Palestine: Washington en quête de fonds pour un plan de paix voué à l’échec

Palestine: Washington en quête de fonds pour un plan de paix voué à l’échec

WASHINGTON- L’administration américaine a lancé mardi à Bahreïn le volet économique de son plan de paix au Moyen-Orient avec l’espoir de récolter 50 milliards de dollars auprès des donateurs, alors que la proposition a suscité un large rejet dans le monde arabe.

Le plan économique dévoilé par la Maison Blanche à la veille de la conférence de Bahreïn prévoit de mobiliser près de 28 milliards (mds) de dollars pour les territoires palestiniens.

Le reste de l’enveloppe sera réparti entre l’Egypte, qui va capter 9 mds de dollars, la Jordanie 7,5 mds de dollars et le Liban 5 mds de dollars.

Parmi les 179 infrastructures et projets d’investissements proposés, figure la création d’un corridor de transport pour relier Ghaza à la Cisjordanie occupé pour un montant de 5 mds de dollars.

Jared Kushner, gendre et conseiller du président Trump à qui la Maison Blanche a confié la mission de relancer les négociations de paix entre palestiniens et israéliens a avancé lundi que ce plan devrait doubler le PIB de la région en dix ans, créer plus d’un million d’emplois, réduire le taux de chômage à moins de 10% et la pauvreté de 50%.

Kushner, dont le plan a été vivement critiqué même aux Etats-Unis, a reconnu que sa proposition pour le sauvetage économique de la région ne pouvait réussir sans un règlement politique mais sans pour autant évoquer la solution à deux Etats.

« Certains disent que cela ne peut se produire sans une solution politique nous sommes d’accord avec cette (opinion) et cela a été notre principe depuis le début », a -t-il déclaré.

Etonnamment, l’initiative américaine qui met en avant des chiffres ambitieux ne fait aucune référence à l’occupation israélienne qui, selon les institutions financières internationales à l’instar de la Banque mondiale, est le principal frein au développement économique des territoires palestiniens.

Sur le plan économique, le plan ne mentionne ni le blocus imposé à Ghaza qui a étouffé l’économie de ce territoire ni les millions des réfugiés palestiniens dispersés sur les pays de la région, commentent plusieurs observateurs à Washington.

En résumé, le volet économique du plan de paix américain est complètement « détaché de l’horizon politique « , rendant les projets d’investissements difficiles à concrétiser, affirme l’ancien directeur de l’agence américaine pour le développement international (USAID) en Cisjordanie et Ghaza, Dave Harden, cité mardi par Associated Press.

Le plan sous-estime également l’épineuse question de mobilisation des financements et la complexité de la mise en œuvre des investissements, dont l’approbation a été confiée à Israël en tant qu’acteur clé des projets, ajoute l’ancien responsable à l’USAID..

D’autres observateurs s’interrogent sur la faisabilité de cette initiative, alors que le président Trump a réduit drastiquement l’aide américaine aux Palestiniens et fermé le bureau de l’USAID dans la région.

« Le problème économique des Palestiniens n’est pas un manque d’argent, c’est un manque de liberté », a tweeté Aaron David Miller, l’ancien négociateur américain sur le dossier du Moyen Orient.

Le plan soulève, par ailleurs, des interrogations sur les intentions de l’administration américaine d’abandonner la solution à deux Etats, réaffirmée par l’ONU et la communauté internationale.

L’Autorité palestinienne a boycotté la conférence de Bahreïn dénoncant la mise à prix des aspirations du peuple palestinien.

Son président, Mahmoud Abbas, qui a dénoncé le chantage financier de Washington a déclaré que « l’économie est importante mais la solution politique est plus importante ».

L’événement, boycotté par les grandes banques américaines, ne prévoit aucune discussion sur le règlement politique du conflit.

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