Le marché de Yennayer à Tizi-Ouzou, un carrefour de l’authenticité et de la richesse patrimoniale

TIZI-OUZOU – Au-delà de l’aspect commercial, le marché de Yennayer, ouvert cette semaine à la placette Mbarek Ait Menguellet (ex-gare routière) de Tizi-Ouzou, à l’occasion de la célébration du nouvel an amazigh (12 janvier) et qui se poursuivra pendant quatre jours, est un espace qui reflète l’authenticité et la richesse du patrimoine nationale.

Le site de l’ancienne gare routière s’est transformé en une large palette colorée de divers produits agricoles et artisanaux du riche terroir national, exposés par des producteurs venus de différentes régions du pays pour célébrer Yennayer (nouvel an amazigh) avec les habitants de Tizi-Ouzou dans l’union, la fraternité, le partage et l’abondance, comme le veut la tradition en pareille occasion.

Légumes secs et céréales, nécessaires pour préparer un plat traditionnel pour « Imensi n’yennayer » (dîner de Yennayer), dont le couscous au poulet et aux sept légumes secs de Tizi-Ouzou, la Rechta, ou le couscous aux raisins secs ou encore le « Cherchem » (blé et autres légumes secs cuits à l’eau), comme le veut la tradition à Boumerdes, El Merdoud (ou Berkoukes) au poulet d’Adrar, sont proposés dans ce marché à des prix abordables.

On y trouve également du poulet fermier local, des épices produites par des artisans, pour relever et parfumer les plats traditionnels, des paniers en osier et raphia pour y mettre ses emplettes, de belles poteries pour cuisiner le dîner du nouvel an et toutes sortes d’ustensiles en bois et en terre cuite pour servir le repas de Yennayer.

Outre les produits agricoles qui font un clin d’œil à la générosité de la terre nourricière et à la richesse du sol algérien, ainsi que des produits du terroir qui rappellent le savoir-faire séculaire des différentes régions du pays, les stands du marché de yennayer sont joliment ornés de produits qui célèbrent la richesse du patrimoine matériel et immatériel national, dont des produits d’artisanat traditionnel avec un soupçon de modernité justement dosé qui n’enlève rien à son authenticité.

 

Yennayer, une occasion pour se ressourcer

 

Les animateurs du marché de Yennayer ont estimé que cette célébration, organisée avec l’implication de plusieurs directions (commerce, culture et des arts, services agricoles, artisanat et de métiers, jeunesse et sport, entre autres), doit être une occasion pour se retourner vers soi et reprendre de notre patrimoine toutes les belles choses léguées par nos aïeux, que ce soit en réutilisant les objets traditionnels en matériaux naturels ou en ravivant les valeurs de partage et de fraternité.

C’est ce qu’a souligné l’exposant Hocine Khedir, dit Moulay, de la wilaya de Biskra qui expose la raffinée et la très recherchée datte Deglet Nour protégée par le label « Deglet nour de Tolga » (Indication géographique, IG), et met en avant la diversité des dattes produites en Algérie, qui a souligné l’importance de « préserver et de transmettre nos traditions séculaires ».

Il a aussi ramené dans ses bagages, d’autres variétés de dattes dont la « Takerboust », ainsi que des produits faisant référence aux traditions du sud algérien, comme le « Rob » appelé aussi miel de dattes, le henné très utilisé par les femmes du Sahara, notamment pour tatouer leurs mains et pour renforcer et donner une belle couleur à leurs cheveux. Il a également ramené les « meilleures cacahuètes d’Algérie, celles produites à Metlili (Ghardaïa) », selon Moulay.

« Pour accueillir Yennayer appelé à Biskra ‘Bab El Aâm’, les familles dans plusieurs régions du Sahara, tel que Tit, une oasis dans la région de Tidikilt, Adrar, Beni Abbes, Timimoune, préparent beaucoup plus le couscous », a-t-il indiqué.

D’autres plats sont servis à l’occasion, dont « Khobz Rguig », une galette fine à base de semoule de blé, d’eau et de sel, appelée dans d’autres wilayas du sud « Khobz El Guela » ou encore « Aghroum Isdiden », qu’on émiette et arrose de sauce rouge à la viande et « El Merdoud » (Berkoukes) au poulet.

On met aussi du henné aux enfants et on allume des bougies signifiant l’arrivée des jours lumineux, a-t-il poursuivi.

De son côté, Abdelmalek Yekhlef de Tiza dans la commune de Beni Amrane (wilaya de Boumerdes), a exposé une riche palette de céréales, de couscous et de produits de la montagne, notamment, le Caroube présenté sous différentes formes: entier, en poudre, concassé, Mdecheche (réduite en graine), roulé, ou transformé en miel (Rob).

Les produits du caroubier, utilisés jadis pour traiter certains troubles du système digestif aussi bien pour les humains que pour les animaux d’élevage, puis abandonnés, suscitent ces dernières années un regain d’intérêt chez les populations rurales qui entretiennent et cultivent cet arbre, soit pour transformer eux-mêmes ses fruits, comme le fait la famille de M. Yekhlef, ou pour les vendre à des transformateurs, a-t-il indiqué.

Outre son utilisation médicinale, la gousse de caroube (pulpe et graine) est aussi exploitée dans d’autres domaines tels que l’industrie agroalimentaire pour la production d’additifs alimentaires (épaississant, stabilisant, liant et gélifiant) et de substituant du cacao exploité dans les confiseries, les biscuits et autres produits transformés, a expliqué l’exposant.

« C’est un produit du terroir qui vaut son pesant d’or », selon Abdelmalek Yakhlef, ne pensant pas si bien dire, car jadis les graines de caroube, toutes régulières, étaient utilisées comme unité de mesures par les bijoutiers, un carat correspondant au poids d’une graine de caroube (200 milligrammes).

D’autres exposants qui ont présenté d’autres produits, dont des objets de vannerie, des ustensiles en bois, des poteries, des tapis et habits traditionnels, des fruits et légumes bios, des produits de la ruche, ont souligné que Yennayer est une opportunité pour rappeler la richesse et la diversité du patrimoine matériel et immatériel de l’Algérie, à travers les produits et les traditions qui entourent la célébration de l’avènement du nouvel an amazigh.

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