Maroc: racisme, violence et insalubrité, l’insoutenable quotidien des migrants subsahariens

Maroc: racisme, violence et insalubrité, l'insoutenable quotidien des migrants subsahariens

RABAT – La violence, la discrimination raciale et la promiscuité font partie du quotidien des migrants subsahariens entassés dans des conditions insalubres et inhumaines dans un campement de fortune à Ouled Ziane, à Casablanca, au centre-ouest du Maroc.

La diffusion, mardi, par l’Association marocaine des droits humains (AMDH), sur sa page Facebook, d’un témoignage-vidéo, met en évidence la situation déplorable et inhumaine dans laquelle vivent les migrants subsahariens au royaume du Maroc.

Le début de la vidéo offre une vue d’ensemble sur le campement entouré par une clôture en tôle d’acier, ne disposant d’aucune installation d’accueil pour les demandeurs d’asile, ne serait-ce que des toilettes. Des images montrent une personne en train de préparer à manger à même le sol, une autre en train de réparer des chaussures, tandis qu’un groupe de jeunes, à peine sortis de l’adolescence, massés ensemble dans un petit enclos, clamaient la liberté devant la caméra.

« Nous sommes fatigués, excédés par tout ce qui se passe ici », déclare un représentant de ce groupe de migrants. Outre la promiscuité de la vie sous la tente, l’absence de travail est une grande source de souffrance pour les migrants, selon leur représentant. « Chacun de nous est venu pour aller travailler en Europe. Il n’y a pas de travail ici au Maroc », dit-il.

« On ne vous demande pas beaucoup, juste d’assumer vos responsabilités, comme l’exigent les textes internationaux régissant l’immigration que vous avez signés. Si vous ne voulez pas de nous, on peut retourner dans notre pays sans problèmes », ajoute-t-il.

Et de poursuivre: « Le comportement des Marocains nous ramène à dire qu’ils sont racistes. Des gens ne peuvent pas vivre ici », dit-il à son intervieweur. Ce migrant déplore le fait que les autorités marocaines leur interdisent l’accès à la mosquée se trouvant près du campement et la gare du coin pour se laver. D’après lui, s’ils se rendent en pareils endroits, ils risquent d’être pourchassés par des policiers.

« Ailleurs, quand tu te retrouves en difficulté tu peux aller dans une mosquée ou une église, comme le stipule la convention de Genève, mais pas au Maroc », regrette-t-il.

 

La carte migratoire pour faire chanter des pays

 

En effet, selon des ONG, des personnalités internationales, des spécialistes des questions géostratégiques et des médias internationaux, le régime du Makhzen continue d’utiliser la carte de la migration clandestine pour exercer des pressions et faire chanter des pays européens qui refusent de reconnaître sa prétendue « souveraineté » sur le Sahara occidental.

Dans son rapport annuel de 2022, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a rapporté les différents dépassements et violations des droits de l’Homme commis par le Maroc à l’encontre des réfugiés et demandeurs d’asile.

La loi de 2003 sur la migration au Maroc, toujours en vigueur, comprend des dispositions qui érigent en crime toute entrée irrégulière, sans aucune exception faite aux personnes réfugiées et en quête d’asile.

« Des groupes de la société civile ont signalé que les autorités continuaient de placer arbitrairement des personnes migrantes dans des centres de détention prévus à cet effet, avant de les déplacer de force ou de les expulser », note le rapport.

Selon le Mixed Migration Center, les arrestations de migrants et de réfugiés par le Maroc ont augmenté à la mi-2022 à Laâyoune occupée.

« Des personnes y étaient détenues dans des conditions d’hygiène déplorables, puis envoyées vers des endroits éloignés dans le désert », a-t-on critiqué.

Le document évoque par la suite le drame de Nador-Melilla, où des dizaines de migrants d’Afrique subsaharienne ont été sauvagement tués en juin dernier par la police marocaine lorsqu’environ 2000 d’entre eux ont tenté de passer la frontière.

« Des vidéos et des photographies de l’incident montrent les forces de sécurité marocaines faisant un usage excessif de la force, notamment par des passages à tabac, et la Guardia civil espagnole lançant des grenades lacrymogènes en direction des hommes qui escaladaient les clôtures », raconte la même source.

« A la suite de cet incident survenu en juin, des tribunaux marocains ont condamné des dizaines de migrants à des peines de prison pour de nombreux chefs d’accusation », a-t-on encore rappelé.

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