Le fonds souverain norvégien exclut une société sioniste impliquée dans l’exploitation illégale des ressources sahraouies

BRUXELLES – Le fonds souverain norvégien, le plus gros au monde, a annoncé avoir exclu le groupe sioniste Delek de son portefeuille, en raison de ses activités liées à l’exploration pétrolière illégale au large du Sahara occidental occupé, a indiqué l’Observatoire international Western Sahara Resource Watch (WSRW).

« Le 18 décembre 2023, le fonds souverain du gouvernement norvégien, doté de 1500 milliards de dollars, a annoncé avoir exclu le groupe Delek de son portefeuille en vendant son investissement d’environ 57 millions de dollars », a précisé WSRW, relevant que la raison invoquée est que la filiale de la société sioniste, NewMed Energy, a signé, en décembre 2022, un contrat d’exploration pétrolière avec le Maroc, couvrant le permis au large de la ville occupée de Boujdour.

L’ONG a notamment relayé une analyse de 15 pages publiée par le Conseil d’éthique du fonds souverain du gouvernement norvégien – datée du 30 mai 2023 – dans laquelle il souligne que le Maroc « n’a pas de droits légaux et souverains » sur les ressources du Sahara occidental, déplorant le fait que, depuis 2001, le Makhzen explore au large du territoire sahraoui qu’il maintient sous occupation militaire, à la recherche de pétrole et de gaz.

Le Conseil du fonds souverain norvégien a considéré les activités d’exploration du Groupe sioniste Delek au large du Sahara occidental comme « une violation grave des règles éthiques fondamentales (…) du fonds, car l’activité n’est pas menée conformément aux souhaits et aux intérêts du peuple du Sahara occidental, et parce que cela contribue à maintenir une situation non résolue dans la région ».

Le document a notamment contesté la prétention de Rabat d’avoir un soi-disant « droit légal » en matière de réglementation des activités d’extraction des ressources au Sahara occidental.

« Il n’existe pas de règles claires sur l’exploitation des ressources naturelles dans une telle zone », note le Conseil, soulignant que dans le cadre du droit international, les puissances administrantes des territoires non autonomes (l’Espagne dans ce cas) « ont l’obligation de gérer les territoires conformément aux souhaits et aux intérêts des peuples de la région ».

« Etant donné que l’ONU ne reconnaît pas le Maroc comme puissance administrante légitime du Sahara occidental, on pourrait faire valoir que les règles établies pour les territoires non autonomes ne s’appliquent pas dans cette situation. L’avis juridique émis par le conseiller juridique de l’ONU en 2002 est basé sur une analogie avec les obligations des puissances administrantes des territoires non autonomes », ajoute la même source.

« Une approche alternative pourrait être une évaluation fondée sur le droit international humanitaire (et) cela imposerait probablement des limitations encore plus strictes aux opérations des entreprises dans la zone, comme le conclut l’avis juridique du conseiller juridique de l’Union africaine (2015) », précise encore le Conseil.

WSRW a fait savoir que le groupe sioniste Delek est la quatrième compagnie pétrolière à être exclue du portefeuille du fonds souverain norvégien en raison de son implication dans l’exploitation illégale des ressources sahraouies.

La première a été la société américaine Kerr-McGee en 2005, suivie en 2016 par Kosmos Energy et son partenaire britannique Cairn Energy, souligne l’ONG, notant que le fonds norvégien a également pour habitude d’exclure les clients de longue date du phosphate du Sahara occidental, exporté illégalement par la compagnie marocaine de phosphate OCP.

Dans ce contexte, l’Observatoire international appelle les autres investisseurs du groupe sioniste Delek, comme Deutsche Bank, Vanguard Group et BlackRock, à agir de la même manière que le fonds gouvernemental norvégien.

« Nous saluons la décision bien fondée du fonds souverain du gouvernement norvégien. Sa conclusion va droit au but du double problème : le Maroc n’a pas le droit de délivrer de telles licences et les Sahraouis n’ont pas exprimé leur consentement (…) », a déclaré Erik Hagen, membre du Conseil d’administration de Western Sahara Resource Watch.

« Nous trouvons les opérations du Groupe Delek sur le territoire profondément problématiques. La société (sioniste) doit respecter le droit du peuple sahraoui à gérer ses propres ressources et mettre fin à ses relations avec la puissance occupante du territoire », a-t-il ajouté.

Seules deux sociétés disposent actuellement de licences d’exploration pétrolière et gazière au Sahara occidental occupé et toutes deux sont sionistes. En plus du Groupe Delek, Ratio Petroleum dispose d’un permis au large de Dakhla occupée.

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