La société de conseil internationale COWI s’engage à ne plus entreprendre de projets au Sahara occidental occupé

ALGER- La société de conseil internationale COWI s’est engagée auprès du Pacte mondial des Nations unies (UNGC) à ne plus entreprendre de projets au Sahara occidental occupé, tant que le conflit n’est pas résolu et le respect des droits de l’homme dans ce territoire n’est pas garanti.

« Tant que la situation au Sahara occidental n’est pas résolue et que l’ONU continue de souligner que le respect des droits de l’homme sur le territoire doit être amélioré, COWI ne s’engagera pas dans d’autres projets situés dans ledit territoire », a écrit la société à l’intention du Pacte mondial des Nations unies (UNGC), dont COWI est membre.

Ce pacte est une initiative des Nations unies lancée en 2000 pour inciter les entreprises du monde entier à adopter une attitude socialement responsable en s’engageant à intégrer et à promouvoir plusieurs principes relatifs aux droits de l’homme, aux normes internationales du travail, à l’environnement et à la lutte contre la corruption.

L’engagement de COWI à ne plus participer à de nouveaux projets au Sahara occidental occupé a été publié, en février dernier, dans un dossier dit « Communication sur le progrès » auprès du Pacte mondial des Nations Unies (UNGC).

En 2019, COWI a signé un accord avec une société étrangère qui, à son tour, avait un contrat avec l’Office chérifien des phosphates (OCP), une société marocaine qui exploite ce minerai dans les territoires occupés du Sahara occidental. L’opération concernait la construction d’un nouveau port et d’une usine pour l’exportation de produits fertilisants de ces territoires.

Selon COWI, l’engagement initial de la société « n’a déclenché aucun signal d’alarme dans le processus de sélection des risques du projet de COWI » et qu’il n’existe actuellement « aucune prévention réglementaire » contre le type de travail que COWI a été chargé d’entreprendre.

Néanmoins, l’entreprise reconnaît que « les questions de responsabilité juridique sont distinctes de notre responsabilité de respecter les principes du Pacte mondial des Nations unies », sachant que les principe 1 et 2 de ce Pacte précisent que l’entreprise affiliée au Pacte « doit soutenir les droits de l’homme ».

« De ce fait, COWI est censé, en vertu du principe 2 du Pacte mondial des Nations unies, garantir que nos pratiques commerciales ne sont pas complices de violations des droits de l’homme, notamment en étant impliquées dans des violations des droits de l’homme causées par une autre entreprise, un gouvernement, un individu ou un autre groupe. Alors que nous croyons fermement que nos services sur le projet en question ne provoquent pas directement de violations des droits de l’homme, nous reconnaissons qu’ils contribuent au développement d’un territoire dans lequel l’ONU souligne l’importance d’améliorer les droits de l’homme, et où plusieurs ONG, y compris Amnesty International et Human Rights Watch ont des affirmations bien étayées selon lesquelles ces droits humains des habitants autochtones ne sont pas respectés », a affirmé la société de conseil.

Ainsi, a-t-elle poursuivi, « afin d’assurer et de maintenir notre ferme engagement à respecter strictement le principe 2 du Pacte mondial des Nations unies, COWI modifiera son processus d’évaluation des risques pour mettre davantage l’accent sur le risque de violations des droits de l’homme, y compris les conflits territoriaux, dans le cadre de nos décisions de s’engager dans des projets à l’avenir ».

L’Observatoire international Western Sahara Resource Watch (WSRW) a félicité COWI pour sa décision « bien fondée ».

« COWI a le mérite d’avoir adopté une position aussi claire sur le Sahara occidental. Nous espérons que d’autres entreprises responsables dans le monde suivront l’exemple de COWI. L’éthique n’est pas une question de réglementation, mais une question de bon sens. Il ne faut pas aider et encourager une puissance occupante à consolider une occupation étrangère.

Cela s’applique particulièrement aux entreprises qui prétendent adhérer aux principes du Pacte mondial des Nations unies », a déclaré Morten Nielsen, membre du conseil d’administration de WSRW.

L’Observatoire international WSRW rappelle, à l’occasion, qu’en 2011, le Pacte mondial des Nations unies a exclu la société lituanienne Lifosa, car elle n’a pas répondu aux demandes de la société civile concernant les importations par la compagnie de minerai de phosphate du Sahara occidental fourni par l’OCP.

« De nombreuses entreprises d’engrais ont abandonné les importations de minerai de phosphate extrait par l’OCP sur le territoire en raison du droit international ou des droits de l’homme. Plusieurs investisseurs danois ont exclu de leurs portefeuilles les sociétés d’engrais précédemment impliquées en raison des importations en provenance du territoire », a-t-il ajouté.

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