Oran: l’artisan Benyacoub ouvre de nouvelles perspectives pour développer la filière cuir

Oran: l’artisan Benyacoub ouvre de nouvelles perspectives pour développer la filière cuir

ORAN- Des artisans de la filière cuir à Oran, dont Boutalbi Benyacoub, œuvrent à ouvrir de nouvelles perspectives pour le développement de ce métier face à la rude concurrence des produits manufacturés importés.

Cet artisan de 45 ans a su créer de merveilleux modèles de manteaux, de sacs à main et d’autres produits en cuir distinctifs, pouvant rivaliser avec les produits des artisans des plus grandes maisons de couture internationales spécialisées dans ce type d’industrie.

Dans une déclaration à l’APS à la veille de la Journée nationale de l’artisan qui coïncide avec le 9 novembre de chaque année, Benyacoub raconte son long parcours dans le monde du cuir, qu’il a appris en autodidacte.

« Mes débuts étaient en 1992 en tant qu’apprenti chez un tailleur de costumes classiques pour hommes, puis j’ai déménagé dans un atelier de couture du lin, au sein duquel se trouvait un autre atelier de confection de cuir qui a attiré mon attention. C’est avec amour et admiration que j’ai appris les secrets de ce métier artisanal à l’histoire authentique ».

Après avoir travaillé une courte période au domicile familial, le jeune Benyacoub a pu, au milieu des années 90 du siècle dernier, réaliser un succès remarquable dans l’industrie du cuir, ce qui l’a amené à ouvrir un atelier en partenariat avec un des marchands de matières premières, qui l’a soutenu et encouragé à entrer dans le domaine de l’industrie et du commerce.

Cependant, la propagation des produits en cuir industrialisé importés a été un obstacle pour la pérennité de ce domaine artisanal.

Face à cette situation, l’artisan a refusé d’abandonner et s’est vu contraint d’ouvrir son propre atelier pour sauver son métier et assurer sa subsistance et celle de sa famille, s’investissant dans une « véritable aventure commerciale » basée sur la diversification des produits en cuir, leur durabilité et afin de se maintenir sur le marché local.

Dans son petit atelier situé au Centre de l’artisanat traditionnel de « Haï Sabah » (à l’est d’Oran), Benyacoub, qui cumule plus d’un quart de siècle d’expérience, confectionne des manteaux pour hommes et femmes, des sacs à main, des portefeuilles, des ceintures de différents types et tailles, ainsi que des accessoires issus de l’artisanat artistique traditionnel, tels que des bracelets en cuir et des fournitures pour les pratiquants de la pêche confectionnés à la demande de certaines associations de cette activité opérant dans différentes wilayas du pays.

Grâce à sa passion et son admiration pour ce métier, il crée des pièces uniques et de haute qualité, notamment pour certains clients qui ne s’intéressent pas tant aux marques internationales qu’à l’extrême précision de leur fabrication et à la qualité de la matière première, du cuir naturel local de source animalière (bovins, caprins ou ovins). Benyakoub assure que sa marchandise n’est pas contrefaite.

A la faveur de ses compétences, les produits de cet artisan ont connu un bel essor et sont prisés par les commerçants, qui les revendent dans certains marchés européens et au Canada.

« Nous espérons accéder aux marchés étrangers, surtout que l’Algérie dispose de matières premières de renom chez les fabricants de cuir et de qualité supérieure, notamment le cuir de bovins, le prix du cuir étant moins cher que celui fabriqué à l’étranger », a-t-il souligné.

Boutalbi Benyacoub a estimé, par ailleurs, que « ceci n’est possible qu’en intensifiant les expositions à l’étranger, réserver des stands à nos produits permettant leur promotion et par conséquent pouvoir les exporter ».

Afin de suivre l’évolution de l’industrie du cuir, l’artisan s’attèle actuellement à la création d’articles en cuir portant des images des différents monuments archéologiques et historiques et des paysages naturels dont l’Algérie recèle pour contribuer à faire connaître ces sites et à les valoriser sur le plan touristique.

L’artisan a également entamé des démarches pour protéger ses produits en déposant le label commercial au nom de « Yacoub Leather 1996 », ainsi que l’image d’un cerf de l’Atlas.

Par ailleurs, cet artisan aspire à étendre son activité en fonction du développement de l’industrie du cuir, mais cela nécessite un investissement important couteux, tout en espérant qu’il puisse obtenir des facilités, lui et les artisans en général, pour des crédits auprès des banques.

D’autre part, et afin d’assurer la continuité de ce métier menacé d’extinction, Boutalbi Benyacoub dit avoir formé plus de 30 jeunes, certains d’entre eux ont même créé des ateliers à l’étranger, selon lui.

Il a souligné la nécessité d’une coordination entre les artisans et les centres de formation professionnelle pour créer une pépinière de formation dans l’industrie du cuir, considérée comme une bouée de sauvetage pour la relance de l’artisanat de la tannerie et sans laquelle les produits de la maroquinerie n’existeraient pas.

               

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