L’infirmière Aïcha Ferhat, l’incitatrice au don de sang à l’apogée de la propagation du Coronavirus

AIN DEFLA – Infirmière depuis 37 ans au centre de transfusion sanguine (CTS) d’Aïn Defla, Aïcha Ferhat s’emploie, en ces temps difficiles marqués par la propagation du Coronavirus (Covid-19), à sensibiliser les citoyens, notamment en cette période de ramadhan propice à la générosité, à offrir un peu de leur sang et, par ricochet, contribuer à sauver de nombreuses vies humaines.

Le pas alerte, cette quinquagénaire, de surcroît grand-mère, trouve chaque matin l’énergie nécessaire pour l’exercice, avec bonne humeur, de ce métier encore très féminin lequel, assure-t-elle, « me procure tant de plaisir ».

« Avant l’avènement de la pandémie, nous effectuions des sorties sur terrain en vue de sensibiliser les citoyens sur l’importance d’offrir un peu de leur sang mais par la suite les choses se sont bien évidemment émoussées au regard de la psychose induite par la propagation du Covid-19 », reconnaît Mme Ferhat.

Mais loin de se décourager en raison notamment de la limitation des déplacements à cause des risques élevés de contamination au redoutable virus, cette diplômée de l’école paramédicale de Mascara (1982) se résout à prendre attache avec les donneurs réguliers afin, dit-elle, de les inciter à « reprendre du service » (offrir un peu de leur sang à nouveau, Ndlr).

« Dès lors qu’il fallait impérativement conserver notre niveau de collecte afin de pouvoir répondre favorablement aux besoin de nos patients (notamment ceux des services de maternité, de gynécologie et de chirurgie), il fallait redoubler d’ingéniosité pour tenter de trouver des solutions », a-t-elle signalé, assurant avoir passé de longues heures au téléphone en vue d’inciter les gens à accomplir ce geste d’essence humanitaire.

Cette manière de faire a porté ses fruits dans la mesure où une fois convaincus du bien-fondé de leur action, les donneurs ont afflué en grand nombre vers le CTS d’Aïn Defla après la rupture du jeûne, assure-t-elle, non sans mettre l’accent sur les gestes préventifs observés lors du déroulement de l’opération.

« Il n’y a aucun risque à venir donner son sang car, au même titre que les hôpitaux, nous respectons l’ensemble des gestes barrières. En sus du changement et du lavage quotidien des blouses, nous procédons, plusieurs fois par jour, à la désinfection de nos locaux de même que nous mettons à la disposition des donneurs ou de simples visiteurs du gel hydroalcoolique et du savon », a-t-elle tenu à dire.

Pour elle, sa plus grande satisfaction consiste à voir la personne qui en est à sa première donation récidiver et revenir au CTS 3 mois (pour les hommes) et 4 mois (pour les femmes) après, soutenant que pour elle ainsi que pour les deux médecins activant au sein de cet organisme, le plus important est que le virus ne constitue plus une « hantise » aux donneurs potentiels.

Outre les dons de sang effectués par les citoyens, Mme Ferhat, également coordinatrice du paramédical au sein du service d’anapat limitrophe à la Direction de la Santé et la Population (DSP) de Aïn Defla, a noté que des éléments des services de sécurité (Police et Armée) s’acquittent, de manière périodique, de cette noble action.

Elle a, par ailleurs, relevé le travail accompli par l’antenne locale du Croissant Rouge Algérien (CRA) dans le domaine de la prospection des donneurs potentiels.

Invitée à s’exprimer sur le métier de paramédical exercé il y a 20 ou 30 ans comparativement à ce qui se passe de nos jours, elle a estimé que la différence réside dans l’aspect mental.

« Par le passé, nous prenions beaucoup d’initiatives personnelles, n’attendant guère de nous voir intimer l’ordre de faire telle ou telle chose, mais de nos jours, il faut littéralement +bousculer+ certains partisans du moindre effort pour qu’ils daignent, enfin, exécuter ce qui est leur est demandé », témoigne-t-elle.

 

Des actions caritatives salutaires

 

Parallèlement à son travail au sein du CTS, elle active au sein du bureau local de l’Union nationale des femmes algériennes (UNFA), prenant part à des actions d’aide au profit des démunis habitant les zones d’ombre de la wilaya.

« Grâce au concours des bienfaiteurs, nous offrons à cette frange des denrées alimentaires et des habits ainsi que des bavettes et des produits de désinfection », détaille-t-elle.

Pour ses collègues de travail, Mme Ferhat constitue l’exemple modèle de l’amour porté à la fois aux gens et à son travail, « généreuse et ayant toujours une oreille attentive aux sollicitations dont elle fait l’objet ».

Plus qu’une infirmière, Aïcha est devenue au fil du temps une « complice » des donneurs, observe, pour sa part, le directeur de la santé et la population (DSP) de Aïn Defla, Hadj Sadok Zoheir à l’occasion de la Journée internationale des infermières.

« Elle ne triche jamais et se donne à fond pour s’acquitter de sa mission et avoir la conscience tranquille », soutient-il, mettant en avant ses qualités morales

Son enthousiasme et son désir de prêter assistance aux autres a fait qu’elle décida, au lendemain du tremblement de terre ayant frappé Boumerdes (mai 2003), de se rendre vers cette région sinistrée à l’époque en vue de mettre un peu de baume au cœur de la population meurtrie.

« Laissant mari et enfants, cette sacrée dame débarque en compagnie d’une consœur à Boumerdes où elle a élu domicile au niveau d’une tente trois mois durant », se rappelle le directeur de la Prévention à la DSP de Aïn Defla, Belkacem Khélidj.

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