Izirwel (Bouira), théâtre d’une féroce bataille de l’ALN contre l’ennemi en mai 1958

BOUIRA – Izirwel, un lieu historique situé au pied du mont Lalla Khedidja, sur les hauteurs du Djurdjura et à l’est de l’actuelle Bouira, était le théâtre d’une âpres bataille menée fin mai 1958 par la 1ère compagnie de choc de l’Armée de libération nationale (ALN).

C’est autour de cette bourgade inaccessible surplombant le village Iwaqquren (M’Chedallah), où deux groupes de la 1ère compagnie de l’ALN de la région 4 relevant de la wilaya III historique, ont mené leur combat contre les forces coloniales qui effectuaient une vaste opération de ratissage lancée au lendemain de l’embuscade qui leur a été tendue par les moudjahidine à Tikjda.

L’ancien moudjahid, Mhand Ouchen, de son vrai nom Hammad M’hand, ayant pris part à cette bataille, l’a qualifiée d’ »historique » et qui, a-t-il dit, « a démontré le courage et la détermination de nos combattants au sein de l’ALN ».

Malgré ses 84 ans et la dégradation de son état de santé, le moudjahid Hammad dit garder à ce jour l’ampleur et l’horreur de la bataille qui a duré presque deux jours. « Ce jour là, nous étions contraints de prendre position autour et à l’intérieur du lieu-dit Izirwel pour attendre l’ennemi qui lançait un vaste ratissage visant à tuer ou capturer les auteurs de l’embuscade de Tikjda, à laquelle a participé notamment Amed Baâzouz, Oulahlou et d’autres moudjahidine qui formaient un groupe de commandos », s’est-il rappelé.

Ils étaient plus de 200 moudjahid répartis en groupes sur les lieux des combats, avant que des accrochages éclatent simultanément vers 11h et dans plusieurs endroits, surprenant les soldats ennemis qui venaient d’arriver sur les hauteurs de Saharidj (Est de Bouira), selon son témoignage.

« Les troupes ennemies ont été prises au piège, ne s’attendant pas à ce que notre nombre soit important. Nous les avions surprises sur le terrain que nous connaissions bien », se souvient encore cet ancien Moudjahid, originaire d’Ath Hemmad (Saharidj).

Dans ses mémoires, l’historien et chercheur, le défunt Ali Amrani, a souligné que cette bataille « était l’une des plus célèbres et plus féroces » réussies par l’ALN en raison des lourdes pertes causées à l’ennemi.

S’appuyant sur les témoignages d’anciens moudjahidine, à l’image d’Ahmed Bazouche, dit Ahmed Oubaâzouz, et Kaci Ouaâvache, l’historien Amrani a retracé les faits de cette bataille qui s’est déroulée dans cette région difficile d’accès.

C’est dans la nuit du 28 au 29 mai 1958 que les deux groupes de la 1ère compagnie de choc de l’ALN ont décidé de se rejoindre au village Imezdurar pour se diriger ensemble par la suite vers Thala Rana et rallier Ighil-Hammad où ils font jonction avec la compagnie de la région 4.

 

Une bataille menée avec courage et bravoure par l’ALN

 

Aissa Blindé, l’un des officiers de la compagnie de la 4ème région, prend alors les destinées de la prestigieuse compagnie de choc, katiba 322, et succéda au chahid Si Lahlou, tombé au champ d’honneur suite à l’accrochage ayant suivi l’embuscade de Tikjda.

L’officier Aissa Blindé et Said Afdhis se réunissent avec les cadres des deux groupes de la compagnie en conseil de guerre et la décision d’affronter l’ennemi à Izirwel a été prise. Les deux katibates regagnent immédiatement les lieux avant l’occupation de ce site stratégique par l’armée coloniale qui se déployait dans la région.

Le lieu a été choisi pour toutes les garanties de la sécurité et de la victoire qu’il offrait. Sa cédraie, constituée de grands arbres très denses, formait un abri naturel qui mettra à couvert les moudjahidine contre l’artillerie et les bombardements des avions, comme le précisent d’anciens moudjahidine.

L’officier Aissa Blindé plaça lui-même ses quelque 200 hommes le long de la lisière en choisissant les emplacements de tirs appropriés pour les mitrailleuses 30 et en occupant les crêtes et les points névralgiques du champ de bataille. Ainsi, toutes les dispositions pour recevoir l’ennemi sont prises et commence alors l’attente.

Le 29 mai, une opération de recherche et de ratissage fut lancée par les forces ennemies sur tout le versant ouest du Djurdjura, de Tikjda à Ighzer Iwaqquren et qui démarre la nuit même de l’embuscade de Tikjda en mobilisant plus de 30.000 hommes.

Les troupes de l’ennemi font mouvement sur la montagne près du village Iwaqquren, ils arrivent vers 10h aux abords d’Izirwel où ils ont pris position. Quand l’unité de l’ennemi avançat vers la source, elle fut attaquée par les moudjahidine. Dès les premières rafales, les soldats s’affaissaient les uns derrière les autres sous une avalanche de projectiles. Les forces ennemies ont été contraintes de se retirer.

Le Moudjahid Hammad affirme que les forces ennemies ont subi beaucoup de pertes, dont des officiers, précisant que personne ne connait le chiffre exact de leurs morts, mais qu’ils étaient « très nombreux ».

Il souligne aussi que les unités de l’ALN ont perdu 18 de leurs éléments tombés au champ d’honneur lors de cette bataille qui témoigne de combats menés avec courage et bravoure par les unités de l’ALN dans cette région.

 

 

 

A lire également

Lire également