Le bombardement de Laghouat en 1852, « un génocide »

ALGER- Des participants à une conférence organisée, mercredi à Alger, ont affirmé que le bombardement perpétré à Laghouat le 4 décembre 1852 par l’armée coloniale française était « un génocide » et « crime à part entière contre l’humanité ».

Intervenant lors de la conférence organisée au Forum du Moudjahid par l’Association « Mechaâl Echahid », des spécialistes ont précisé que le génocide de Laghouat était considérée comme « le premier massacre commis à l’aide d’armes chimiques (Chloroforme) dans le monde contre des civils de Laghouat, avant de les mettre dans des sacs et de les brûler ou enterrer vivants ».

Le bombardement chimique a exterminé, en l’espace de quelques jours, les deux tiers des habitants de Laghouat qui, dès lors, tomba entre les mains du colonisateur, ont-ils déploré.

A ce propos, la juriste et avocate, Fatma Zohra Benbraham a expliqué que, d’un point de vue juridique, l’utilisation des armes chimiques à Laghouat en 1852 ne pourrait être autre qu’une hécatombe et un crime imprescriptible contre l’humanité, précisant que ce massacre, à l’instar des génocides perpétrés durant la colonisation, requerrait une poursuite judiciaire à l’échelle internationale.

Il n’est pas possible, dans ce cas de figure, poursuit-elle, de qualifier les faits en question de bataille, car « la bataille, d’un point de vue légal, se livre entre deux armées quand bien même disproportionnées ».

L’avocate a mis en avant l’impérative coordination entre les historiens et les défenseurs des droits de l’homme pour agir au niveau des instances internationales compétentes, la Cour internationale de justice notamment.

Elle a appelé également les hautes autorités du pays à braquer la lumière sur la vie du chef de la résistance de Laghouat Benchohra Bennacer et de restituer ses ossements en vue de les ré-inhumer dans sa ville natale.

L’expert dans les affaires nucléaires, Merzak Remki a plaidé, quant à lui, pour « l’adoption d’une approche claire vis-à-vis de la France qui devrait assumer ses responsabilités historiques pour ce qui est des exterminations ou les autres crimes contre l’humanité perpétrés », soulignant dans ce sillage, « l’importance de déclassifier les archives coloniales relatifs aux armes nucléaires, chimiques et biologiques utilisées en Algérie à l’image des archives françaises des essais nucléaires en Polynésie ».

Intervenant à l’occasion, le chercheur en génie nucléaire, Dr Amar Mansouri est revenue sur la chronologie de l’usage des armes chimiques en Algérie depuis le bombardement de Laghouat au chloroforme prohibé par la communauté internationale.

« La colonisation française avait commis de nombreux crimes à l’encontre du peuple algérien et n’a pas hésité, depuis 1830, à recourir aux armes prohibées », a fait savoir l’expert.

Pour décrire à juste titre l’atrocité des massacres commis, un certain 4 décembre 1852, par la France coloniale contre des civils à l’aide d’armes chimiques, le génocide de Laghouat est qualifié dans le langage courant de « l’année de la Khalia ou de la Chekara » (extermination ou sacs), et est resté, depuis, gravée à jamais dans la mémoire populaire.

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