ALGER- Les manifestations ont regagné en intensité dans le sud de l’Irak et la capitale Baghdad dimanche, où les protestataires, indignés par la lenteur des réformes, ont bloqué les autoroutes et les ponts.
Les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui ont riposté en lançant des pierres. Les affrontements ont fait au moins dix blessés, dont des policiers, selon une source médicale.
De nombreux manifestants se sont également rassemblés à Najaf, au sud de Baghdad, et également au niveau des villes de Diwaniya, Kout, Amara et Nassiriya, dans le sud, où la plupart des bureaux gouvernementaux, des écoles et des universités ont été fermés pendant des mois.
Les manifestants réclament des élections anticipées sur la base d’une loi électorale réformée, un nouveau Premier ministre pour remplacer l’actuel chef du gouvernement démissionnaire Adel Abdel Mahdi et demandent aussi des comptes à tous les fonctionnaires jugés « corrompus ».
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Les manifestants ont publiquement rejeté les noms circulant comme remplaçants possibles à M. Abdel Mahdi, et sont furieux que d’autres mesures de réforme de grande envergure n’aient pas été mises en œuvre.
« Nous avons commencé aujourd’hui à intensifier notre mouvement parce que le gouvernement n’a pas répondu à nos demandes, notamment en formant un cabinet indépendant qui pourrait sauver l’Irak », a déclaré Haydar Kadhim, un manifestant de Nassiriya. « Lundi dernier, nous leur avons donné un délai de sept jours », ajoutant que cette échéance « se termine ». La veille, des heurts avec la police anti-émeute irakienne, ont éclaté lorsque des manifestants ont tenté de traverser le pont Senek dans le centre de la capitale irakienne, qui relie les deux rives du Tigre, avant d’être repoussés par les forces de l’ordre, a indiqué une source de sécurité, ajoutant que les forces de sécurité ont tiré du gaz lacrymogène et un manifestant a été heurté au torse par une grenade, le tuant.Une source médicale a elle indiqué que 24 autres personnes ont été blessées dans les affrontements ou ont souffert de problèmes respiratoires.
Depuis le 1er octobre dernier, un vaste mouvement de contestation où près de 460 personnes ont été tuées et plus de 25.000 blessées, dénonce les dirigeants irakiens, que les protestataires accusent d’être des « incompétents » et des « voleurs » dans le douzième pays le plus corrompu au monde, selon Transparency International.
Les manifestations « éclipsées » par les tensions Téhéran-Washington
Les rassemblements pour réclamer une refonte du système au pouvoir qui secouent l’Irak depuis début octobre, ont toutefois jugé que leur révolte contre la classe politique avait été « éclipsée » ces dernières semaines par la flambée des tensions entre l’Iran et les Etats-Unis.
Des milliers de manifestants sont descendues vendredi dernier dans les rues pour dénoncer la corruption et relancer leur mouvement de protestation. Sur la place Tahrir de Baghdad, comme dans plusieurs villes du sud du pays, ils défilaient au cri de « Non à l’Iran. Non à l’Amérique ».
De son côté, le leader chiite irakien Moqtada Sadr a appelé mardi, à une large manifestation pour dénoncer la présence américaine en Irak, dont le Parlement a réclamé le départ des forces étrangères, déplorant sur Tweeter, que « le ciel de l’Irak et sa souveraineté sont violés par les forces envahissantes », et ce, en allusion aux Etats-Unis qui ont tué le général iranien Qassem Soleimani à Baghdad, ainsi que le numéro deux de la force irakienne du Hachd al-Chaabi, Abou Mehdi al-Mohandis.
Moqtada Sadr a appelé à une « révolte irakienne » et à une « manifestation pacifique d’un million de personnes contre la présence américaine et ses violations », sans donner de date à ce rassemblement.
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Cet appel intervenait dans un contexte de manifestations populaires lancées en octobre contre les autorités irakiennes, accusées d’être « incompétentes et corrompues » par les protestataires, et contre l’Iran, à l’influence grandissante en Irak.
Deux jours après, les autorités irakiennes ont démenti des informations faisant état de la reprise des opérations militaires américaines communes avec l’Irak, interrompues après la mort du général iranien tué le 3 janvier dans une frappe américaine à Baghdad.
Depuis fin octobre, des dizaines de roquettes ont été tirées sur des bases irakiennes abritant des soldats américains, tuant le 27 décembre un sous-traitant américain. Les Etats-Unis ont accusé des factions armées irakiennes pro-Iran d’être à l’origine de ces tirs.
En représailles, les Etats-Unis ont bombardé le 29 décembre des bases irakiennes à la frontière syrienne, tuant 25 combattants du Hachd al-Chaabi, une coalition de paramilitaires intégrée aux troupes irakiennes.L’escalade a ensuite atteint un niveau inédit, avec l’attaque américaine contre Soleimani et al-Mouhandis.
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