Maroc: la sonnette d’alarme tirée face à la précarité de l’emploi

RABAT – Une association marocaine a dénoncé la détérioration « accélérée » des conditions de travail dans lesquelles évoluent plus de 2 millions d’ouvriers et la propagation du phénomène des usines dites « clandestines », mais tolérées par les autorités qui cautionnent la violation des droits des travailleurs.

Dans un communiqué publié jeudi à l’occasion du deuxième anniversaire de la tragédie de Tanger, qui a coûté la vie à 28 ouvriers dans un atelier de textile, le Réseau Jonction pour la défense des droits des travailleurs critique « la détérioration accélérée des conditions de travail et la propagation du phénomène des usines dites secrètes, au vu et au su des autorités qui cautionnent la violation des droits des travailleurs ».

Le réseau regrette le fait que le phénomène révélé par la tragédie de Tanger « n’ait reçu aucune attention de la part des autorités concernées », car, selon la source, des usines similaires existent toujours, « réparties par centaines dans les grandes villes, où les différentes autorités tolèrent l’horrible détérioration des conditions de travail, les violations des droits des travailleurs et la menace pour leur sécurité et leur vie, sous prétexte de créer des opportunités d’emploi ».

Le réseau confirme en outre que « la politique de l’Etat en matière d’emploi n’avait pas changé après le drame, car les dispositions visant à prévenir les risques professionnels et préserver la santé et la sécurité sur les lieux de travail sont incomplètes et l’appareil de contrôle faible, sinon inefficace ».

La source évoque dans son communiqué les dangers auxquels la vie des travailleurs est exposée dans de nombreux secteurs, notamment dans le bâtiment, la mer, l’agriculture et les transports.

Les ouvriers souffrent, selon la même source, de l’épuisement professionnel dû aux pressions exercées sur eux pour augmenter la productivité. Aussi, les restrictions au travail syndical sont devenues « un facteur supplémentaire » dans la détérioration des conditions de travail, car, a-t-on ajouté, « elles privent les travailleurs des outils nécessaires pour défendre leur droit à un travail décent et à la protection contre les risques ».

L’association avertit que les conditions qui ont conduit à la tragédie de Tanger, et avant cela à l’incendie dans une usine de matelas et d’ameublement dans la périphérie de Casablanca, et à l’effondrement d’un immeuble en construction à Kenitra, continuent de se détériorer, ce qui augure de nouvelles catastrophes.

Le réseau demande également la promulgation d’une loi consacrant le droit du travailleur de refuser d’exécuter des tâches dangereuses pour sa sécurité et sa santé.

Le 8 février 2021, 29 ouvriers, en majorité des femmes, ont trouvé la mort dans une usine clandestine de textile, une tragédie qui a suscité une vague d’indignation au Maroc comme à l’extérieur du pays.

Le secteur informel représente 20% du produit intérieur brut du pays, selon les données officielles.

Au moins 2,4 millions de Marocains travaillent dans des conditions désastreuses, sans sécurité sociale, sans assurance médicale, sans plan de retraite et sans aucune protection juridique, d’après les rapports officiels.

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