Le Front Polisario exhorte les pays européens à prendre des mesures contre l’expulsion par le Maroc des observateurs internationaux

MADRID – La représentante du Front Polisario en Espagne, Kheira Boulahy, a exprimé mardi sa condamnation la plus ferme de la politique du régime marocain et du blocus imposé aux zones occupées du Sahara occidental en empêchant l’accès au territoire à des journalistes et observateurs internationaux.

Dans une déclaration publiée après l’expulsion, par les autorités d’occupation marocaine, de l’avocate espagnole Cristina Martinez Benitez de Lugo, Mme Boulahy a averti que « l’expulsion des observateurs internationaux, le manque de pression de la communauté internationale et l’absence de mécanismes des droits de l’Homme pour la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental, encouragent une puissance occupante à prononcer des peines sévères et illégales à l’encontre de militants pacifiques ».

 La représentante du Front Polisario a dénoncé « l’attitude préoccupante du Maroc et l’impunité avec laquelle il opère »,  demandant aux pays de l’Union européenne, principalement l’Espagne et la France, de garantir la libre circulation de leurs citoyens et de garantir l’accès des observateurs internationaux dans les zones occupées du Sahara occidental.

La diplomate sahraouie a rappelé à l’Espagne sa responsabilité en tant que « puissance administrante du territoire sous occupation militaire marocaine » et a demandé au gouvernement de Pedro Sanchez « d’assumer ses responsabilités et d’exiger le respect de la réglementation internationale ».

L’avocate espagnole Cristina Martinez a été empêchée, dimanche, pour la deuxième fois en moins d’un mois par l’occupant marocain de se rendre dans la ville de Laâyoune occupée où elle devait assister au procès intenté contre 8 militants sahraouis.

Arrivée dimanche à l’aéroport de Casablanca avant de se rendre à Laâyoune occupée, l’avocate espagnole s’est vue interdire de continuer son chemin vers la capitale sahraouie par des agents marocains sans lui fournier aucun motif à ce sujet, a indiqué l’agence de presse espagnole Efe.

« La police marocaine m’attendait à la porte de l’avion. Sans m’expliquer, ils m’ont informé que je ne pouvais pas me rendre dans les zones occupées du Sahara occidental », a déclaré Mme Martinez, qui a été déjà expulsée par les autorités d’occupation marocaines le 6 août dernier.

L’avocate espagnole devait assister en tant qu’observateur international au procès illégal convoqué par le régime marocain contre 8 militants sahraouis arrêtés le 19 juillet dernier, après les manifestations pacifiques de célébration de la victoire de l’équipe d’Algérie de football lors de la finale de la coupe d’Afrique des Nations.

Ce jour-là, la célébration avait culminé avec le meurtre d’une jeune manifestante sahraouie, Sabah Othman Omeida et plusieurs cas de blessés graves parmi les manifestants causés par l’intervention violente des agents de la police marocaine venus réprimer les Sahraouis.

Selon des sources médiatiques locales, la jeune militante sahraouie a été tuée par un véhicule de la police marocaine qui a foncé à pleine vitesse sur la foule sortie célébrer pacifiquement la victoire de l’équipe algérienne face à la sélection sénégalaise.

Au cours de ces manifestations, des dizaines d’autres militants sahraouis ont été arrêtés arbitrairement par les forces d’occupation marocaine et aucun détail n’a été communiqué sur leur état de santé et leur lieu de détention.

C’est en l’absence des observateurs internationaux et avec une procédure jugée « illégale » par des organisations de défense des droits de l’Homme que devra commencer, aujourd’hui, le procès des 8 jeunes militants sahraouis.

Durant l’année 2019, le Maroc a expulsé plus de 30 observateurs internationaux, avocats et journalistes qui devaient se rendre au Sahara occidental occupé pour s’enquérir notamment de la situation des droits de l’Homme et des conditions de détention des militants politiques sahraouis.

Plusieurs organisations internationales ont condamné cette attitude marocaine, exigeant le respect de la légalité internationale et l’entrée libre aux observateurs des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés.

A lire également

Lire également