MADRID – Décortiquant les 25 ans de règne de Mohamed VI, le journal espagnol « El Independiente » affirme que l’espoir suscité par son arrivée au pouvoir, en juillet 1999, a rapidement laissé place à une forte répression.
Dans un article intitulé « Mohamed VI: 25 ans de règne racontés par un journaliste d’investigation marocain », le quotidien espagnol revient, avec le journaliste Hicham Mansouri, sur son accession au trône, marquée d’abord par une volonté de rupture avec la brutalité caractéristique du précédent règne, puis par des années de plomb.
En effet, cette « période de modernité » a tourné court, souligne le journal qui relève une recrudescence de la violation des droits et des libertés, la multiplication des procès à l’encontre des journalistes, des militants et de toutes les voix dissidentes jusqu’à étouffer tout contre-pouvoir.
« La période 2014-2024 a mis fin à tout espoir », a déclaré au journal espagnol, ce journaliste marocain qui a souffert des mois de prison pour son travail et vit aujourd’hui en exil.
« Sa biographie, faite de persécutions et de résistance, témoigne du manque de libertés publiques qui étouffe aujourd’hui ce pays », fait remarquer le quotidien espagnol.
Dans son commentaire, le journaliste qualifie cette période de « l’ère des occasions manquées », déplorant « l’emprisonnement des journalistes, de militants et de toutes voix dissidentes sous des accusations fabriquées de toutes pièces (sexe, blanchiment d’argent, viol ou trafic d’êtres humains), le discrédit des médias, ou encore « l’emprisonnement d’innocents comme Nasser Zefzafi (le leader du mouvement rifain arrêté en mai 2017 et condamné à 20 ans de prison) ou les militants de la cause palestinienne ».
Les symboles du régime du makhzen « apparaissent dans presque tous les scandales et fuites, dénonce le journaliste, qui fait partie des dizaines de victimes marocaines de l’espionnage par Pegasus, un logiciel de fabrication sioniste, utilisé pour « persécuter et faire chanter les dissidents et surveiller les dirigeants étrangers ».
« Les grands projets inaugurés par le roi ont profité aux plus riches », regrette Hicham Mansouri qui cite, entre autres projets, le train à grande vitesse, le plan Azur et ses expropriations de résidences ou encore le plan vert qui « a anéanti les petits agriculteurs ».
Le journaliste avance, dans ce contexte, qu’à cette période, des mouvements se produisent dans le nouvel appareil de l’Etat qui tire les ficelles au Maroc.
Il explique au quotidien espagnol qu’ « Entre 2008 et 2009, Himma a lancé son groupe devenu parti politique (PAM) ».
« Chaque jour, l’un des piliers les plus importants de la monarchie s’érode. La peur explique le silence, mais le feu brûle depuis de nombreuses années », a-t-il averti.
Vide politique, forte répression et fronde sociale : la situation au Maroc suscite «inquiétude et peur»