La peur est « préjudiciable » à l’exercice du journalisme

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PARIS – Reporters sans frontières (RSF) a indiqué jeudi que son rapport 2019 sur la situation de la presse et des journalistes dans le monde révèle le déclenchement d’une mécanique de la peur « très préjudiciable » à l’exercice serein du journalisme.

Le rapport, qui évalue chaque année la situation du journalisme dans 180 pays et territoires, montre également, selon RSF, que l’hostilité à l’encontre des journalistes « a fini par susciter des passages à l’acte plus graves et plus fréquents, qui provoquent un accroissement des dangers et, de ce fait, un niveau de peur inédit dans certains endroits ».

« Si le débat politique glisse subrepticement ou manifestement vers une ambiance de guerre civile, où les journalistes font figure de victimes expiatoires, les modèles démocratiques sont en grand danger », a expliqué Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.

Pour lui, enrayer cette mécanique de la peur est « une urgence absolue pour les femmes et les hommes de bonne volonté, attachés aux libertés acquises au long de l’histoire ».

Le rapport indique qu’en dépit d’une dégradation « moins importante » cette année de son indice régional, la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord reste celle où il est le « plus difficile » et le « plus dangereux » pour les journalistes d’exercer leur profession.

« Même si le nombre de journalistes tués en 2018 en Syrie (174e, +3) a légèrement diminué, le pays, tout comme le Yémen (168e, -1) reste extrêmement dangereux pour eux », a-t-il précisé. Dans ce tableau, le rapport mentionne que seule la Tunisie fait figure d’exception (72e, +25) et enregistre une baisse notable du nombre d’exactions, alors que le Maroc stagne à la 135e place et l’Algérie passe de la 136e à la 141e place.


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Selon le rapport, l’Afrique enregistre la « plus faible » dégradation régionale de l’édition 2019 du classement RSF.

Au plan mondial, la Norvège conserve pour la troisième année consécutive sa place de premier, tandis que la Finlande (+2) retrouve sa deuxième position, au détriment des Pays-Bas (4e, -1), où deux reporters spécialistes du crime organisé sont contraints de vivre sous protection policière permanente.

Seulement 24 % des 180 pays et territoires analysés affichent une situation « bonne » ou « plutôt bonne » contre 26 % l’année dernière, note RSF, qui indique que les Etats-Unis (48e), un climat toujours « plus hostile » s’est installé au-delà des propos du président Donald Trump.

En général, poursuit le rapport, « menaces, insultes et agressions font désormais partie des +risques du métier+ de journaliste dans de nombreux pays », soulignant que dans ce « climat d’hostilité généralisée, il faut du courage pour continuer à enquêter sur la corruption, l’évasion fiscale ou le crime organisé ».

Publié chaque année depuis 2002 à l’initiative de RSF, le Classement mondial de la liberté de la presse permet d’établir la situation relative de 180 pays et territoires en matière de liberté d’information, rappelle-t-on.

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