La bataille d’Aït Yahia Moussa: une épopée de la Révolution algérienne

TIZI-OUZOU – La bataille d’Ait Yahia Moussa (30 km au sud de Tizi-Ouzou) qui a eu lieu le 6 janvier 1959 à Vouguerfene, est une épopée de la Guerre de libération nationale qui témoigne du courage et de la bravoure des moudjahidine, armés de la foi en la justesse de leur combat pour libérer l’Algérie du joug colonial français.

L’arsenal mobilisé par l’armée coloniale n’a pas eu raison du courage et de la détermination des moudjahidine de l’Armée de libération nationale (ALN), selon les témoignages de rescapés de cette « terrible et infernale bataille ».

Des témoignages d’ancien moudjahidine de la région rapportent que « l’avantage numérique et le suréquipement de l’ennemi ne suffisaient pas devant le courage et la détermination des moudjahidine qui étaient beaucoup moins nombreux ».

L’horreur de cette bataille apocalyptique ou le napalm, une arme incendiaire interdite, a été utilisé, face au courage des moudjahidine nourri par leur foi inébranlable en la justesse de leur cause, un évènement gravé dans la mémoire des habitants de la région.

Tout a commencé le 5 janvier 1959, alors que la région d’Ait Yahia Moussa se préparait à abriter une importante réunion de coordination qui devait regrouper, au domicile de Krim Belkacem au village Thizra Aissa, des responsables de l’ALN dont les colonels Amirouche (wilaya III historique), M’hamed Bougara (wilaya IV) et Si El Houes (wilaya VI).

L’armée coloniale qui a eu vent de la tenue de cette réunion, a voulu saisir l’occasion pour capturer les responsables de l’ALN. Pour ce faire, l’ennemi a commencé à acheminer des troupes et des armes vers la zone supposée abriter la réunion.

Les témoignages recueillis par l’APS auprès des anciens moudjahidine Rabah Bendif et Chettabi Hocine, rescapés de la bataille de Vouguerfene et aujourd’hui décédés (le premier en 2022 le second en 2020), font état de plusieurs milliers de soldats armés jusqu’aux dents et appuyés par l’artillerie et l’aviation, dépêchés à Ait Yahia moussa.

L’arrivée des troupes coloniales a été signalée par les sentinelles de l’ALN présentes sur les crêtes entourant Ait Yahia Moussa, dans l’après-midi du 5 janvier 1959. Des rapports sur un important mouvement de soldats de l’armée coloniale vers Ait Yahia Moussa, ont été transmis à l’ALN.

Des hélicoptères de type H21, appelés « Bananes », ont été utilisés pour transporter sur les crêtes dont Iâllalen, des éléments de reconnaissance qui, avaient pour mission de repérer les moudjahidine, de signaler leurs positions avant de se replier pour laisser place aux bombardements de l’artillerie à partir des camps de Tazrout, Timzrit et Cantina, et à l’aviation.

Le 6 janvier, à l’aube, a eu lieu le premier accrochage au village Tizra Aissa. Vers 10h du matin, une dizaine d’avions T6 font leur apparition et commencent à déverser des bidons de napalm, des roquettes et à balayer la région par des tirs de mitrailleuses 12/7.

Le témoignage de feu Chettabi Hocine, qui était alors ancien chef de front, et qui avait été brûlé au napalm lors de cette bataille, rapporte que son chef militaire, le lieutenant Mohand Oulhadj de Tafoughalt (zone IV), avait donné l’ordre à sa compagnie d’engager un combat au corps afin d’éviter l’intervention de l’artillerie et de l’aviation.

 

Panique côté français après l’élimination du capitaine Graziani

 

Vers 15h, un chef de bataillon, le capitaine Jean Graziani, a été tué par les moudjahidine. Celui-ci avait sur lui un poste émetteur pour communiquer avec les dirigeants de l’opération. L’arrêt de la transmission a semé la panique au sein de l’ennemi qui a aussitôt recouru à l’utilisation du napalm.

Le sinistre Jean Graziani, capitaine des paras tué par Rekam El Hocine, dans un corps à corps, a fait croire à l’ennemi que tout le bataillon a été éliminé, d’ou le recours au napalm. Les bombardements et les tirs à l’artillerie s’intensifièrent alors aveuglément, au point où l’ennemi prit pour cibles ses propres éléments qu’il ne distinguait plus des moudjahidine, selon les mêmes témoignages.

Les troupes françaises commandées par le général Jacques Faure, de la 27e division de l’infanterie Alpine, avaient engagé dans cette bataille plus de 32.000 hommes, dont 10 bataillons et un commando spécialisé des grottes.

Côté ALN, quatre (4) compagnies, (Djurdjura, Maatkas, Ait Yahia Moussa et Lakhdharia), totalisant plus de 600 moudjahid et un groupe commando de la zone autonome de Tizi-Ouzou, composé de 25 hommes menés par Moh Djerdjer Mitiche, étaient engagés dans le combat.

Malgré cette inégalité des forces engagées sur le terrain, les moudjahidine ont écrit, avec leur résistance qui a dérouté l’ennemi et lui a infligé de lourdes pertes, l’une des plus belles pages de la guerre de libération nationale.

Les pertes dans le camp de l’ennemi s’élevaient à plus de 400 soldats français et deux officiers, le capitaine Jean Graziani et le lieutenant Jean Chassin, tués.

 

 

 

 

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