L’ambassadeur Bouguerra pointe la multiplication des agendas extérieurs en Libye

L’ambassadeur Bouguerra pointe la multiplication des agendas extérieurs en Libye

WASHINGTON – L’ambassadeur d’Algérie à Washington, Madjid Bouguerra, a pointé mardi à Washington la multiplication des agendas extérieurs en Libye, qui a empêché jusqu’ici le rétablissement de la paix dans ce pays.

Invité lors d’un débat à Washington à s’exprimer sur l’approche de l’Algérie au règlement de la crise libyenne, M. Bouguerra a expliqué que les efforts de paix en Libye se heurtaient actuellement à l’interférence de plusieurs acteurs externes qui portent des agendas différents pour ce pays.

« L’Algérie n’a pas d’agenda en Libye, son seul agenda c’est celui de promouvoir une solution inter-libyenne sans ingérence étrangère », a déclaré l’ambassadeur lors de ce débat consacré au rôle de l’Algérie dans la lutte antiterroriste régionale, organisé par le Think Tank Center For The National Interest.

Et d’ajouter que « l’Algérie, en tant que pays voisin, soutient pleinement les efforts et la feuille de route de l’ONU pour un règlement politique entre toutes les parties libyennes sans ingérence étrangère », précisant qu’elle se tient à « équidistance » des acteurs en Libye tout en maintenant « un contact régulier » avec eux.

L’ambassadeur a soutenu que la communauté internationale avait besoin de travailler avec tous les acteurs libyens, en intégrant également au processus de réconciliation « ceux qui détiennent les armes ».


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« Vous ne pouvez travailler uniquement avec les politiques », a indiqué Madjid Bouguerra. Encore, faut-il pour la réussite du processus que « les acteurs externes unifient leurs agendas » contradictoires en Libye, a-t-il relevé.

Le diplomate algérien est longuement revenu sur les questions régionales, en affirmant que « l’Algérie demeurait engagée pour la paix en Libye, au Mali, au Sahara Occidental », et à l’effort de la lutte contre le terrorisme avec ses voisins de l’est et de l’ouest et ainsi qu’avec ses partenaires internationaux.

Avec les Etats-Unis, « la qualité et l’efficacité de la coopération dans le contre terrorisme est une source de satisfaction pour les deux pays », s’est-il félicité.

« Les Etats-Unis et d’autres partenaires estiment à juste titre que l’Algérie, comme le disait l’ancien président George Bush, apporte cette unique perspective à cette lutte et ce grâce à notre expérience de lutte contre ce fléau », dont s’inspirent plusieurs pays, a-t-il noté.

 

De multiples défis

A l’instar des autres pays maghrébins et sahéliens, l’Algérie fait face à des menaces sécuritaires qui sont exacerbées par la persistance des groupes terroristes dans la région et le retour des combattants étrangers, a-t-il indiqué devant un parterre de diplomates étrangers et de journalistes présents à cette rencontre.         

A ces défis s’ajoutent ceux du financement du terrorisme, du besoin urgent pour la déradicalisation et de la progression de l’islamophobie en occident qui est actuellement exploitée par les groupes extrémistes pour justifier leurs actes terroristes.

L’ambassadeur a tenu à rappeler que la réponse de l’Algérie au fléau du terrorisme durant « la décennie noire », ne s’est pas bornée à l’aspect sécuritaire, mais a intégré de façon graduelle un ensemble de politiques qui ont fait leurs preuves en apportant paix, stabilité et sécurité au pays. Ce train de mesures se fonde sur l’idée que l’option sécuritaire, bien qu’essentielle, demeure insuffisante à elle seule, a-t-il dit.

 

Sahel : s’approprier la lutte contre le terrorisme

Le débat qui a été suivi par une série de questions-réponses a été aussi l’occasion d’évoquer les relations de l’Algérie avec les Etats-Unis, la Russie et la France.

Interrogé sur les perspectives des relations algéro-françaises, l’ambassadeur, a répondu qu’elles sont importantes dans tous les aspects en dépit du fait qu’elles soient des fois « difficiles et sensibles » en raison du lourd passé colonial.

« Nous avons eu beaucoup de déceptions avec les Français et si vous leur demander ils vous diront aussi qu’ils ont eu beaucoup de déceptions avec les Algériens mais je crois que les autorités des deux pays réalisent l’importance de ces relations pour Alger et Paris ».

« Ce que nous disons à nos partenaires français : nous devons nous rendre compte que tous les deux nous sommes matures et les relations bilatérales doivent être traitées entre pays matures », œuvrant pour des intérêts communs, a-t-il affirmé.

L’ambassadeur a reconnu que si les deux pays parviennent des fois à faire avancer certains de leurs intérêts économiques, des divergences subsistent sur d’autres questions politiques d’intérêt commun.


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Citant l’exemple du Sahel, l’ambassadeur a fait remarquer que la présence militaire étrangère n’a pas apporté les résultats escomptés, soulignant que les pays de la région ont besoin de s’approprier leur lutte contre le terrorisme pour réussir à contrer l’extrémisme violent.

Sur les relations avec la Russie, Madjid Bouguerra a précisé que sur le plan économique elles sont plutôt centrées sur la coordination en matière de production d’énergie en particulier au sein de l’alliance Opep-non Opep.

S’agissant des relations militaires, l’Algérie qui a été un important client de l’armement russe a entamé ces dernières années une politique de diversification des fournisseurs et s’équipe militairement auprès de nombreux pays comme les Etats-Unis, l’Allemagne, le Royaume Uni.

Mais il a tenu à relever que la Russie et la Chine étaient les seuls pays qui ont accepté de vendre des armes à l’Algérie, alors qu’elle menait son combat seule contre le terrorisme durant la décennie noire.

Ce n’est qu’après les attentats de 2001 que les pays occidentaux qui ont refusé d’équiper l’Algérie en armement ont pris conscience de l’ampleur de ce fléau qui menace la paix et la sécurité internationales, a-t-il indiqué.

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