Mines antipersonnel: Tahar Salhi, une des victimes de la barbarie du colonisateur français

TEBESSA – Près de 58 ans après l’indépendance de l’Algérie, les stigmates des mines anti-personnel disséminées à travers de nombreuses régions de la wilaya de Tébessa, en particulier au niveau des lignes électrifiées Challe et Morice, sont encore patentes eu égard au nombre de leurs victimes qui se sont retrouvées du jour au lendemain mutilées, avec des blessures irréversibles.

A la veille de la journée internationale pour la sensibilisation au problème des mines et l’assistance à la lutte anti-mines, célébrée le 4 avril de chaque année, Tahar Salhi, l’une des innombrables victimes de la barbarie de l’occupant français, s’est confié à l’APS.

C’est avec beaucoup d’émotion que cet homme, ayant perdu sa jambe droite suite à l’explosion d’une mine en 1967, dans la région montagneuse d’El Ma Labiod, s’est exprimer pour raconter cet accident douloureux qui s’est produit quand il n’était encore qu’un petit garçon.

« Un jour, je me suis rendu avec ma famille chez mon grand-père dans la commune d’El Ma Labiod et comme tout enfant, je suis sorti m’amuser et alors que je jouais avec le ballon, j’ai entendu une forte explosion, et après plus rien je ne savais pas ce qui m’était arrivé ».

Et de renchérir: « Après avoir perdu connaissance plusieurs heures, je ne me suis réveillé à l’hôpital avec un groupe de médecins à mon chevet, des russes à l’époque, et une jambe entourée de bandages avant qu’on m’annonce que j’ai perdu ma jambe droite dans l’explosion ».

« C’est comme si la foudre s’était abattue sur moi, ce fut l’un des moments les plus difficiles de ma vie malgré mon jeune âge, et parce que je suis issu d’une famille révolutionnaire qui a fait plusieurs sacrifices pendant la glorieuse guerre de libération, j’ai trouvé le courage et la force de continuer ma vie normalement, de défier mon handicap et d’accepter la volonté divine’’, a ajouté M. Salhi.

Cette victime des mines anti-personnel a poursuivi son récit, en confiant qu’après avoir quitté l’école, il a travaillé dans des chantiers de construction, en transportant sur son dos divers matériaux de construction entre les sacs de ciment et de sable, avant de faire office de gardien de parking, fonder une famille et devenir père de 3 filles et 2 garçons, qu’il soutient et prend soin de leur éducation.

« En dépit de ma détresse psychologique, je travaille toute la journée sans le moindre ennui dans le parking que j’ai loué au centre-ville de Tébessa pour subvenir aux besoins de mes enfants », a affirmé M. Salhi, qui relève que la pension de 14.000 dinars par mois allouée pour les victimes des mines anti-personnel ne lui suffit pas pour faire vivre sa famille.

D’après les statistiques du bureau de wilaya de l’organisation nationale des moudjahidine, « Tébessa enregistre chaque année des dizaines de morts en raison de l’explosion de mines anti-personnel, notamment dans les hauteurs de la wilaya. En 2017,  un enfant est décédé dans le village de Oglat Echahm (commune au Sud de Bir El Ater), alors qu’un de ses proches a été blessé », relève-t-on.

Selon la même source, « le nombre de victimes des mines antipersonnel dans cette wilaya frontalière a dépassé les 2000 victimes, d’autant que ces engins explosifs sont toujours enfouies dans les terres des régions rurales et agro-pastorales, très parcourues par les bergers ».

De leur côté, les détachements de l’Armée populaire nationale s’efforcent d’extraire et détruire ces mines antipersonnel enracinées dans les hauteurs de la wilaya de Tébessa, afin de protéger les résidents de ces régions rudes.

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