La bataille d’Achedhadh n’Tzibert, ou quand des villageois faisaient battre en retraite des troupes coloniales

TIZI-OUZOU – Il y a 166 ans, le 27 juin 1857, des troupes coloniales françaises en provenance de Bejaia dans la perspective d’installer un camp au col de Chellata, à plus de 1.400 mètres d’altitude, entre Tizi-Ouzou et Bejaïa, battaient en retraite après une cuisante défaite infligée par des villageois mobilisés par des tribus de la région qui s’étaient unies pour repousser l’ennemi, lors de la fameuse bataille d’Achedhadh n’Tzibert.

C’était un samedi, selon des documents historiques rapportant les événements de ce 27 juin 1857, remis à l’APS par des descendants des villageois ayant pris part à cette glorieuse bataille. Les habitants des villages Mzeguene et Ath Laaziz, qui ont été informés de l’avancée des troupes françaises, à partir d’Akbou (Bejaia), décidèrent d’empêcher cette « expédition ».

Après avoir fait l’inventaire des hommes en âge de combattre et des armes disponibles, armes fabriquées localement par des armuriers locaux dont Agougam Amghar, les habitants de Mzeguene (à 600 mètres environ du col de Chellata) sollicitèrent l’aide des âarouch voisins pour repousser les colonisateurs.

Les tribus d’Ath Ziki, Ath Idjeur, Ath Yetsouragh, Ath Mlikech et celle d’Illoulen (dont dépendent les villages Mzeguene et Ath Laaziz), avaient répondu favorablement en mobilisant et en envoyant des hommes armés vers le col de Chellata. Ces hommes armés étaient dirigés par sept chefs de guerre dont l’armurier Agougam Amghar et Youcef Ath Mesbah du village Mzeguene.

La bataille a eu lieu à Achedhadh n’Tzibert, qui surplombe le col de Chellata. « La division du général Maissiat était à peine installée dans son camp de Chellata que ses avant-postes avaient à lutter contre de nombreux tirailleurs fournis par les tribus voisines », selon la documentation remise à l’APS.

« Cette bataille qui a opposé les six tribus aux forces d’occupation françaises, a duré toute la matinée et les soldats français ont dû battre en retraite vers 14 heures, après avoir essuyé de lourdes pertes », rapporte la même source.

Ne s’attendant pas à une telle résistance mais surtout ne digérant pas une telle défaite, l’armée coloniale a pris la décision, comme à son accoutumé, de se venger contre les villageois et de brûler les deux villages qui ont tenu tête à ses troupes, Mzeguene et Ath Laaziz.

Pensant qu’après les avoirs repoussés, les habitants de cette région montagneuse allaient baisser leur vigilance, les troupes ennemies revinrent à la charge le 29 juin. A 5 heures du matin, ils s’attaquèrent au village Mzeguene, situé à 600 mètres du lieu de la bataille et lancèrent l’opération visant sa destruction.

Mais les villageois étaient aux aguets et les attendaient de pied ferme.

L’opération a rencontré une forte résistance des villageois qui ont barricadé l’entrée principale du village et posté des hommes partout pour défendre leur hameau qui comptait à l’époque environ 200 âmes.

Six autres barricades ont été placées sur la route principale du village Mzeguene pour freiner l’avancée des Français et donner le temps aux villageois de fuir vers le village Ath Laaziz, situé 3 km plus loin.

Mzeguene fût ainsi détruit.

« Les villageois qui luttaient avec acharnement, étaient embusqués en force dans les ravins et ouvraient un feu nourri et meurtrier », notait également le même document. Des témoignages transmis de génération en génération et selon ce qui a été rapporté à l’époque concernant cette bataille, soulignent que les vaillants combattants du village avaient réussi à abattre trois capitaines et à blesser plusieurs soldats et zouaves.

Un bilan qui s’ajoute à celui de la bataille d’Achedhadh nTzibert faisant état de plusieurs soldats tués et de nombreux blessés parmi les troupes ennemies, dont le lieutenant Geney et les canonniers Gasc, Cormerie etBarreau.

 

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