L’ONU pointe le mercenariat comme facteur aggravant les conflits en Afrique

L’ONU pointe le mercenariat comme facteur aggravant les conflits en Afrique

 

NEW YORK – Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré lundi que la présence de mercenaires et autres combattants étrangers en Afrique aggravait les conflits et menaçait la stabilité du continent.

Lors d’un débat de haut niveau organisé par le Conseil de sécurité sur les activités de mercenariat en Afrique centrale, le chef de l’ONU a indiqué que des rapports suggèrent une évolution des activités de mercenariat en Afrique, se nourrissant aujourd’hui d’autres fléaux, tels que le crime organisé transnational, le terrorisme et l’extrémisme violent.

« En Afrique, au centre des discussions d’aujourd’hui, les activités des mercenaires demeurent un grave sujet de préoccupation », a reconnu le secrétaire général.

« Nous avons assisté à des activités illicites et à des trafics de groupes terroristes et mercenaires opérant au Sahel, ainsi qu’à une implication présumée de mercenaires dans les violences postélectorales en Côte d’Ivoire en 2010 », a-t-il ajouté.

Le chef de l’ONU qui a rappelé les violations des droits de l’homme contre des civils en République centrafricaine, a noté que la Guinée équatoriale elle-même a fait état de tentatives sérieuses contre son propre gouvernement.

Autant d’exemples, qui soulignent, selon lui, la nécessité de mener trois types d’actions pour relever le défi portant notamment sur le renforcement des régimes juridiques, aux niveaux mondial et national.

Il s’agit aussi de renforcer la coopération bilatérale, régionale et internationale, notamment en ce qui concerne la gestion des frontières qui sera cruciale pour enrayer le flux de libre circulation d’armements et d’acteurs étrangers armés en Afrique centrale.

Le secrétaire général a souligné la nécessité d’examiner les facteurs politiques, économiques, sociaux et psychologiques à l’origine des activités mercenaires, prônant un large éventail de mesures portant sur la lutte contre l’exclusion, la bonne gouvernance, la fourniture de services publics équitables et la protection des minorités et autres groupes vulnérables.

De son côté, le président de la Commission de l’Union Africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, qui est intervenu à ce débat par visioconférence a jugé essentiel de porter la réflexion sur « les sources d’insécurité et d’instabilité, pour faciliter l’articulation de réponses appropriées » par la communauté internationale.

« L’histoire du continent africain est jalonnée d’exemples de mercenaires impliqués dans des actions de déstabilisation, y compris des coups d’Etat, des interventions dans les conflits armés et des tentatives de prise de contrôle des ressources naturelles des pays concernés », a-t-il constaté.

Le représentant de l’UA a souligné le caractère quelquefois poreux des frontières africaines et la nature transfrontalière des défis sécuritaires auxquels le continent est confronté et qui ont favorisé la mobilisation de combattants étrangers pour servir de mercenaires.

A ces évolutions, s’ajoute l’apparition de compagnies privées de sécurité qui méritent une attention particulière, a-t-il estimé, rappelant le deuxième Forum sur la réforme du secteur de la sécurité, tenu en octobre dernier, qui a recommandé l’élaboration d’un cadre continental de régulation et de supervision des firmes de sécurité opérant dans le continent.

La Commission de l’UA travaille actuellement au suivi de ces recommandations et consultera à cet égard différents partenaires internationaux, notamment l’ONU, a-t-il précisé.

La lutte contre le mercenariat doit s’inscrire dans le contexte de la promotion de la paix et de la sécurité sur le continent, a indiqué le président de la Commission de l’Union africaine, ajoutant que l’UA est activement engagée sur ce front dans le cadre de la campagne visant à « Faire taire les armes d’ici à 2020 ».

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