Impact du Covid-19: la presse sportive algérienne touchée de plein fouet - Algérie

Impact du Covid-19: la presse sportive algérienne touchée de plein fouet

Impact du Covid-19: la presse sportive algérienne touchée de plein fouet

ALGER- Réduction du nombre de pages et du tirage, effectif diminué, grille de programmes TV chamboulée : la presse sportive algérienne, écrite et audio-visuelle, n’a pas été épargnée par la pandémie de nouveau coronavirus (Covid-19), se trouvant souvent devant un véritable casse-tête pour offrir aux fidèles un produit consistant et de qualité.

Avec la suspension des différentes compétitions sportives, décidée par les pouvoirs publics depuis le 16 mars, les journalistes sportifs algériens se sont retrouvés dans une situation embarrassante avec la hantise de lendemains incertains en raison de circonstances inhabituelles.

Le contexte exceptionnel dans lequel se retrouvent les médias sportifs n’est pas propre à l’Algérie. En Europe, certains journaux et chaînes de télévision sportives ont trouvé au début les pires difficultés pour s’adapter en l’absence d’événements, avant que certains pays tels que l’Allemagne, l’Espagne, l’Angleterre ou encore l’Italie, ne décident de relancer leur championnat, permettant à leurs médias, tous supports confondus, de retrouver un tant soit peu leur rythme d’avant.

En Algérie, rien n’a encore été décidé, même si le ministère de la Jeunesse et des Sports a annoncé jeudi ne pas autoriser « pour le moment » la reprise des compétitions sportives, dont les différents championnats footballistiques. De quoi prolonger l’inquiétude des gens des médias.

« La suspension du championnat a provoqué un manque flagrant de matière, il y a eu des conséquences majeures sur l’ensemble de la presse sportive.

C’est une véritable paralysie qui a provoqué notamment la réduction, de moitié, de la publicité et du nombre de pages. C’est une crise à laquelle on doit faire face actuellement », a déclaré à l’APS Djamel Touafek, directeur de la rédaction du quotidien Info Sport.

En dépit de « cette crise que personne n’attendait », Touafek a tenu à préciser que le journal continue toujours d’assurer les salaires de son personnel, tout en appelant les pouvoirs publics à venir en aide à la presse en général.

« Du moment que l’Etat a décidé d’aider financièrement plusieurs métiers en cette pandémie, il doit également soutenir la presse nationale, dont la plupart souffre le martyre. L’impact économique est important, les ventes ont diminué, c’est l’effet domino où tout le monde a été touché de plein fouet ».

 

Impact « énorme » et crise « palpable »

 

Ali Hamouche, rédacteur en chef du quotidien Le Buteur, a relevé l’obligation de s’adapter à cette « situation exceptionnelle », soulignant qu’une série de mesures ont été prises.

« Nous avons réduit le nombre de pages et le tirage d’exemplaires. Le contexte actuel nous a contraints à couvrir l’actualité des principaux clubs uniquement. Les correspondants qui suivaient les formations des

divisions inférieures ont été priés de cesser provisoirement leur collaboration, c’est un cas de force majeure, tandis que les journalistes permanents ont été invités à apurer leurs congés, en l’absence de matière et d’activités », a-t-il expliqué.

Tout en évoquant « un impact économique énorme et une crise palpable », Ali Hamouche a estimé que la situation a engendré un manque de lectorat : « Les gens ne lisent pratiquement plus, ils sont plutôt branchés sur l’actualité liée au Covid-19 et les mesures entreprises par l’Etat pour faire face à la pandémie, notamment sur le plan économique. Le football est en quelque sorte relégué au second plan ».

Avant de poursuivre : « La reprise des différents grands championnats européens, où évoluent certains de nos internationaux, nous a permis de retrouver un semblant de rythme de travail et donc une matière pour meubler cette période creuse ».

Le premier responsable de la rédaction du Buteur a estimé qu’un « retour à la normale est tributaire de la reprise de la compétition, attendue avec impatience, en cette période estivale, marquée d’habitude par les transferts de joueurs, des entraîneurs et les stages de préparation ».

A l’instar de son confrère Djamel Touafek, Ali Hamouche n’a pas omis de lancer « un appel aux autorités, notamment le ministère de la Communication, premier responsable du secteur, pour aider la presse algérienne en cette période de crise qui a secoué l’ensemble des journaux sans exception ».

La chaîne de télévision El-Heddaf TV, unique canal dédié au foot dans le champ médiatique algérien, n’a pas été épargnée par la pandémie de Covid-19. Pour Redouane Bouhanika, rédacteur en chef de cette chaîne et présentateur de l’émission « Belmekchouf », « l’impact a été énorme ».

« Meubler notre grille est devenu chose très difficile. La suspension du championnat national et l’absence d’activités nous a poussés à diffuser des programmes d’autres disciplines comme le tennis et l’athlétisme, alors que la chaîne est dédiée exclusivement au football », a-t-il expliqué.

Egalement responsable du quotidien El-Heddaf, Bouhanika a indiqué que le journal a été dans l’obligation de procéder à une réorganisation afin de s’adapter à cette situation « exceptionnelle ».

« Le tirage a été sensiblement réduit. Nous sommes passés de 50.000 exemplaires à 6000. L’impact de la pandémie a été énorme pour nous. Nous avons aussi réduit automatiquement notre effectif, la plupart des journalistes ont été priés d’épurer leurs congés, mais je tiens à signaler qu’aucun élément n’a été licencié. Le journal El-Heddaf Eddouali (réservé exclusivement au foot international, ndlr) a cessé de paraître, nous l’avons fusionné provisoirement avec le quotidien El-Heddaf, en attendant de jours meilleurs ».

 

« Donner le meilleur et le plus important »

 

Pour Smaïl Mohamed Amokrane, journaliste au quotidien Compétition, la conjoncture difficile que traverse la presse sportive nationale implique la nécessité d’offrir au lecteur le contenu « le plus important », comme conséquence du passage d’une édition 24 pages à 16.

« Nous essayons de donner le meilleur et le plus important, déjà c’est la règle d’or en journalisme. Le souhait de tout le monde est un retour de l’activité sportive, comme cela a été le cas en Europe, et bientôt en Tunisie et au Maroc. Les journalistes sportifs sont étroitement liés aux conséquences de la crise sanitaire ayant touché clubs et joueurs ».

Spécialisé dans l’actualité de l’équipe nationale et de ses joueurs, Smaïl Mohamed Amokrane a relevé la difficulté de recueillir des informations de certains « grands » clubs de l’élite en cette période d’arrêt du championnat.

« Pour moi qui traite souvent les informations relatives aux joueurs internationaux évoluant à l’étranger, il y a toujours quoi écrire. En revanche, concernant l’actualité des clubs locaux, mes collègues et confrères souffrent beaucoup, ce n’est pas évident aujourd’hui de recueillir des informations de la JS Kabylie ou du MC Alger par exemple, deux clubs à qui on réserve d’habitude deux pages chacun ».

A l’instar des autres journaux, Compétition a été obligé de prendre des mesures pour amortir l’impact de la pandémie. « Nous étions obligés de passer de 24 à 16 pages, sans parler de la réduction du nombre du tirage.

L’ensemble des journaux ne pouvaient pas préserver la même cadence, l’impact économique a été énorme. Les gens ne lisent pas comme avant, d’autant qu’il s’agit d’une période difficile ».

Avant de poursuivre : « Parmi les mesures prises par la direction de Compétition, celle de rompre provisoirement la relation de travail avec les collaborateurs, en plus d’un congé de 15 jours forcé (reliquat avec solde, ndlr) pour les journalistes qui ont fait preuve de solidarité face à l’impact économique ».

l’image de La Dépêche de Kabylie, qui ont dû mettre la clé sous le paillasson.

Nous sommes de tout coeur avec ces journalistes qui se sont retrouvés du jour au lendemain au chômage ».

 

A lire également

Lire également