ALGER- Les élections législatives qui auront lieu jeudi en Grande-Bretagne revêtent d’une grande importance d’autant qu’elle détermineront la politique étrangère de ce pays notamment en ce qui concerne sa sortie de l’Union européenne (Brexit) qui peut avoir des répercussions notamment sur les milieux d’affaires, relèvent des analystes.
Le référendum du 23 juin 2016 sur le Brexit a plongé l’Union européenne dans l’incertitude et le désordre en y libérant des réflexes « nationalistes » et des visions contradictoires.
Ainsi, le »Non » surprise des Britanniques au maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne (à 51,89%) a certes été béni par un vote parfaitement respectueux des règles démocratiques mais, depuis plus de trois ans maintenant, la construction européenne n’a plus d’élan.
Depuis 2016, les dirigeants européens n’ont pas su trouver une issue valable à la crise qu’avait généré le vote de 2016 sur le Brexit.
Incapable de saisir le verdict des urnes anglaises pour redéfinir clairement son projet et son avenir, l’UE donne depuis le sentiment d’être un assemblage de pays divisés, plus préoccupés de leurs intérêts nationaux que de leur destin commun, unis par la peur du vide si, soudain, tout se détricotait plus que par un profond désir de vivre ensemble, selon les analystes.
L’impasse dans laquelle s’est retrouvé le Royaume Uni avec l’UE est d’autant plus contraignant que tous les regards sont fixés au élections législatives qui sont prévues pour demain.
Les conservateurs du Premier ministre britannique Boris Johnson ont été favorisés par les sondages mais l’écart avec l’opposition travailliste se réduit, selon un sondage YouGov publié mardi soir.
Interrogés sur leur intention de vote si les élections avaient dû se tenir mercredi, 43% des sondés ont répondu conservateur, et 34% Labour (travailliste).
D’après la projection en sièges, le parti du Premier ministre Boris Johnson en remporterait 339 (+22 par rapport au précédent scrutin de 2017).
C’est 20 de moins que lors des précédentes projections de Yougov, le 28 novembre. Mais ce serait « la meilleure performance des conservateurs depuis 1987 en termes de sièges », souligne l’institut, ce qui garantirait à M. Johnson la majorité nécessaire pour « réaliser le Brexit ».
Le leader des conservateurs a en effet axé toute sa campagne autour de ce slogan après avoir convoqué des législatives anticipées, les deuxièmes depuis le référendum sur le Brexit en 2016. Son but: réunir la majorité qui lui faisait jusqu’ici défaut pour faire adopter l’accord de sortie de l’Union européenne négocié avec Bruxelles.
En face, l’opposition travailliste devrait être élue dans 231 circonscriptions, soit 31 de moins qu’en 2017. Le nombre de sièges que risque de perdre le Labour au profit des conservateurs s’est réduit depuis fin novembre, passant de 44 à 29.
Quelque 100.000 personnes ont été interrogées au cours des sept derniers jours sur leurs intentions de vote, selon YouGov. La méthode utilisée avait fait parler d’elle en 2017 car elle avait alors permis de correctement prédire un Parlement sans majorité, à contre-courant des autres sondages qui donnaient les conservateurs gagnants.
Inquiétude des milieux financiers quant à l’issue du scrutin
Les hommes d’affaire britanniques se préparaient à passer une nuit blanche jeudi pour les élections législatives afin d’être prêts à réagir à toute surprise à même de chahuter les marchés, bouleversés par le choc du référendum sur le Brexit. La tension monte dans les salles de marché de la City, coeur financier du Royaume-Uni et deuxième place financière au monde, qui devront être capables d’encaisser un mouvement brusque de la livre sterling et de rassurer des clients potentiellement inquiets, selon les médias.
Les premières estimations des résultats des élections législatives sont attendues à 22H00 GMT, mais si le scrutin est serré il faudra attendre plusieurs heures avant d’avoir une idée claire sur la composition du futur Parlement. Les enjeux sont élevés: il s’agit de débloquer l’impasse autour du Brexit, qui plombe l’économie britannique depuis trois ans et demi, et rime désormais avec récession.
Craig Erlam, analyste chez le courtier en ligne Oanda, rappelle que les marchés se sont pas mal trompés lors des récents scrutins: ils ont prédit à tort un vote contre le Brexit en 2016 ou une majorité confortable pour Theresa May en 2017. « On se demande quelles surprises sont en magasin pour demain », prévient-il.
Le géant bancaire britannique HSBC, qui dispose de bureaux à travers le monde, prévoit de mobiliser davantage de personnel à Londres durant la nuit. Les effectifs à New York et Hong Kong seront également renforcés.
« Nous aurons les ressources pour fournir un service continu à nos clients », indique un porte-parole de la banque.
Les sociétés de courtage, spécialisées dans le marché de change international et qui ne « ferme » pas la nuit, seront particulièrement aux aguets, face aux potentiels secousses sur le cours de la livre. »Nous allons augmenter nos effectifs dans la nuit et nous nous préparons à une séance potentiellement très volatile », souligne Neil Wilson, analyste au sein du courtier Markets.com.
« Tout le monde sera rivé à son bureau vendredi matin pour la réouverture du marché dans le nouveau monde que les électeurs auront choisi », avec les premiers échanges à la Bourse de Londres à partir de 08H00 GMT, prévient M. Wilson.
Si les investisseurs professionnels se mobilisent, les particuliers en revanche pourraient ne pas se précipiter. « Il y a pas mal de lassitude concernant les élections (…). Il est imprudent de prédire le résultat et dangereux de prendre des décisions d’investissement qui pourraient avoir un impact important sur le portefeuille si vous faites le mauvais choix », explique Adrian Lowcock, un responsable du courtier Willis Owen.
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