L’Iran salue une initiative de dialogue de l’Arabie Saoudite pour « résoudre les problèmes communs »

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ALGER – Tout dialogue entre l’Iran et l’Arabie saoudite est susceptible de contribuer à résoudre de nombreux problèmes de sécurité et politiques dans la région, a déclaré mardi le président du Parlement iranien, Ali Larijani, louant une proposition de l’Arabie saoudite d’organiser des pourparlers afin de « résoudre des problèmes communs ».

Le ministre iranien de la Défense, Amir Hatami, avait affirmé auparavant que la sécurité dans la région du Golfe et du détroit d’Ormuz devait « répondre aux intérêts » de tous les Etats de la région, jugeant « infondées » des affirmations des Etats-Unis et de certains de leurs alliés selon lesquelles l’Iran aurait joué un rôle dans les récentes attaques contre des installations pétrolières en Arabie saoudite.

M. Larijani a félicité la déclaration du prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane dans laquelle il « souhaitait résoudre les problèmes par des pourparlers avec Téhéran ».

Le prince héritier aurait déclaré qu’il préférerait une solution politique et pacifique à une solution militaire pour régler ses différends avec Téhéran.

Le porte-parole du gouvernement iranien, Ali Rabiee, a confirmé lundi, que les dirigeants saoudiens avaient envoyé des messages au président iranien, Hassan Rohani, par l’intermédiaire du chef d’un Etat tiers, afin qu’ils mènent des négociations sur des problèmes communs.

Dans le même temps, le ministère iranien des Affaires étrangères a annoncé que l’Iran était « ouvert » à un dialogue avec le Royaume saoudien afin de régler des problèmes communs, ainsi qu’à des discussions avec les Etats de la région afin de constituer une coalition pour la sécurité de la région.

Pour sa part, le ministre iranien de la Défense a assuré dans une conversation téléphonique avec son homologue japonais, « qu’aucun pays de la région ne pouvait être en sécurité tant que ses voisins connaîtraient l’insécurité », affirmant en outre que l’Iran « a toujours cherché à établir la paix et la stabilité dans la région en coopérant avec les autres Etats régionaux ».

Les attaques menées le 14 septembre contre les installations du géant pétrolier saoudien Aramco à Abqaiq et à Khurais, et les drones abattus ont été attribués à l’Iran, poussant à la reprise de tensions entre la République islamique, les Etats-Unis et le Royaume saoudien, et également avec des pays européens.

Selon la version de Washington, ces attaques avaient « impliqué des missiles de croisière venus d’Iran » et que ces tirs constituaient « un acte de guerre », des accusations réfutées par Téhéran.

Ces attaques ont initialement divisé par deux la production de brut du royaume, alarmant les marchés mondiaux de l’énergie et accroissant les tensions régionales.

Bien que le groupe « Ansarullah » dit Houthis du Yémen aient revendiqué ces frappes effectuées en territoire saoudien, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont eux aussi imputé ces attaques à Téhéran dans une déclaration commune publiée en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.

Ceux qui accusent l’Iran « doivent fournir les preuves nécessaires », a répondu jeudi le président iranien lors d’une conférence de presse à New York. Il a néanmoins appelé l’Arabie saoudite à arrêter ses opérations militaires au Yémen, estimant que « la sécurité de l’Arabie saoudite sera garantie avec l’arrêt de l’agression au Yémen plutôt qu’en y invitant des étrangers » à y intervenir, a-t-il déclaré.

Au sujet des engagements nucléaires, M. Rohani a rappelé la poursuite des inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

En dépit des pressions de dirigeants européens, dont le président français Emmanuel Macron, M. Rohani a refusé de rencontrer son homologue américain Donald Trump à New York, réaffirmant que « les conditions n’étaient pas réunies », et soulignant que « les sanctions imposées à l’Iran depuis le retrait américain unilatéral de l’accord international sur le nucléaire iranien « sont un préalable qui ne permet pas » d’instaurer un dialogue.

« Si on parvient à la levée de ce préalable » et « si l’Amérique lève les sanctions et sa pression maximale », « bien entendu nous pourrons parler avec l’Amérique », a-t-il ajouté.

Donald Trump a parallèlement menacé de durcir les sanctions contre Téhéran depuis la tribune de l’AG de l’ONU.

 

Des appels à la « prudence » et la retenue »

 

Plusieurs pays ont appelé à une retenue et à la « prudence » dans les accusations portées contre l’Iran à propos des attaques contre les infrastructures pétrolières en Arabie saoudite.

Dans une interview diffusée par la chaîne américaine Fox News la semaine écoulée, le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré qu’il « ne pense pas qu’accuser l’Iran soit la bonne chose à faire », critiquant en outre les sanctions américaines contre Téhéran, en disant qu’elles « n’ont jamais rien résolu ».

Mercredi dernier, le prince héritier Mohammed ben Salmane a reçu le Premier ministre irakien Adel Abdel Mahdi pour des entretiens centrés sur les attaques contre les infrastructures pétrolières saoudiennes.

La rencontre entre les deux dirigeants « a porté sur les développements régionaux, en particulier sur les attaques de sabotage sur les installations d’Aramco à Abqaiq et à Khurais, évoquant le désir irakien de sécurité et de stabilité pour le royaume ».

Par ailleurs, confronté à des informations selon lesquelles les tirs seraient partis du territoire irakien, l’Irak a démenti tout lien avec ces attaques. Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a déclaré qu’il n’y avait pas de preuve que les attaques aient été lancées depuis l’Irak.

La veille, le Premier ministre pakistanais Imran Khan a affirmé avoir été chargé par Donald Trump d’une médiation auprès de l’Iran pour faire baisser les tensions.

M. « Trump m’a demandé si nous pouvions contribuer à une désescalade de la situation et peut-être obtenir un nouvel accord » nucléaire, a déclaré le responsable pakistanais à des journalistes à l’ONU, après avoir rencontré séparément le président américain et le chef d’Etat iranien, Hassan Rohani.

Le Pakistan a traditionnellement de fortes relations avec l’Arabie saoudite mais il maintient aussi des liens avec l’Iran. Islamabad est également chargé des intérêts consulaires iraniens aux Etats-Unis, en l’absence de relations diplomatiques entre les deux pays.

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