Dans un nouveau développement de la crise diplomatique entre l’Algérie et le Mali, la radio « France 24 » a rapporté aujourd’hui, jeudi 10 avril 2025, que les deux pays ont envoyé des lettres au Conseil de sécurité des Nations Unies concernant l’incident de l’abattage d’un drone malien après avoir pénétré l’espace aérien algérien à la fin du mois de mars dernier. Ces lettres viennent souligner l’escalade des tensions entre les deux pays suite à cet incident qui a provoqué un large débat, dans un contexte déjà tendu entre l’Algérie et la France, qui préside actuellement le Conseil de sécurité.
Détails initiaux sur l’incident
Selon les sources officielles, l’Algérie a abattu un drone armé dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025 après que celui-ci ait violé son espace aérien d’environ deux kilomètres. Cet incident a marqué un tournant dans les relations entre l’Algérie et le Mali, particulièrement après l’augmentation des discussions sur les incidents militaires dans la région, y compris les activités des drones militaires non habités.
Alors que l’Algérie a officiellement confirmé l’incident, les déclarations maliennes se sont intensifiées, le gouvernement du Mali annonçant le 6 avril son intention de porter plainte auprès des instances internationales compétentes pour protester contre l’abattage du drone. Cependant, la surprise est venue du fait que ni l’Algérie ni le Mali n’ont déposé de plainte formelle, se contentant d’envoyer deux lettres au Conseil de sécurité le 7 avril, sans qu’aucune plainte légale n’y soit incluse.
Les lettres envoyées au Conseil de sécurité : des messages sans plainte légale
Dans ce contexte, « France 24 » cite une source diplomatique au Conseil de sécurité des Nations Unies qui a précisé que « l’envoi des communications officielles concernant l’incident ne constitue en aucun cas une plainte légale ». Cela clarifie que cette démarche n’avait pas pour but un escalade officielle. La même source a ajouté que cet envoi ne dépassait pas la simple transmission de documents informatifs, sans qu’aucune plainte légale ne soit déposée par les deux parties.
Cette explication met en lumière la prudence diplomatique des deux pays dans la gestion de la crise, semblant indiquer qu’ils n’ont pas souhaité prendre des mesures de confrontation directe, cherchant à éviter d’aggraver la situation dans un contexte politique sensible.
Le timing de l’incident et la présidence française du Conseil de sécurité
Il semble que le timing de l’incident ait joué un rôle clé dans le développement de la situation. En effet, l’abattage du drone a coïncidé avec la prise de la présidence du Conseil de sécurité par la France en avril, ce qui a suscité des interrogations sur l’impact de ce timing sur les relations entre l’Algérie et le Mali d’une part, et la France d’autre part. La même source diplomatique a noté qu’ »il semble que les deux pays ne souhaitent pas porter cette question sous la présidence française du Conseil », en référence aux tensions entre l’Algérie et la France, ainsi qu’entre le Mali et la France.
Cette déclaration met en évidence les dimensions diplomatiques plus larges de la crise, certains estimant que cet incident pourrait être lié aux tensions plus larges entre les pays du Sahel et la France, notamment après les tensions croissantes concernant les interventions militaires françaises en Afrique de l’Ouest.
Réactions régionales : tensions croissantes dans le Sahel
Sur le plan régional, la réponse du Mali et de ses alliés du Sahel a été rapide. Le dimanche précédent, le Niger, le Burkina Faso et le Mali ont publié une déclaration commune via l’Union des États du Sahel, affirmant que le drone se trouvait dans l’espace aérien malien au moment de son abattage. Cette déclaration a conduit à des mesures diplomatiques, les trois pays ayant décidé de rappeler leurs ambassadeurs d’Algérie, ce qui a exacerbé la crise entre l’Algérie et les pays du Sahel.
En réponse, le ministère algérien des Affaires étrangères a publié une déclaration fermement formulée, annonçant le rappel de ses ambassadeurs du Mali et du Niger, ainsi que la suspension de l’envoi de son nouvel ambassadeur au Burkina Faso. Cette escalade diplomatique reflète la profondeur des tensions entre l’Algérie et les pays du Sahel, notamment dans le contexte complexe de la région, marqué par des conflits armés et des interventions militaires de puissances internationales.
Répercussions de la crise sur les relations régionales et internationales
Les retombées de cette crise continuent d’affecter les relations régionales entre les pays du Maghreb et du Sahel, soulevant des préoccupations quant à la stabilité de la situation sécuritaire et politique dans la région. De plus, les tensions entre l’Algérie et la France, qui préside actuellement le Conseil de sécurité, pourraient transformer cette affaire en un sujet chaud dans le domaine diplomatique international. Alors que le conflit concernant les mouvements militaires dans la région persiste, les inquiétudes grandissent quant à la possibilité d’une escalade plus importante qui pourrait menacer la sécurité régionale et internationale.
Affaire du drone malien : Le Mali a-t-il vraiment déposé plainte contre l’Algérie à l’ONU ?