Mohamed El-Saghir Ben Al-Arabi.. le premier médecin algérien à obtenir un doctorat d’une faculté européenne

Mohamed El-Saghir Ben Al-Arabi.. le premier médecin algérien à obtenir un doctorat d’une faculté européenne - Algérie

Mohamed El-Saghir Ben Al-Arabi : Une figure exemplaire de l’Algérie, entre médecine, politique et engagement national

Mohamed El-Saghir Ben Al-Arabi, également connu sous le nom de « Belarbai », est né en 1850 à Cherchell dans une famille conservatrice et patriote, d’origine turque selon les recherches de ses descendants. Il a grandi dans une région farouchement opposée à la présence coloniale, où il a reçu une éducation religieuse et appris une partie du Coran avant d’être inscrit, grâce à son père, à l’école française.

Il poursuit ses études à l’école Napoléon III, puis au lycée d’Alger, où son intelligence et sa persévérance se distinguent parmi ses pairs. Il choisit de s’engager dans la médecine, entamant son parcours à la faculté de médecine de l’Université d’Alger avant de partir à Paris pour compléter sa formation.

Un savant enraciné dans ses valeurs
Malgré son séjour en France, Mohamed reste attaché à son identité arabe et islamique, adoptant un style vestimentaire traditionnel qui suscite l’admiration. Le cheikh Abdelrahman El-Djilali décrit sa présence : « Les savants occidentaux étaient souvent émerveillés en le voyant dans sa tenue traditionnelle algérienne modeste : une calotte, un turban, une burnous et des babouches. »

Polyglotte maîtrisant plusieurs langues étrangères et le latin, il tisse des liens avec des intellectuels, dont Victor Hugo, qui déclarait : « J’ai appris de Mohamed ce que l’école française ne m’a jamais enseigné. » Cette relation illustre l’influence intellectuelle et morale qu’il exerçait sur son entourage.

Un parcours académique remarquable
En 1884, Mohamed soutient sa thèse intitulée « La durée maximale de la grossesse et les maladies endémiques en Méditerranée », qu’il présente avec succès, obtenant la mention « Excellent ». Le président du jury souligne alors : « Nous vous rendons aujourd’hui les sciences que vos ancêtres nous ont transmises. » Sa thèse, traduite en 1891 sous le titre « La médecine arabe en Algérie », est publiée à Tunis puis dans des revues médicales à Paris.

Malgré une proposition d’adhérer au Conseil médical français, Mohamed choisit de revenir en Algérie pour servir son pays.

Médecin engagé et militant infatigable
De retour en Algérie, il ouvre une clinique dans la région de Blida et transforme une partie de sa maison en jardin botanique pour cultiver des plantes médicinales. Connu pour soigner gratuitement les démunis et pratiquer des interventions chirurgicales novatrices, il gagne le respect et l’admiration de la population.

En 1888, il est élu membre du conseil municipal et mène des actions contre les politiques coloniales, notamment en empêchant la démolition des mosquées pour construire des hôtels. En 1891, il s’oppose fermement à la substitution des tribunaux islamiques par des juridictions françaises, mobilisant les intellectuels et les médias, jusqu’à ce que le Parlement français abandonne le projet.

Un legs durable
Mohamed El-Saghir Ben Al-Arabi incarne un modèle d’engagement patriotique, associant science, culture et militantisme. Surnommé « Cheikh » par les habitants de Cherchell, il est respecté pour son dévouement, son humilité et son éthique exemplaire. Il décède le 20 octobre 1939, à l’âge de 89 ans, laissant derrière lui un héritage gravé dans la mémoire collective algérienne.

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