré comme un « héritage » perpétué et transmis à travers une série de savoir-faire et techniques transmises à un très jeune âge.

Fruit indispensable et présent à toutes occasions, la datte occupe une place importante chez les Algériens qui le considèrent comme un produit de terroir de générosité et de rapprochement.

Dans la  poésie et la chant, le palmier et son fruit ont inspiré d’illustres poètes comme Ben Guiton et Ben Kerriou qui ont célébré la datte et magnifié le palmier, à travers des poèmes chantés par de grands artistes comme Rabah Driasa.

A lire également

Lire également