La France pourrait être obligée de mener « une lutte meurtrière » au Sahel

La France pourrait être obligée de mener

WASHINGTON – La France pourrait être amenée à mener « une lutte meurtrière » au Sahel pour préserver ses intérêts politiques et économiques dans la région avec la recrudescence de la menace terroriste, estime le cabinet de renseignement américain Stratfor.

Selon une analyse publiée mercredi par ce prestigieux cabinet privé, Paris semble pour le moment se garder de s’impliquer davantage dans le bourbier sahélien mais sera obligé de changer de stratégie et d’intensifier sa présence militaire « si des attaques ciblent la Côte d’Ivoire ou des pays de l’Afrique de l’Ouest ».

« La France et ses alliés devraient encore se préparer à une lutte plus meurtrière au Sahel afin de protéger les intérêts politiques et économiques de Paris dans la région », affirme Stratfor.

Le cabinet de renseignement relève que « l’incapacité de la France et d’autres acteurs étrangers à contribuer à la stabilisation du Sahel », où la situation devient de plus en plus précaire, a fait de cette région « une destination particulièrement captivante » pour les extrémistes.

Il explique que la présence croissante d’extrémistes armés dans le nord du Mali et au Burkina Faso pourrait entraîner une recrudescence des attaques et des enlèvements en Afrique de l’Ouest, à mesure que ces groupes terroristes élargissent leur présence vers le sud.

Une telle augmentation des activités terroristes au Ghana et en Côte d’Ivoire pourrait éventuellement amener les alliés occidentaux qui ont des intérêts dans ces pays à « renforcer leurs efforts de lutte contre le terrorisme ».

La France, par exemple, a maintenu des liens économiques et politiques étroits avec la Côte d’Ivoire, son ancienne colonie, où des dizaines de milliers de citoyens français s’y rendent chaque année ce qui représente aussi une source importante de revenus pour le gouvernement ivoirien, rappelle Stratfor.

La Côte d’Ivoire reste également une cible privilégiée pour les terroristes de la région comme l’atteste l’attaque 2016 qui a ciblé la station balnéaire de Grand Bassam, à une trentaine de kilomètres d’Abidjan.

 

Signes de contagion

 

Selon Stratfor, certains indices laissent croire qu’une vague de combattants terroristes commence à s’infiltrer dans l’Afrique de l’Ouest, ce qui pourrait avoir des conséquences dramatiques sur certaines économies les plus prospères du continent, comme celles de la Côte d’Ivoire et du Ghana, mais aussi sur la France, leur principal allié militaire.

La Côte d’Ivoire et son voisin oriental le Ghana ont fait part de leur préoccupation face aux « déboires du Burkina Faso », intensifiant leurs efforts en matière de sécurité et de renseignement.

Mais sur le terrain, la région est toujours dépourvue d’un mécanisme efficace pour faire face à ces menaces sécuritaires. La force conjointe G5 Sahel est toujours plombée par ses difficultés financières et opérationnelles la rendant « inefficace », constate l’analyse.

Dans le même temps, les efforts multinationaux pour investir dans les économies de la région, en perte de vitesse, « restent insuffisants ou inexistants ».

Compte tenu de l’échec des efforts régionaux et internationaux visant à stabiliser la région, des groupes extrémistes, tirent avantage de la situation et exploitent l’absence de l’Etat et le vide sécuritaire dans le vaste nord du Mali pour étendre leurs attaques au Burkina Faso, souligne l’analyse.

Au cours des dernières années, la sécurité dans plusieurs provinces burkinabés, en particulier celles situées près de la frontière malienne, est passée de précaire à extrêmement dangereuse avec la multiplication des attaques terroristes contre les écoles, les postes frontaliers et les forces de sécurité.

Stratfor précise que l’évolution de la dynamique du terrorisme internationale suite à l’offensive militaire contre l’organisation terroriste autoproclamée Etat Islamique (EI/Daech) en Syrie et en Irak, devrait pousser les groupes extrémistes à se concentrer sur l’Afrique subsaharienne.

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